Demande

1953/54 - Les écrits techniques de Freud - 275 - [R. P. Beirnaert, commentant St Augustin : Interrogation d'Augustin à son fils - Qu'est-ce que nous voulons faire, quand nous parlons ? réponse - Nous voulons enseigner ou apprendre, suivant la position de maître ou de disciple. Saint Augustin va essayer de montrer que, même quand on veut apprendre et qu'on interroge pour apprendre, on enseigne encore. Pourquoi ? Parce que l'on enseigne à celui à qui l'on s'adresse dans quelle direction l'on veut savoir. Donc, définition générale - Tu vois donc, mon cher, que par le langage, on ne fait rien d'autre qu'enseigner. ] C'est pourquoi toute parole est déjà, comme telle, un enseigner. Elle n'est pas un jeu de signes, elle se situe, non pas au niveau de l'information, mais à celui de la vérité. [vérité du désir au-delà de la demande ?]

1954/55 - Le moi dans la théorie de Freud… - 354 - Il y a quelque chose dans quoi il [l'homme] s'intègre et qui déjà règne par ses combinaisons. - C'est au milieu de cela que quelque chose de l'homme a à se faire reconnaître - [mais ce quelque chose est refoulé] - Ce qui dans une machine ne vient pas à temps tombe tout simplement et ne revendique rien. Chez l'homme, ce n'est pas la même chose, la scansion est vivante, et ce qui n'est pas venu à temps reste suspendu. C'est de cela qu'il s'agit dans le refoulement. - [ce] qui demande à être. - Le rapport fondamental de l'homme à cet ordre symbolique est très précisément celui qui fonde l'ordre symbolique lui-même - le rapport du non-être à l'être.

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 04/12/57 - n'oublions pas que le signifiant au début est fait pour servir à quelque chose, il est fait pour exprimer une demande. - [soit] ce quelque chose d'un besoin qui passe au moyen du signifiant qui est adressé à l'autre. - Le mécanisme de la demande naturellement est le fait que l'autre par nature s'y oppose (...) pour être soutenue comme demande - [donc] C'est dans la mesure où la dimension du langage vient là pour être remodelée [reformuler la demande], mais aussi pour verser dans le complexe signifiant à l'infini, le système des besoins [qui la soutend], que la demande est essentiellement quelque chose de sa nature qui se pose comme pouvant être exorbitante. Ce n'est pas pour rien que les enfants demandent la lune. Ils demandent la lune parce qu'il est dans la nature d'un besoin qui s'exprime par l'intermédiaire du système signifiant, de demander la lune : aussi bien d'ailleurs que nous n'hésitons pas à la leur promettre - [Cette exorbitance est le signe que] C'est à un autre au-delà de celui qui est en face de vous (...) que la réponse à la demande, l'accord de la demande est déféré

- 12/03/58 - [le désir a pour fonction] de ramasser, de concentrer ce que nous avons dit comme une demande signifiée. - signifiée, au sens où je vous signifie quelque chose - le désir du sujet déjà est en tant que tel modelé par les conditions de la demande [le fait de devoir l'adresser à l'autre, lui signifier dans la demande, est une aliénation à son désir et aussi au signifiant] - 09/04/58 - au niveau de la reconnaissance, (...) ce qui est en jeu, ce n'est pas la lutte et le conflit [comme chez Hegel], mais (...) la demande - [cad la] parole de l'Autre qui modifie, aliène profondément la nature [du] désir. - [On distingue d'abord dans la demande] cet objet oral qui, dans la mesure où il est demandé sur le plan oral, est incorporé, [puis] cet objet anal qui devient [inversement] le support de cette dialectique du don anal primitif, lié essentiellement chez le sujet au fait qu'il satisfasse ou non la demande éducative, cad en fin de compte, qu'il accepte ou non de lâcher un objet symbolique. - [au stade dit génital, à travers l'Œdipe d'ailleurs, le désir se détache de la demande] le sujet à un moment a affaire à l'autre désir - Il reconnaît un désir au-delà de la demande - 23/04/58 - [Cf. pp. 227 ss et 297 ss commentaires du graphe p. 361, 297, etc.] - 21/05.58 - [le désir] est à la fois au-delà et en-deça [de la demande : cf. les deux lignes de la demande sur le graphe], selon la face ou l'aspect sous lequel nous envisageons la demande, à savoir en tant que demande par rapport à un besoin, ou que demande en tant que structurée en termes de signifiant [= demande d'amour : présence/absence] - 11/06/58 - [le désir] se produit dans la marge qui existe entre la demande de satisfaction du besoin et de la demande d'amour

- 16/04/58 - La demande est liée d'abord et avant tout à ce quelque chose qui est dans les prémisses mêmes du langage, à savoir dans l'existence d'un appel qui est à la fois principe de la présence et terme qui permet de la repousser, jeu de la présence et de l'absence - La dialectique première n'est pas de l'objet partiel de la mère sein, ou de la mère nourriture, ou de la mère objet total - l'objet dont il s'agit c'est la parenthèse symbolique de cette présence à l'intérieur de laquelle il y a la somme de tous les objets qu'elle peut apporter, qui fait que cette parenthèse symbolique est d'ores et déjà plus précieuse qu'aucun bien, et qu'un des bien qu'elle contient, ne peut en lui-même et à lui tout seul satisfaire à ce qui est l'appel de la présence (...) [sinon à] écraser si l'on peut dire le principe de cet appel - dans l'objet de la présence, la dimension du masque apparaît [parce que le masque masque précisément, ou contient virtuellement tout ce que cette présence contient]

- 21/05/58 - On pourrait dire que l'obsessionnel est touurs en train de demander une permission. - se mettre dans la plus extrême dépendance par rapport à l'Autre (avec un grand A) [grand A dont l'existence est continuellement mise en danger, en doute, dans l'obsession. Façon de le restituer.] - [Normalement] il y a un au-delà de toute réponse de l'Autre, et très précisément en tant que la parole crée cet au-delà, [c'est le désir] - L'obsessionnel résout la question de l'évanescence de son désir en en faisant un désir interdit. Il le fait supporter par l'Autre, et précisément par l'interdiction de l'Autre. - [il] se balance sur une sorte d'escarpolette qui va de la manifestation d'un désir qui à aller trop loin, devient un désir agressif, et qui de là redescend ou rebascule dans une disparition (...) qui sera liée à la crainte de la rétorsion effective de la part de l'autre - [or] il est clair que toute tentative de réduire le désir à quelque chose dont on demande la satisfaction, se heurte à une contradiction interne. - l'oblativité (...) est un fantasme obsessionnel. - ["ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît à toi-même":] Cet impératif assurément catégorique est tout à fait essentiel et structurant dans la morale, mais n'est pas toujours d'un emploi pratique dans l'existence. Il est assurément complètement à côté quand il s'agit d'une réalisation comme la conjonction sexuelle [!]. L'ordre de rapport à l'autre qui consiste à se mettre à sa place, est quelque chose qui assurément est un glissement tentant [mais purement imaginaire] - épargner l'autre, c'est bien ce qui est au fond de toute une série des cérémoniaux, des précautions, des détours, bref de toutes les manigances de l'obsessionnel. - [L'issue oblative, si elle n'est pas une solution, n'est pas non plus la voie la plus naturellement fréquentée par l'obsessionnel. Est lié à la "demande de permission" le phénomène de l'"exploit":] Pour qu'il y ait exploit, il faut que l'on soit au moins trois [il faut un second terme, partenaire ou adversaire, ou but, et un troisième qui enregistre et qui soit le témoin. Après] On peut dire, au nom de ceci, qu'il l'a bien mérité ce qu'il cherche - Cela veut dire qu'ils s'infligent toutes sortes de tâches particulièrement dures, particulièrement éprouvantes, qu'ils les réussissent d'ailleurs (...), et au nom de quoi ils auraient bien droit à de petites vacances pendant lesquelles on ferait ce qu'on voudrait - le passage des vacances se révélant habituellement un temps à peu près perdu. Pourquoi ? Parce que bien entendu ce dont il s'agit, c'était de demander la permission de l'autre, et comme l'autre - je parle de l'autre en tant qu'il existe - n'a absolument rien à faire avec toute cette dialectique, pour la simple raison que l'autre réel est bien trop occupé avec son propre autre, il n'a aucune raison de remplir cette mission de donner à l'exploit de l'obsessionnel sa petite couronne - Il y a quelque chose dans l'exploit de l'obsessionnel qui reste toujours irrémédiablement fictif, pour la raison que la mort, je veux dire là où est le véritable danger, est tout à fait ailleurs que dans l'adversaire qu'il a l'air de défier effectivement. Il est justement du côté de ce témoin invisible, de cet autre qui est là comme le spectateur, celui qui compte les coups - 04/06/58 - la solution de l'analyse de l'obsessionnel, c'est qu'[il] découvre la castration pour ce qu'elle est, cad pour la loi de l'Autre. C'est l'Autre qui est châtré.

- 04/06/58 - C'est donc que le transfert est autre chose que l'usage d'un pouvoir, le transfert est déjà un champ ouvert, la possibilité d'une articulation signifiante autre et différente de celle qui enferme le sujet dans sa demande [de sa demande quotidienne, ou de sa demande immédiate de satisfaction en analyse ; en arrière-plan se trouve la demande d'amour au niveau du transfert comme tel.] - [notre attitude en la matière est "abstentionniste", ou "abstinence", elle] consiste à ne jamais comme telle gratifier la demande. - [Entre les deux lignes, il y a le désir, et ce qui résiste à toute suggestion, particulièrement dans l'analyse face aux interprétations parfois hâtives de l'analyste , c'est ceci : le désir d'avoir son désir. - cette RÉSISTANCE (...) est la même chose que le transfert [elle se situe au même niveau, qui n'est pas celui où on la place d'habitude].

- 18/06/58 - le problème essentiel, c'est de savoir comment l'enfant sort de la satisfaction, et non pas de la frustration, pour se construire un monde. - un monde s'articule pour le sujet humain, qui comporte un au-delà de la demande, quand la demande est satisfaite, et non quand elle est frustrée, c'est cela qu'il [Winicott] appelle les objets transitionnels - 18/06/58 - [l'obsessionnel enfant, juste dans la période de déclin de l'Œdipe] a cette propriété parmi tous les enfants qui en effet passent leur temps à demander quelque chose, d'être celui de qui cette demande est toujours ressentie, et par les mieux intentionnés de ceux qui l'entourent, comme étant à proprement parler insupportable, l'enfant tanant, comme on dit. Ce n'est pas qu'il demande des choses plus extraordinaires que les autres, c'est dans sa façon de la demander

1958 - La signification du phallus - 691 - La demande en soi porte sur autre chose que sur les satisfactions qu'elle appelle. Elle est demande d'une présence ou d'une absence. Ce que la relation primordiale à la mère manifeste, d'être grosse de cet Autre à situer en deça des besoins qu'elle peut combler. Elle le constitue déjà comme ayant le "privilège" de satisfaire les besoins, cad le pouvoir de les priver de cela seul par quoi ils sont satisfaits. Ce privilège de l'Autre dessine ainsi la forme radicale du don de ce qu'on n'a pas, soit ce qu'on appelle son amour. / C'est par là que la demande annule la particularité de tout ce qui peut être accordé en le transmuant en preuve d'amour, et les satisfactions même qu'elle obtient pour le besoin se ravalent à n'être plus que l'écrasement de la demande d'amour - Il y a donc une nécessité à ce que la particularité ainsi abolie reparaisse au-delà de la demande. Elle y reparaît en effet, mais conservant le structure que recèle l'inconditionné de la demande d'amour. Par un renversement qui n'est pas simple négation de la négation, la puissance de la pure perte surgit du résidu d'une oblitération. A l'inconditionné de la demande, le désir substitue la condition "absolue" : cette condition dénoue en effet ce que la preuve d'amour a de rebelle à la satisfaction d'un besoin. C'est ainsi que le désir n'est ni l'appétit de la satisfaction, ni la demande d'amour, mais la différence qui résulte de la soustraction du premier à la seconde, le phénomène même de leur refente.

1958 - La direction de la cure... - 617 - Il me demande..., du fait qu'il parle : sa demande est intransitive, elle n'emporte aucun objet. - [Même la demande de guérir, d'être analyste, ou autre] peut attendre. Sa demande présente n'a rien à faire avec cela, ce n'est même pas la sienne, car après tout, c'est moi qui lui est offert de parler. (Le sujet seul ici est transitif.) / J'ai réussi en somme ce que dans le champ du commerce ordinaire, on voudrait pouvoir réaliser aussi aisément : avec de l'offre j'ai créé la demande.

1958/59 - Le désir et son interprétation - 07/01/59 - tout ce qui, chez le sujet, doit se présenter comme étant ici l'achèvement de son désir est (...) quelque chose qui ne peut pas de demander [le désir est une condition absolue, il ne se demande pas] - [Or le propre de la névrose c'est que] ce qui est de l'ordre du désir s'inscrit, se formule, dans le registre de la demande. - 17/06/59 - C'est pour autant qu'il substitue son "moi" au "sujet" qu'il introduit la demande dans la question du désir. C'est parce que quelqu'un - qui n'est pas lui, mais son image - est substitué à lui dans la dialectique du désir qu'en fin de compte il ne peut demander (...) que des substituts.- L'altruisme du névrosé (...) est permanent. Et rien n'est plus une voie plus commune des satisfactions qu'il cherche que ce que l'on peut appeler se dévouer à satisfaire alors, tant qu'il peut chez l'autre, toutes les demandes, dont il sait bien, pourtant, qu'elles constituent chez lui un perpétuel échec du désir, ou, en d'autre termes, de s'aveugler dans son dévouement à l'autre sur sa propre insatisfaction. - [formule du névrosé : phy barré en rapport avec un objet du désir qui est ce point "a" en tant qu'il se situe et s'y retrouve, cad en fait "i(a)"] - 14/01/92 - Autre chose est ce qui s'articule dans [les] signifiants refoulés [refoulement] , et qui est toujours une demande, autre chose est le désir, pour autant que le désir est quelque chose par quoi le sujet se situe, du fait de l'existence du discours, par rapport à cette demande.

1960/61 - Le Transfert - 234 - C'est dans la mesure où nous croyons pouvoir répondre à sa demande, que nous sommes dans le sentiment de comprendre [un sujet] - 246 - ce qu'il y a de plus important à comprendre dans la demande de l'analysé, c'est ce qui est au-delà de cette demande. C'est la marge de l'incompréhension qui est celle du désir. - 238 - toute demande, du fait qu'elle est parole, tend à se structurer en ceci, qu'elle appelle de l'autre sa réponse inversée. - C'est de cela qu'il s'agit chaque fois qu'il éclate le moindre conflit dans ce rapport entre l'enfant et la mère - Qu'y a-t-il qui réponde mieux, en apparence, à la demande d'être nourri que celle de se laisser nourrir ? Nous savons pourtant que c'est dans le mode même de confrontation des deux demandes que gît cet infime gap , cette béance, cette déchirure, où s'insinue d'une façon normale la discordance, l'échec préformé de la rencontre. - il se manifeste que cette demande, un désir la déborde - qu'elle ne saurait être satisfaite sans que ce désir s'y éteigne - que c'est pour que ce désir qui déborde la demande ne s'éteigne pas, que le sujet qui a faim, de ce qu'à sa demande d'être nourri répond la demande de se laisser nourrir, et refuse en quelque sorte de disparaître comme désir du fait d'être satisfait comme demande - que l'extinction ou l'écrasement de la demande dans la satisfaction ne saurait se produire sans tuer le désir. - 239 - Ce désir, qu'est-ce que c'est ? - La demande orale [oralité] a un autre sens que la satisfaction de la faim. Elle est demande sexuelle - cannibalisme, et le cannibalisme a un sens sexuel. - ce n'est pas seulement du pain du bon vouloir de l'Autre que le sujet primitif a à se nourrir, mais bel et bien du corps de celui qui le nourrit. - 240 - du seul fait que la tendance de la bouche qui a faim s'exprime par cette même bouche en une chaîne signifiante, entre en elle cette possibilité de désigner la nourriture, qui est le désir. Quelle nourriture ? La première chose qui en résulte, c'est qu'elle peut dire, cette bouche - Pas celle-là. La négation, l'écart, le j'aime ça et pas autre chose du désir - 414 - La dimension, la perspective, le registre de l'amour se développe, se profile, s'inscrit, dans ce que l'on peut appeler l'inconditionnel de la demande.

1961/62 - L'identification - 14/03.62 - S'il y a quelque chose à quoi l'on peut dire qu'au départ le névrosé s'est laissé prendre, c'est à ce piège ; et il essaiera de faire passer dans la demande ce qui est l'objet de son désir, d'obtenir de l'Autre, non pas la satisfaction de son besoin, pour quoi la demande est faite, mais la satisfaction de son désir (...) cad précisément ce qui ne peut se demander - de même qu'il essaiera plus paradoxalement encore de satisfaire par la conformation de son désir, à la demande de l'Autre ; et qu'il n'y a pas d'autre sens (...) à ce qui est la découverte de l'analyse et de Freud, à l'existence du Surmoi comme tel. - Ce que j'exprimerais sommairement en disant que pour son désir il lui faut la sanction d'une demande - il attend de vous que vous lui demandiez de désirer congrûment - c'est ce qui me permet de dire [cf. tore] que le cercle élidé, (...) le cercle vide, vient ici matérialiser l'objet métonymique sous toutes ces demandes. - 28/03/62 - il s'agit de quoi ? du vide inclus au cœur de la demande, cad de l'au-delà du principe du plaisir, de ce qui fait de la demande sa répétition éternelle, cad de ce qui constitue la pulsion. - 09/05/62 - Le phallus, quand avons-nous commencé ici de nous en occuper d'une façon qui soit un peu structurante et féconde ? C'est évidemment à propos des problèmes de la sexualité féminine - c'est parce qu'il a à être demandé là où il n'était pas, le phallus, à savoir chez la mère, à la mère, par la mère, pour la mère que par là passe le chemin normal par où il peut venir à être désiré par la femme. Si tant est que ceci lui arrive qu'il puisse être constitué comme objet de désir, l'expérience analytique met l'accent sur ceci qu'il faut que le processus passe par un primitive demande, avec tout ce qu'elle comporte en l'occasion d'absolument fantasmatique, irréel, contraire à la nature, une demande structurée comme telle et une demande qui continue à véhiculer ses marques - Cela veut dire que c'est dans la mesure où le phallus peut continuer à rester indéfiniment objet de demande à celui qui ne peut pas le donner sur ce plan que justement s'élève toute la difficulté - 30/05/62 - au moins une fois le signifiant se répète et cette répétition n'est rien d'autre que la forme la plus radicale de l'expérience de la demande. - 30/05/62 - toute satisfaction véritable (...) fait défaut à la demande - pour que la demande soit demande, à savoir qu'elle se répète comme signifiant, il faut qu'elle soit déçue - Mais ce vide est différent de ce dont il s'agit concernant "a", l'objet du désir. - "a" ne saurait aucunement être évoqué dans ce vide cerné ici par la boucle de la demande [petits cercles du cross-cap]. Il est à situer dans ce trou que nous appellerons le rien fondamental pour le distinguer du vide de la demande, le rien où est appelé à l'avènement l'objet du désir [grand cercle]. - Le vide qui soutient la demande n'est pas le rien de l'objet qu'elle cerne comme objet du désir - Faites maintenant sur le tore, non plus cette ligne simple, mais la courbe répétée - Qu'est-ce que cela veut dire ? - la demande du sujet en tant qu'ici deux fois elle se répète, inverse ses rapports : D et "a", demande et objet au niveau de l'Autre, que la demande du sujet correspond à l'objet "a" de l'Autre, que l'objet "a" du sujet devient la demande de l'Autre. Ce rapport d'inversion est essentiellement la forme la plus radicale que nous puissions donner à ce qui se passe chez le névrosé : ce que le névrosé vise comme objet, c'est la demande l'Autre ; ce que le névrosé demande, quand il demande à saisir "a", (...) c'est "a", l'objet de l'Autre. L'accent est mis différemment selon les deux aspects de la névrose. Pour l'obsessionnel, l'accent est mis sur la demande de l'Autre, pris comme objet de son désir ; pour l'hystérique l'accent est mis sur l'objet de l'Autre, pris comme support de sa demande. - possibilité structurante radicale d'identifier sa demande avec l'objet du désir de l'Autre ou d'identifier son objet avec la demande de l'Autre ; forme proprement leurrante de l'effet du signifiant sur le sujet, encore que la sortie en soit possible, précisément lorsque (...) le sujet en tant que structuré par le signifiant peut devenir la coupure "a" elle-même. Mais c'est justement ce à quoi le fantasme du névrosé n'accède pas parce qu'il en cherche les voies et les chemins par un passage erroné. Non point que le névrosé ne sache pas fort bien distinguer, comme tout sujet digne de ce nom, i(a) de "a", (...) mais ce que le névrosé cherche (...) c'est à arriver à "a" en détruisant i(a) ou en le fixant. - "en détruisant" (...) c'est le fantasme de l'obsessionnel en tant qu'il prend la forme de fantasme sadique et qu'il ne l'est pas - [car] non seulement l'objet du fantasme sadique n'est pas détruit, mais il est littéralement résistant à toute épreuve, comme je l'ai à maintes fois souligné. - ce que l'on pourrait appeler l'impuissance du fantasme sadique chez le névrosé repose tout entière sur ceci : (...) ce qu'il vise, soit à détruire, soit à supporter - i(a) -, n'a pas de rapport pour la seule raison de la dissymétrie fondamentale d'i, le support, avec "a", qui ne la tolère pas. Ce à quoi le névrosé d'ailleurs aboutit effectivement, c'est à la destruction du désir de l'autre.

1962/63 - L'angoisse - 05/12/62 - [dans l'analyse] c'est dans la mesure où sont épuisées jusqu'à leur terme, jusqu'au fond du bol, toutes les formes de la demande, jusqu'à la demande des zéros, que nous voyons au fond apparaître la relation de la castration. La castration se trouve inscrite comme rapport à la limite de ce cycle régressif de la demande.

1964/65 - Problèmes cruciaux pour la psychanalyse - 13/01.93 - la demande est définie comme le discours qui vient expressément s'inscrire au lieu de l'Autre - la demande progresse vers un point qui est celui que j'ai désigné la dernière fois comme le point d'identification.