Aliénation

1955/56 - Les psychoses - 230 - [psychose] Supposons pour le sujet (...) l'impossibilité d'assumer la réalisation du signifiant père au niveau symbolique. Que lui reste-t-il ? Il lui reste l'image à quoi se réduit la fonction paternelle. C'est une image qui ne s'inscrit dans aucune dialectique triangulaire, mais dont la fonction de modèle, d'aliénation spéculaire, donne tout de même au sujet un point d'accrochage - Dans la mesure où le rapport reste sur le plan imaginaire, duel et démesuré, il n'a pas la signification d'exclusion réciproque que comporte [dans le meilleur des cas] l'affrontement spéculaire, mais l'autre fonction, qui est celle de la capture imaginaire. - 231 - L'image prend en elle-même et d'emblée la fonction sexualisée, sans avoir besoin d'aucun intermédiaire, d'aucune identification à la mère ni à qui que ce soit. Le sujet adopte alors cette position intimidée que nous observons chez le poisson ou le lézard. - L'aliénation est ici radicale, elle n'est pas liée à un signifié néantisant (...) mais à un anéantissement du signifiant. - [D'où ces compensations, parfois, sous forme d'] identifications purement conformistes à des personnages qui lui donneront le sentiment de ce qu'il faut faire pour être un homme. - [jusqu'à ce que ces compensations, "béquilles imaginaires", elles-mêmes lâchent.] -

1964 - Les quatre concepts… - 188 - Tout surgit de la structure du signifiant. Cette structure se fonde de ce que j'ai d'abord appelé la fonction de la coupure, et qui s'articule maintenant, dans le développement de mon discours, comme fonction topologique du bord. La relation du sujet à l'Autre s'engendre tout entière dans un processus de béance. - Ce processus est circulaire, mais, de sa nature, sans réciprocité. Pour être circulaire, il est dissymétrique. - Le signifiant se produisant au champ de l'Autre fait surgir le sujet de sa signification. Mais il ne fonctionne comme signifiant qu'à réduire le sujet en instance à n'être plus qu'un signifiant, à le pétrifier du même mouvement où il l'appelle à fonctionner, à parler, comme sujet. - 189 - Là est proprement la pulsation temporelle où s'institue ce qui est la caractéristique du départ de l'ics comme tel - la fermeture. - [Terme de Jones : l'aphanisis] Jones, qui l'a inventée, l'a prise pour quelque chose d'assez absurde, la crainte de voir disparaître le désir. Or l'aphanisis est à situer d'une façon plus radicale au niveau où le sujet se manifeste dans ce mouvement de biparition que j'ai qualifié de léthal. D'une autre façon encore, j'ai appelé ce mouvement le fading du sujet. - L'erreur piagétique (...) est une erreur qui gît dans la notion de ce qu'on appelle le discours égocentrique de l'enfant, défini comme stade où il manquerait (...) la réciprocité. La réciprocité est bien loin de l'horizon de ce qui doit nous nécessiter à ce moment-là, et la notion du discours égocentrique est un contre-sens. L'enfant (...) ne parle pas pour lui, comme on le dit. Sans doute, il ne s'adresse pas à l'autre, si on utilise ici la répartition théorique qu'on nous déduit de la fonction du je et du tu. mais il faut qu'il y en ait d'autres là [des enfants, par exemple] (...) ils ne s'adressent pas à tel ou tel, ils parlent, si vous me permettez le mot, à la cantonade. - Nous retrouvons donc ici la constitution du sujet au champ de l'Autre - Si on le saisit dans sa naissance au champ de l'Autre, la caractéristique du sujet de l'ics est d'être, sous le signifiant qui développe ses réseaux, ses chaîne et son histoire, à une place indéterminée. - 214 - L'aliénation est liée de façon essentielle à la fonction du couple des signifiants. - à savoir que le signifiant est ce qui représente le sujet pour l'autre signifiant. D'où il résulte qu'au niveau de l'autre signifiant [S2], le sujet s'évanouit. - cf. schéma p.215 - 216 - [Fort-da] Dans les deux phonèmes, s'incarnent les mécanismes proprement de l'aliénation - qui s'expriment (...) au niveau du fort. Pas de fort sans da et, si l'on peut dire, sans Dasein. - Mais justement (...) il n'y a pas de Dasein avec le fort . Cad qu'on n'a pas le choix. Si le petit sujet peut s'exercer à ce jeu du fort-da, c'est justement qu'il ne s'y exerce pas du tout, car nul sujet ne peut saisir cette articulation radicale. Il s'y exerce à l'aide d'une petite bobine, cad avec l'objet "a". La fonction de l'exercice avec cet objet se réfère à une aliénation, et non pas à une quelconque et supposée maîtrise.

1964 - Position de l'inconscient - 840-844 - les deux opérations fondamentales où il convient de formuler la causation du sujet. Opération qui s'ordonnent à un rapport circulaire, mais pour autant non-réciproque. La première, l'aliénation, est le fait du sujet. - Prenons pour origine cette donnée qu'aucun sujet n'a de raison d'apparaître dans le réel, sauf à ce qu'il y existe des êtres parlants. - Le registre du signifiant s'institue de ce qu'un signifiant représente le sujet pour un autre signifiant. C'est la structure, rêve, lapsus et mot d'esprit, de toutes les formations de l'ics. Et c'est aussi celle qui explique la division originaire du sujet. Le signifiant se produisant au lieu de l'Autre non encore repéré, y fait surgir le sujet de l'être qui n'a pas encore la parole, mais au prix de le figer. Ce qu'il y avait là de prêt à parler (...) disparaît de n'être plus qu'un signifiant. - Que l'Autre soit pour le sujet le lieu de sa cause signifiante, ne fait ici que motiver la raison pourquoi nul sujet ne peut être cause de soi. - L'aliénation réside dans le division du sujet que nous venons de désigner dans sa cause. - cette structure est celle d'un vel [principe en mathématiques de la réunion] - Cette réunion est telle que le vel que nous disons d'aliénation n'impose un choix entre ses termes qu'à éliminer l'un d'entre eux - [style:] "la bourse ou la vie" (...) "la liberté ou la mort".