Imaginaire

1946 - Propos sur la causalité psychique - 188 - la causalité psychique même : l'identification , laquelle est un phénomène irréductible, et l'imago est cette forme définissable dans le complexe spatio-temporel imaginaire qui a pour fonction de réaliser l'identification résolutive d'une phase psychique, autrement dit une métamorphose des relations de l'individu à son semblable. - 189 - [l'imago fonctionne aussi chez les animaux :] On sait depuis longtemps que la femelle du pigeon, isolée de ses congénères, n'ovule pas.

1953 - Le Symbolique, l'Imaginaire, le Réel - Ainsi nous posons qu'un comportement peut être imaginaire quand son aiguillage sur des images de sa propre valeur d'image pour un autre sujet le rendent susceptible de déplacement hors du cycle qui assure la satisfaction d'un besoin naturel. - [par exemple chez le fétichiste que la pantoufle soit ] le déplacement de l'organe féminin -

1953 - Les écrits techniques de Freud - 134 - Dans la méconnaissance, le refus, le barrage opposé à la réalité par le névrotique, nous constatons un recours à la fantaisie. - Freud souligne qu'il n'y a rien de semblable dans la psychose. Le sujet psychotique, s'il perd la réalisation du réel, ne retrouve, lui, aucune substitution imaginaire. - Une des conceptions les plus répandues, c'est que le sujet délirant rêve, qu'il est en plein dans l'imaginaire. Il faut donc que, dans la conception de Freud, la fonction de l'imaginaire ne soit pas la fonction de l'irréel. - 135 - Nous verrons que ce pourrait être dans un irréel symbolique, ou un symbolique marqué d'irréel, que se situe la structure propre du psychotique. - Pour Yung, les deux domaines du symbolique et de l'imaginaire sont là complètement confondues - [Lacan veut montrer que la conception freudienne de la libido , surtout avec la notion problématique d'auto-érotisme, suppose non seulement de distinguer entre libido d'objet et libido égoïste, mais aussi nettement que possible les trois domaines distincts du réel, de l'imaginaire et du symbolique - afin d'éviter tout nivellement à la Jung.]

1954/55 - Le moi dans la théorie de Freud... -  - 133 - il comporte comme tel une intervention des Gestalten , prédisposant le sujet vivant à un certain rapport avec une forme typique qui lui répond spécialement, il suppose un couplage biologique de l'individu avec une image de sa propre espèce - 196 - C'est l'image de son corps qui est le principe de toute unité qu'il [l'homme] perçoit dans les objets. Or, de cette image même, il ne perçoit l'unité qu'au-dehors [qu'au lieu de l'autre], et d'une façon anticipée. Du fait de cette relation double qu'il a avec lui-même, c'est toujours autour de l'ombre errante de son propre moi que se structureront tous les objets de son monde. - Le désir a un caractère radicalement déchiré. L'image même de l'homme y apporte une médiation, toujours imaginaire, toujours problématique - Si l'objet perçu au-dehors a sa propre unité, celle-ci met l'homme qui la voit en état de tension, parce qu'il se perçoit lui-même comme désir, et désir insatisfait. Inversement, quand il saisit son unité, c'est le monde au contraire qui pour lui se décompose, perd son sens - 199 - oscillation imaginaire - la seconde partie du rêve de l'injection d'Irma met en évidence ces composés fondamentaux du monde perceptif que constitue le rapport narcissique. - Le reflet du sujet (...) se retrouve toujours quelque part dans tout tableau perceptif - l'objet n'est jamais appréhendé qu'à travers la grille du rapport narcissique. - 284 - le moi est une construction imaginaire. Cela ne lui retire rien, à ce pauvre moi, le fait qu'il soit imaginaire - je dirais même que c'est ce qu'il a de bien. S'il n'était pas imaginaire, nous ne serions pas des hommes, nous serions des lunes. Ce qui ne veut pas dire qu'il suffit que nous ayons ce moi imaginaire pour être des hommes. Nous pouvons être encore cette chose intermédiaire qui s'appelle un fou. Un fou est justement celui qui adhère à cet imaginaire, purement et simplement. [psychose]

1955/56 - Les psychoses - 65 - Que la signification soit de la nature de l'imaginaire n'est pas douteux. Elle est, comme l'imaginaire, toujours en fin de compte évanescente, car elle est strictement liée à ce qui vous intéresse, cad ce en quoi vous êtes pris. - 100 - [psychose] Que se passe-t-il donc au moment où ce qui n'est pas symbolisé apparaît dans le réel ? - ce qui apparaît, apparaît sous le registre de la signification, et d'une s. qui ne vient de nulle part, et qui ne renvoie à rien, mais une s. essentielle, par laquelle le sujet est concerné. A ce moment, se met certainement en branle ce qui intervient chaque fois qu'il y a conflit d'ordres, à savoir du refoulement. Mais pourquoi le refoulement ne colle-t-il pas, cad n'aboutit pas à ce qui se produit quand il s'agit d'une névrose ? - Ce qui se produit alors a le caractère d'être absolument exclu [forclusion] du compromis symbolisant de la névrose, et se traduit dans un autre registre, par une véritable réaction en chaîne au niveau de l'imaginaire, soit dans la contre-diagonale de notre petit carré magique. - Le sujet, (...) faute de pouvoir faire une quelconque médiation symbolique entre ce qui est nouveau et lui-même, entre dans un autre mode de médiation, (...) substituant à la médiation symbolique un fourmillement, une prolifération imaginaire. - 101 - Le signifiant lui-même subit de profonds remaniements [mais subsiste : cf. la langue fondamentale de Schreber]. Le rapport du sujet au monde est une relation en miroir. Le monde du sujet va se composer essentiellement avec cet être qui est pour lui l'autre, cad [pour Schreber] Dieu lui-même. Quelque chose est prétendument réalisé, de la relation d'homme à femme. [En réalité ces deux termes se décomposent tous deux en une multitudes d'êtres imaginaires qui évoquent le corps morcelé, pré-moïque.] - 185 - le préverbal (...) est, dans la doctrine analytique, essentiellement lié au préconscient. -participe ainsi de ce que nous pouvons appeler une Gestalt intramondaine. - chatoiement innombrable de la grande signification affective. - L'universelle équivalence est la loi de ce monde-là. - 186 - on peut dire que les idées-schèmes de Kant se situent à l'orée de ce domaine -

1956/57 - La relation d'objet - 451 - [Si Hans est si excité par cette idée de faire des enfants un peu partout, c'est parce que si sa mère est comme lui, si elle a le pénis, il n'y a pas de raison pour que lui ne puisse pas enfanter.] C'est (...) le jeu de leurre avec la mère qu'il prolonge [par cette identification à la mère.] - 512 - il lui faut [Hans] que sa mère ait un phallus, ce qui ne veut pas dire (...) quelque chose de réel, à tout instant au contraire éclate dans son propos l'ambiguïté que fait apparaître ce rapport dans une perspective de jeu imaginaire] - 470 - [cf. la parabole des "lions"] [symbolique] C'est parce que les hommes ne savent pas beaucoup mieux compter que le lion, à savoir que ce nombre trois n'est jamais complètement intégré, qu'il est seulement articulé, que le conflit existe, parce que le lion bien entendu, le maintien de la relation duelle fondamentalement animale, ne continue pas moins à prévaloir dans une certaine zone [zoone...], celle précisément de l'imaginaire. (...) Si ce n'était pas si difficile d'arriver jusqu'à articuler le nombre trois, il n'y aurait pas ce gap entre le pré-œedipien et l'œdipien. - 536 - [Ce jeu imaginaire par excellence de Hans et sa mère, jeu "scoptophillique" de voir et d'être vu : chercher le phallus? Relation imaginaire qui n'est cependant pas la relation imaginaire primitive de capture mère-enfant (animale) toute bête..., où la bête couve, menace...du regard, ou se fait voir, comme à la parade. Là il s'agit de chercher à voir], à épier comme on dit, ce qui à la fois y est et n'y est pas. (...) Quelque chose qui est là en tant qu'il reste voilé. [Degré supérieur] non pas seulement du voir et de l'être vu, mais de donner à voir et de l'être surpris.

1957 - D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose - 552 - C'est (...) par la béance qu'ouvre cette prématuration dans l'imaginaire et où foisonnent les effets du stade du miroir, que l'animal humain est capable de s'imaginer mortel, non qu'on puisse dire qu'il le pourrait sans sa symbiose avec le symbolique, mais plutôt que sans cette béance qui l'aliène à sa propre image, cette symbiose avec le symbolique n'aurait pu se produire, où il se constitue comme sujet à la mort. - 552 - [cf. schéma R p.553] - Le troisième terme du ternaire imaginaire, celui où le sujet d'identifie à l'opposé avec son être de vivant, n'est rien d'autre que L'IMAGE phallique. - 552 - C'est ainsi qu'à considérer les sommets du triangle symbolique : I comme l'idéal du moi, M comme le signifiant de l'objet primordial, et P comme la position en A du Nom-du-Père, on peut saisir comment l'épinglage homologique de la signification du sujet S sous le signifiant du phallus peut retentir sur le soutien du champ de la réalité [cf. commentaire de J.-A. Miller p.905, où il parle plutôt du Réel], délimité par le quadrangle Mim I. Les deux autres sommets de celui-ci, i et m , représentant les deux termes imaginaires de la relation narcissique, soit le moi et l'image spéculaire. - On peut ainsi situer de i à M, soit en a , les extrémités des segments Si, Sa1, SA2, SAn, SM, où placer les figures de l'autre imaginaire dans les relations d'agression érotique où elles se réalisent, - de même de m à I, soit en a' , les extrémités de segments Sm, Sa'1, Sa'2, Sa'n, SI, où le moi s'identifie, depuis son Urbild spéculaire jusqu'à l'identification paternelle de l'idéal du moi. [Notes de Lacan en 1966 :] - 553 - ce que le schéma R étale, c'est un plan projectif. - la seule coupure valable sur ce schéma (soit la coupure mi , MI), indiquent assez que cette coupure isole dans le champ une bande de Mœbius. - 554 - de pouvoir y détacher ces deux éléments hétérogènes que sont (...) : le S barré de la bande ici à attendre où elle vient en effet, cad recouvrant le champ R de la réalité, et le [petit]a qui correspond aux champs J et S. -

1958/59 - Le désir et son interprétation - 15/04/59 - "a" [objet] , cet autre imaginaire, qu'est-ce que cela veut dire ? cela veut dire que quelque chose de plus ample qu'une personne peut s'y inclure, toute une chaîne, tout un scénario - ce que nous pouvons appler le bordel diffus pour autant qu'il devient la cause de ce qu'on appelle chez nous le sacro saint génital. -

1960/61 - Le Transfert - 278 - Le petit phi désigne le phallus imaginaire en tant qu'intéressé concrètement dans l'économie psychique au niveau du complexe de castration (...), là où le névrosé le vit d'une façon qui représente son mode particulier d'opérer et de manœuvrer, avec cette difficulté radicale que j'essaye d'articuler devant vous par l'usage que je donne au symbole grand Phi .

1961/62 - L'identification - 13/06/62 - Il y a donc deux imaginaires, le vrai et le faux ; et le faux ne se soutient dans cette sorte de substance à laquelle restent attachés tous les mirages du "mé-connaître" - Cette relation du miroir pour être comprise comme telle, doit être située sur une base de cette relation à l'Autre qui est fondement du sujet, tant que notre sujet est le sujet du discours, le sujet du langage. C'est en situant ce qu'est S barré coupure de "a" par rapport à la déficience fondamentale de l'Autre comme lieu de la parole, par rapport à ce qui est la seule réponse définitive au niveau de l'énonciation, le signifiant de A barré, du témoin universel en tant qu'il fait défaut et qu'à un moment donné il n'a plus qu'une fonction de faux témoin, c'est en situant la fonction de "a" en ce point de défaillance, en montrant le support que trouve le sujet dans ce "a" qui est ce que nous visons dans l'analyse comme objet qui n'a rien de commun avec l'objet de l'idéalisme classique, qui n'a rien de commun avec l'objet du sujet hégélien.

1962/63 - L'angoisse - 28/11/62 - [Notre dialectique part d'un] sujet dont le modèle nous est donné par la conception classique du sujet à cette seule condition que nous le limitions au fait qu'il parle, et, dès qu'il parle, il se produit quelque chose. Dès qu'il commence à parler, le trait unaire entre en jeu. L'identification primaire à ce point de départ que constitue le fait de pouvoir dire un et un, et encore un, et encore un et que c'est toujours d'un un qu'il faut qu'on parte, c'est à partir de là (...) que s'institue la possibilité de la reconnaissance [imaginaire, mais donc d'abord symbolique] comme telle de l'unité appelée i(a). Cet i(a) est donné dans l'expérience spéculaire ; mais, comme je vous l'ai dit, cette expérience spéculaire est authentifiée par l'Autre - 29/11/61 - deux sortes d'identifications imaginaires : 1) celle au "a" : i(a), image spéculaire (...), 2) celle plus mystérieuse à (...) l'objet du désir comme tel.