Amour

1953 - Les écrits techniques de Freud - 130 - [Le transfert] Il ne s'agit pas de l'amour en tant qu'Eros (...) mais de l'amour-passion (...) comme une sorte de catastrophe psychologique. - 162 - L'amour est un phénomène qui se passe au niveau de l'imaginaire, et qui provoque une véritable subduction du symbolique, une sorte de d'annulation, de perturbation de la fonction d'idéal du moi. - 163 - L'Ich-Ideal , en tant que parlant, peut venir se situer dans le monde des objets au niveau de l'Ideal-Ich - Vous pensez bien qu'au moment où cette confusion se produit, il n'y a plus aucune espèce de régulation possible de l'appareil. Autrement dit, quand on est amoureux, on est fou - coup de foudre - coïncidence de l'objet avec l'image fondamentale

1955/56 - Les psychoses - 52/53 - [ Je l'aime. ] - [négation] La première façon de nier cela, c'est de dire - ce n'est pas moi qui l'aime, c'est elle , ma conjointe, mon double - le sujet fait porter son message par un autre [l'alter ego] - qui dans l'intervalle a changé de sexe. - Dans le délire de JALOUSIE, on trouve au premier plan cette identification à l'autre avec interversion du signe de sexuation. - La seconde, c'est de dire - ce n'est pas lui que j'aime, c'est elle . - autre type d'aliénation, non plus inverti, mais diverti. L'autre auquel s'adresse l'érotomane [EROTOMANIE] (...) [est un objet très vague et très éloigné] si bien qu'on a pu parler de lien mystique ou d'amour platonique - Troisième possibilité - je ne l'aime pas, je le hais . - [comme pour le 2ème cas, l'inversion n'est pas suffisante, il faut aussi une projection] à savoir - il me hait - Et nous voilà dans le délire de PERSECUTION. - 54 - C'est une aliénation convertie, en ce sens que l'amour est devenu la haine. L'altération profonde de tout le système de l'autre, sa démultiplication, le caractère extensif des interprétations sur le monde, vous montre ici la perturbation proprement imaginaire portée à son maximum. - 287 - pour le psychotique [psychose] une relation amoureuse est possible qui l'abolit comme sujet, en tant qu'elle admet une hétérogénéité radicale de l'Autre. Mais cet amour est aussi un amour mort.

1956/57, La relation d'objet - (8) - ce qui est demandé comme signe d'amour, n'est jamais que quelque chose qui ne vaut que comme signe ; ou pour aller encore plus loin, il n'y a pas de plus grand don possible, de plus grand signe d'amour que le don de ce qu'on n'a pas - ce qui établit la relation d'amour, c'est que ce don est donné si l'on peut dire pour rien - Il n'y a en effet dans le don d'amour que quelque chose de donné pour rien, et qui ne peut être que rien - Autrement dit (...) derrière ce que [l'homme] donne il y a tout ce qui lui manque - Ce qui fait le don, c'est que le sujet sacrifie au-delà de ce qu'il a. - (8) [Si les croyants aiment un Dieu qui est censé être plénitude et toute puissance, c'est au contraire parce que, comme Dora qui aime son père] cet être qui est censé être pensé comme un être qui est un tout, il lui manque sans aucun doute le principal dans l'être, c'est-à-dire l'existence - Il n'y a aucune raison d'aimer Dieu, si ce n'est que peut-être il n'existe pas. [voir applications aux cas Dora et de l'homosexuelle p.113-115]

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 18/12/57 - pour qu'il y ait la possibilité de parler de la relation du comique, il faut que nous placions cette relation de la demande à sa satisfaction, non plus dans un moment instantané [ou fulgurant, comme c'est le cas dans le mot d'esprit], mais dans quelque chose qui lui donne sa stabilité et sa constance, sa voie dans son rapport à un autre déterminé. - la solution fondamentale [à ce problème], celle que tous les êtres humains cherchent (...), puisque tout dépend de l'autre (...) en somme la solution c'est d'avoir un autre tout à soi. C'est ce qu'on appelle l'amour. - Or le problème de l'autre et de l'amour est au centre du comique. - [Or] c'est en fin de compte pour revenir à la jouissance et à la plus élémentaire - [notamment avoir quelqu'un de disponible] pour les besoins du sexe, et tous les besoins cachés en général. Voilà ce que vous voyez sur la scène Aristophanesque - La nouvelle comédie [elle] est quelque chose qui nous montre les gens engagés en général de la façon la plus fascinée et la plus butée, sur quelque objet métonymique. - L'amour est un sentiment comique. - toutes les passions s'équivalent, toutes les passions sont également métonymiques. C'est le principe de la comédie de les poser comme telles - 07/05/58 - en accédant à la place du désir, l'autre ne devient pas du tout comme on nous le dit, l'objet total, mais le problème est celui-ci : c'est qu'il devient totalement objet, en tant qu'instrument du désir. C'est bien ce qu'il devient, et il s'agit de maintenir comme compatible [cela avec la] (...) position de l'autre en tant qu'Autre, cad en tant que lieu de la parole, celui auquel s'adresse la demande, (...) celui dont l'irréductibilité radicale d'autre se manifeste en tant qu'il peut donner l'amour, cad quelque chose qui est d'autant plus totalement gratuit, qu'il n'y a aucun support de l'amour, que comme je vous l'ai dit : donner son amour, c'est (...) donner comme tel rien de ce qu'on a -

1958 - La direction de la cure... - 627 - Le désir est ce qui se manifeste dans l'intervalle que creuse la demande en deçà d'elle-même, pour autant que le sujet en articulant la chaîne signifiante, amène au jour le manque à être avec l'appel d'en recevoir le complément de l'Autre, si l'Autre, lieu de la parole, est aussi le lieu de ce manque. - ce qui est ainsi donné à l'Autre de combler et qui est proprement ce qu'il n'a pas, puisqu'à lui aussi l'être manque, est ce qui s'appelle l'amour, mais c'est aussi la haine et l'ignorance. - 628 - C'est l'enfant que l'on nourrit avec le plus d'amour qui refuse la nourriture et joue de son refus comme d'un désir (anorexie mentale). - En fin de compte, l'enfant en refusant de satisfaire à la demande de la mère, n'exige-t-il pas que la mère ait un désir en dehors de lui, parce que c'est là la voie qui lui manque vers le désir ?

1958/59 - Le désir et son interprétation - 12/11/58 - si en effet le désir semble entraîner avec soi un certain quantum d'amour, c'est justement et très précisément, et très souvent d'un amour qui se présente (...) comme conflictuel - 07/01/59 - le désir se trouve au delà de la relation amoureuse de la part de l'homme. J'entends pour autant que la femme symbolise le phallus, que l'homme y retrouve le complément de son être - ce que la femme trouve dans l'homme, c'est le phallus réel, et donc son désir y trouve toujours sa satisfaction. Mais justement c'est dans la mesure où la satisfaction se produit sur le plan réel que ce que la femme effectivement aime, et non pas désire, c'est (…) l'homme en tant qu'il est privé de phallus, en tant précisément que de par sa nature d'être achevé, d'être parlant, il est châtré.

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse - 153 - L'amour courtois est en effet une forme exemplaire, un paradigme de sublimation. - 178 - L'objet, nommément ici l'objet féminin, s'introduit par la porte très singulière de la privation, de l'inaccessibilité. - 180 - Ce que la création de la poésie courtoise tend à faire, c'est à situer, à la place de la CHOSE [en cette époque plutôt rude que courtoise...] (...) un objet que l'appellerai affolant, un partenaire inhumain.[la Dame] - 182 - Ce qu'il s'agit de projeter comme tel, c'est une certaine transgression du désir. C'est ici qu'entre en jeu la fonction éthique de L'ÉROTISME. - [soit sur le plan sexuel les] techniques de la retenue, de la suspension, de l'amor interruptus . - Or le paradoxe de ce qu'on peut appeler l'effet de Vorlust , des plaisirs préliminaires, c'est justement qu'ils subsistent à l'encontre de la direction du principe de plaisir. C'est pour autant qu'est soutenu le plaisir de désirer, cad, en toute rigueur, le plaisir d'éprouver un déplaisir. - 184 - c'est aussi à la place de la Chose que Breton fait surgir l'amour fou.

1960-61 - Le Transfert - 24 - La cellule analytique, même douillette, n'est rien de moins qu'un lit d'amour - 25 - j'entends partir de l'extrême de ce que suppose le fait de s'isoler avec un autre pour lui apprendre quoi ? - ce qui lui manque. - Je ne suis là, en fin de compte, pour son bien, mais pour qu'il aime. Est-ce à dire que je doive lui apprendre à aimer ? Assurément, il paraît difficile d'en élider la nécessité - 46 - Il y a deux choses dans mon discours passé que j'ai notées concernant l'amour, et je vous les rappelle. La première est que l'amour est un sentiment comique [le tragique renverrai à une conception de l'amour divin, plato et néoplatonicien]. - La seconde (...) c'est que l'amour, c'est de donner ce qu'on a pas. [exit la complémentarité] - l'amour grec nous permet de dégager dans la relation de l'amour les deux partenaires au neutre. Il s'agit de ce quelque chose de pur qui s'exprime naturellement au genre masculin - saisir le moment de bascule, de retournement où de la conjonction du désir avec son objet en tant qu'inadéquat, doit surgir cette signification qui s'appelle l'amour - [l'amour surgit comme signification parce qu'il est transfert de a à z, cad comme métaphore, simple 'transport' ou substitut de ce qu'il en est réellement du désir et qui ne peut qu'échouer à son objet] - 50 - Et cet autre dont vous vous êtes occupé si mal, est-ce pour en avoir fait, comme on dit, seulement votre objet ? Plût au ciel que, ces autres, vous les eussiez traités comme des objets, dont on apprécie le poids, le goût et la substance. Vous seriez aujourd'hui moins troublés par leur mémoire. Vous leur auriez rendu justice, hommage, amour. Vous les auriez aimés au moins comme vous-mêmes, à ceci près que vous vous aimez mal. Mais ce n'est même pas le sort des mals aimés que nous avons eu en partage. Vous en aurez fait sans doute, comme on dit, des sujets - comme si c'était là la fin du respect qu'ils méritaient, respect comme on dit, de leur dignité, respect dû à vos semblables. Je crains que cet emploi neutralisé de ce terme, nos semblables, soit bien autre chose que ce dont il s'agit dans la question de l'amour. Ces semblables, je crains que le respect que vous leur donnez aille trop vite au renvoi à leurs lubies de résistance, à leurs idées butées, à leur bêtise de naissance - à leurs oignons, quoi. Qu'ils se débrouillent. - 53 - ce qui caractérise l'érastès, l'amant (...) n'est-ce pas essentiellement ce qui lui manque ? [ce qui lui manque d'abord, c'est bien sûr un savoir sur ce manque, puisqu'il ne sait pas ce qui lui manque] - Et d'autre part, l'érôménos, l'objet aimé, ne s'est-il pas toujours situé comme celui qui ne sait pas ce qu'il a, ce qu'il a de caché, et qui fait son attrait ? - observez qu'il n'y a aucune coincidence. Ce qui manque à l'un n'est pas ce qu'il y a, caché, dans l'autre [l'inscience : les inconscients, ça ne communique pas]. C'est là tout le problème de l'amour. - [métaphore] C'est en tant que la fonction de l'érastès, de l'aimant, pour autant qu'il est le sujet du manque, vient à la place, se substitue à la fonction de l'érôménos, l'objet aimé, que se produit la signification de l'amour. - 67 [et] quand c'est vous qui étiez d'abord l'éroménos, l'objet aimé, et que soudain vous devenez l'érastès, celui qui désire. - 68 - Aussi bien cette symétrie n'en est pas une, car en tant que la main se tend [désirante], c'est vers un objet. La main qui apparaît de l'autre côté est le miracle [de l'amour] - [il en résulte que même si l'amour apporte en quelque sorte une "réponse" au DÉSIR, la structure de l'amour est bien initialement de désir] - 71 - [le discours de PAUSANIAS ou "psychologie du riche"] c'est sur le plan (...) d'une acquisition, d'un profit, d'un acquérir d'une possession, que se produira la rencontre de ce couple, qui va articuler à jamais cet amour dit supérieur [destiné à s'"enrichir" mutuellement], cet amour qui, même quand nous aurons changé les partenaires, s'appellera pour la suite des siècles l'amour PLATONIQUE. - 72 - Le riche existait avant le bourgeois - à savoir la dépense de luxe - la psychologie du riche repose tout entière sur ceci, que ce dont il s'agit dans son rapport avec l'autre, c'est de la valeur. - 132 - L'important est que ce soit dans la perspective du poète tragique que nous soit fait sur l'amour le seul discours qui soit ouvertement et complètement dérisoire. - 79 - après toutes les belles choses qu'Agathon à son tour aura dites de l'amour - D'un seul trait, Socrate sape tout cela à la base, en ramenant les choses à leur racine, qui est ceci - Amour ? Amour de quoi ? De l'amour nous passons ainsi au désir, et la caractéristique du désir, (...) en tant qu'Eros désire, c'est que ce dont il s'agit, c'est-à-dire ce qu'il est censé porter avec lui, le beau lui-même, il en manque. - il est identique par lui-même au manque - 134 - chaque fois qu'il se manifeste comme amour pur et simple, et non comme amour noir, amour de jalousie, [l'amour] est irrésistiblement comique. - 138 - [Inversement c'est Aristophane le comique qui en parle] dans son sens de passion, avec un accent presque moderne. - 141 - Oui ou non l'amour est-il amour de quelque chose ou de rien ? - Il ne s'agit pas de savoir de quoi l'amour descend, de qui, de quel dieu - Non, il s'agit de savoir, sur le plan de l'interrogation du SIGNIFIANT, de quoi, comme signifiant, l'amour est le corrélatif. - 142 - [ex.] quand on parle d'un père, on parle obligatoirement d'un fils. - Nous sommes là sur le terrain propre de la dialectique socratique, qui consiste à interroger le signifiant sur la cohérence du signifiant. Là, Socrate est fort. - S'il passe la parole à Diotime, pourquoi ne serait-ce pas parce que, concernant l'amour, les choses ne sauraient aller plus loin avec la méthode proprement socratique ? - 144 - [Diotime] pourquoi pas, la femme qui est en lui? - 147 - Ce qui est bien joli dans ce mythe, c'est la manière dont l'Aporia engendre Amour avec Poros. - c'est le masculin qui est désirable, c'est le féminin qui est actif. - Il est évident qu'il s'agit bien de cela, puisque la pauvre Aporia par définition et par structure n'a rien à donner, que son manque [son désir], aporia , constitutif. - 157 - la féminine Aporia, c'est l'erastès , la désirante originelle [elle ne peut pas être d'abord désirée puisqu'elle n'a rien...] - 173 - cet autre, en tant qu'objet de désir, est peut-être l'addition d'un tas d'objets partiels, ce qui n'est pas du tout pareil qu'un objet total. - ce fond que l'on appelle le ça, n'est peut-être qu'un vaste trophée de tous ces objets. Non, à l'horizon de notre ascèse à nous, de notre modèle de l'amour, nous avons mis de l'autre. Nous aimons l'autre pour lui-même. Du moins quand on est arrivé au but et à la perfection. Le stade génital bénit tout ça. - 174 - nous prenons l'autre pour un sujet et non pas pour purement et simplement notre objet. - niaiserie analytique - vocabulaire existentialo-analytique - Je ne sache pas qu'après avoir donné une connotation si péjorative au fait de considérer l'autre comme un objet, quelqu'un ait jamais fait la remarque que de le considérer comme un sujet, ce n'est pas mieux. - si un objet en vaut un autre, pour le sujet c'est encore bien pire. Car ce n'est pas simplement un autre sujet qu'il vaut - un sujet, strictement, en est un autre. - 179 - [Dès l'entrée d'Alcibiade] il va être question de faire l'ÉLOGE, épaïnos , de l'autre, et c'est précisément en cela, quant au dialogue, que réside le passage de la métaphore. L'éloge de l'autre se substitue non pas à l'éloge de l'amour, mais à l'amour lui-même [faire l'éloge c'est faire l'amour, c'est déjà aimer] - 183 - le fait que Socrate se refuse à entrer lui-même dans le jeu de l'amour est étroitement lié à ceci (...) que, pour lui, il n'y a rien en lui qui soit aimable. Son essence est ce vide, ce creux - [au contraire d'Agathon qui, lui, est "plein"... comme un œuf] A savoir que, sauf concernant les choses de l'amour, il ne sait rien. - 190 - [Accessoirement - et c'est là qu'il faut interpréter - Alcibiade s'est tourné vers Agathon et le met en garde contre Socrate ; mais l'on voit que tel est le but, depuis le départ, d'Alcibiade : draguer Agathon ; il aura fallu pour cela que Socrate fasse l'éloge d'Agathon - c'est cela le "désir de l'analyste" - afin de] faire passer [c'est cela le transfert], moi Socrate, l'image de toi aimant, c'est par là que tu vas entrer dans la voie des identifications supérieures que trace le chemin de la beauté. Ce serait oublier que] le désir dans sa racine et son essence, c'est le désir de l'Autre, et c'est ici à proprement parler qu'est le ressort de la naissance de l'amour, si l'amour, c'est ce qui se passe dans cet objet vers lequel nous tendons la main par notre propre désir, et qui, au moment où notre désir fait éclater son incendie, nous laisse apparaître un instant cette réponse, cette autre main qui se tend vers nous comme son désir. - 203 - Tout le problème est de s'apercevoir du rapport qui lie l'Autre auquel est adressée la demande d'amour, à l'apparition du désir. L'Autre [devient alors] (...) quelque chose qui en représente, à proprement parler, une déchéance - je veux dire, quelque chose qui est de la nature de l'objet. - 394 - ce n'est pas simplement que l'amour est souvent coupable, c'est qu'on aime pour échapper à la culpabilité. - l'amour est au fond besoin d'être aimé par celui ou celle-là qui pourrait vous rendre coupable. - 395 - l'incidence, je ne dis pas de l'idéal du moi, mais bel et bien du surmoi comme tel - 414 - La dimension, la perspective, le registre de l'amour se développe, se profile, s'inscrit, dans ce que l'on peut appeler l'inconditionnel de la demande.


1962/63 - L'angoisse - 21/11/61 - je t'identifie, toi à qui je parle, toi-même, à l'objet qui te manque à toi-même, c'est-à-dire que par ce circuit où je suis obligé pour atteindre l'objet de mon désir, j'accomplis justement pour lui [toi] ce qu'il cherche. - 13/03/63 - seul l'amour permet à la jouissance de condescendre au désir - l'amour est la SUBLIMATION du désir - 26/06/63 - ce qu'il [l'obsessionnel] entend qu'on aime, c'est de lui, une certaine image. Cette image, il la donne à l'autre et tellement qu'il s'imagine que, si cette image venait à faire défaut, l'autre ne saurait plus à quoi se raccrocher. C'est le fondement de ce que j'ai appelé ailleurs, la dimension altruiste de cet amour mythique fondé sur une mythique oblativité.

1964 - Les quatre concepts… - 228 - Le Transfert est impensable, sinon à prendre son départ dans le SSS. - [Celui-ci] Il est supposé savoir ce à quoi nul ne saurait échapper, dès lors qu'il la formule - (...) la signification. - le sujet est supposé savoir, de seulement être sujet du désir. Or, que se passe--til ? Il se passe ce qu'on appelle (...) effet de transfert. Cet effet est d'amour. - comme tout amour, il n'est repérable (...) que dans le champ du narcissisme. Aimer, c'est essentiellement vouloir être aimé. - 229 - sa fonction de tromperie. L'amour, sans doute, est un effet de T, mais c'en est la face de RESISTANCE. Nous sommes liés à attendre cet effet de T pour pouvoir interpréter, et en même temps, nous savons qu'il ferme le sujet à l'effet de notre interprétation. - l'effet d'aliénation (...) est ici absolument manifeste. - Cela veut dire que le T n'est pas, de sa nature, l'ombre de quelque chose qui eût été auparavant vécu. Bien au contraire, le sujet, en tant qu'assujetti au désir de l'analyste, désire le tromper de cet assujettissement, en se faisant aimer de lui - C'est pourquoi, derrière l'amour dit de T, nous pouvons dire que ce qu'il y a, c'est l'affirmation du lien du désir de l'analyste au désir du patient.