Angoisse


1956/57 - La relation d'objet - (1) [L'objet] est si l'on peut dire, placé sur fond d'angoisse, c'est pour autant que l'objet est instrument à masquer - L'objet est avant tout un poste avancé contre une peur instituée qui lui donne son rôle, sa fonction à un moment - [Dans le cas du fétiche, même si c'est différent] Vous ne pouvez pas ne pas voir qu'ici aussi l'objet a une certaine fonction de complémentation par rapport à quelque chose qui, ici, se présente comme un trou, voire comme un abîme dans la réalité - 446 - [Complexe de castration. L'enfant s'aperçoit de ce qu'il a comme étant] quelque chose de misérable : il devient dès lors la proie des significations de l'autre [c'est-à-dire qu'il s'agit d'en répondre, de ce qu'on a, ou plutôt de ce qu'on a pas. D'où l'angoisse. Cette réponse, c'est dans l'imaginaire qu'elle se trouve, et c'est le père qui l'apporte (le père de Hans ne l'apporte justement pas) : par son interdiction.] - (résumé par Pontalis) - [Pour Hans] Les chevaux - objet de la phobie - sortent de l'angoisse mais ce qu'ils portent c'est la peur : ils peuvent mordre, il peuvent tomber. Loin de devoir être considérée comme un élément primitif, la peur est toujours placée en avant du point d'angoisse.

1960/61 - Le Transfert - 419 - [Pour Freud, dans l'angoisse]Le moi retire l'investissement préconscient (...) de ce qui, dans la pulsion, est représentant. Ce cher représentant est à refouler. Il se transforme (...) en déplaisir et Angst . - 420 - si on l'applique à notre propre formulation - Cela veut dire que l'angoisse se produit quant l'investissement du petit a est reporté sur le S barré. Seulement le S barré n'est pas quelque chose de saisissable, et ne peut être conçu que comme une place - ordinairement occupée par ce qui se produit d'homologique à l'étage inférieur du graphe, i(a) . - 421 - Disons avec Freud que le signal d'angoisse se produit au niveau du moi. - 422 - [ou plus exactement] un quelque part que peut occuper le i(a) - 423 - Si l'intactitude, l'intouchabilité de cette image [spécialement pour l'obsessionnel] n'était pas soigneusement préservée, ce qui surgirait serait bel et bien l'angoisse. - Et l'angoisse devant quoi ? - 424 - [devant l'autre] en tant que a , non pas l'image de lui-même, mais comme l'objet de son désir. - Sans doute l'angoisse se produit-elle topiquement à la place définie par i(a) (...) mais il n'y a de signal d'angoisse que pour autant qu'il se rapporte à un objet de désir, en tant que celui-ci perturbe précisément le moi idéal - 424 - Dans (...) la détresse, le sujet est purement et simplement chaviré, débordé par une situation éruptive à laquelle il ne peut faire face d'aucune façon. Entre cela et prendre la fuite (...) il y a une autre solution, et c'est ce que Freud nous pointe en soulignant dans l'angoisse son caractère d'Erwartung . - Quand nous en sommes là, l'angoisse est le dernier mode, mode radical, sous lequel le sujet continue de soutenir, même si c'est d'une façon insoutenable, le rapport au désir. - 425 - [Alors que dans l'hystérie et l'obsession il faut en passer par la métaphore de l'autre] au point où le sujet se voit comme castré, confronté au grand Autre [ainsi M.K. pour Dora, dans la phobie la place de l'objet visée par l'angoisse est plus nette, si l'on peut dire, puisque remplie par Grand Phi. Tout ce qui peut métaphoriser le grand Autre, d'une manière générale, peut aussi communiquer l'angoisse:] - 426 - L'angoisse à laquelle votre névrosé a affaire, l'angoisse comme énergie, est une angoisse qu'il a la grande habitude d'aller chercher à la louche, à droite ou à gauche, chez tel ou tel des grand A auxquels il a affaire. - 428 - le désir présente en lui-même un caractère dangereux, menaçant - [d'où] la petite levée d'angoisse qui se produit chaque fois qu'il s'agit véritablement du désir du sujet.

1961/62 - L'identification - 04/04/62 - l'angoisse c'est bête comme chou. - l'angoisse, c'est la sensation du désir de l'Autre. - Il s'agit à proprement parler de l'appréhension pure du désir de l'Autre comme tel si justement je méconnais quoi ? mes insignes : à savoir que moi je suis affublé de la dépouille du mâle. Je ne sais pas ce que je suis comme objet pour l'Autre. L'angoisse, dit-on, est un affect sans objet, mais ce manque d'objet, il faut savoir où il est : il est de mon côté. - Ce que la configuration ici demande, (...) c'est un médium entre demande et désir. Ce médium, il a un nom, ça s'appelle le phallus. [c'est] ce qui donne la mesure de ce champ. - Je ne connais pas le désir de l'Autre : l'angoisse, mais j'en connais l'instrument : le phallus ; et qui que je sois je suis prié d'en passer par là et de ne pas faire d'histoires - la femme n'est pas la plus mal partagée dans cette affaire parce qu'après tout pour elle c'est plus simple : puisqu'elle ne l'a pas elle n'a qu'à le désirer - Car pour l'homme, pour que son phallus puisse servir à ce fondement du champ du désir, va-t-il falloir qu'il le demande pour l'avoir [d'où des déceptions en vue, si le sujet s'abandonne à la demande] - cette demande n'a à proprement parler pas de terme - encore qu'il faille, pour introduire, pour instaurer ce champ du désir, qu'il soit demandé - comme vous le savez il n'est à proprement parler pas au pouvoir de l'Autre d'en faire le don sur le plan de la demande

1962/63 - L'angoisse - 28/11/62 - Ce qui constitue l'angoisse, c'est quand quelque chose, un mécanisme, fait apparaître (...) à la place qui correspond à celle qu'occupe le "a" du désir, quelque chose (...) entendez n'importe quoi - l'Unbeimlich, c'est ce qui apparaît à cette place. - c'est le -phi, le quelque chose qui nous rappelle que ce dont tout part c'est de la castration imaginaire, qu'il n'y a pas (...) d'image du manque. Quand il apparaît quelque chose là, c'est donc, si je puis m'exprimer ainsi, que le manque vient à manquer. - - 05/12/62 - l'angoisse n'est pas le signal d'un manque, mais (...) le défaut de cet appui du manque. - ce n'est pas la nostalgie de ce qu'on appelle le sein maternel qui engendre l'angoisse, c'est son imminence, c'est tout ce qui nous annonce quelque chose qui nous permettrait d'entrevoir qu'on va y rentrer. Qu'est-ce qui provoque l'angoisse ? ce n'est (...) le rythme ni l'alternance de la présence-absence de la mère. Et ce qui le prouve, c'est que ce jeu présence-absence l'enfant se complaît à le renouveler - ce rapport est le plus perturbé quand il n'y a pas de possibilité de manque, quand la mère est tout le temps sur son dos et spécialement à lui torcher le cul, modèle de la demande - 19/12/62 - Un miroir [grand A] ne s'étend pas à l'infini, un miroir a des limites - on peut voir dans ce miroir à partir d'un point situé, si l'on peut dire, quelque part dans l'espace du miroir d'où il n'est pas pour le sujet aperceptible. - Autrement dit (...) l'angoisse est ancadrée [par le fantasme]. -C'est ce surgissement de l'Heimlich dans le cadre, qui est le phénomène de l'angoisse. Et c'est pourquoi il est faux de dire que l'angoisse est sans objet. - 09/01/93 - "elle n'est pas sans objet" - ce rapport de "n'être pas sans l'avoir" , ne veut pas dire qu'on sache de quel objet il s'agit. "il n'est pas sans ressources", ça veut dire justement que ses ressources sont obscures - 19/12/62 - [Dans l'embarras, il y a un signifiant en trop] - [Dans l'émoi, il y a un signifiant en moins] - 19/12/62 - la véritable substance de l'angoisse, le "ce qui ne trompe pas", le hors de doute, car ne vous laissez pas prendre aux apparences, ce n'est pas parce que le lien peut vous paraître cliniquement sensible bien sûr de l'angoisse au doute, à l'hésitation, au jeu du ambivalent de l'obsessionnel, que c'est la même chose. L'angoisse n'est pas le doute ; l'angoisse c'est la cause du doute. - le doute (...) n'est fait que pour combattre l'angoisse - ce qu'il s'agit d'éviter, c'est ce qui dans l'angoisse se tient d'affreuse certitude. [voir tableau p. 83]. - 23/01/63 - c'est à savoir entre le sujet et l'Autre si l'angoisse n'est pas le mode communication si absolu qu'à vrai dire on peut se demander si l'angoisse n'est pas au sujet et à l'Autre ce qui est, à proprement parler, commun. -  - 27/02/63 - Le désir de l'Autre ne me reconnaît pas, comme le croit Hegel, ce qui rend la question bien facile. Car s'il me reconnaît, comme il ne me reconnaîtra jamais suffisamment, je n'ai qu'à user de la violence. - Il me met en cause, m'interroge à la racine même de mon désir à moi comme "a", comme cause de ce désir - C'est cette dimension temporelle qui est l'angoisse, et c'est cette dimension temporelle qui est celle de l'analyse. C'est parce que le désir de l'analyste suscite en moi cette dimension de l'attente - Seulement pour cela, il faut savoir ce que c'est que le désir et voir sa fonction, non pas seulement sur le plan de la lutte, mais là où Hegel (...) n'a pas voulu aller le chercher, sur le plan de l'amour. - le désir ne concerne pas l'objet aimé. - 27/02/63 - ce qui échappe au masochiste et qui le met dans le même cas que tous les pervers, c'est qu'il croit, bien sûr, que ce qu'il cherche, c'est la jouissance de l'autre ; mais justement, parce qu'il le croit, ce n'est pas cela qu'il cherche. Ce qui lui échappe à lui, encore que ce soit vérité sensible (...) c'est qu'il cherche l'angoisse de l'autre. - 06/03/63 - cette angoisse qui est la visée aveugle du masochiste car son fantasme la lui masque, elle n'en est pas moins ce que nous pourrions appeler l'angoisse de Dieu - celui pour lequel est instauré le sacrifice, cad au niveau du père 06/03/63 - chez le sadique l'angoisse est moins cachée - Elle vient en avant dans le fantasme, lequel (...) fait de l'angoisse de la victime une condition tout à fait exigée. Ce que le sadique cherche dans l'autre [car] (...) la référence à l'autre comme tel, fait partie de sa visée (...) quelque chose ["la peau du con" Sade] est cherché qui est en sorte l'envers du sujet - réaliser la jouissance de DIEU - 06/03/63 - l'orgasme [chez l'être humain] coincide avec la mise hors de combat (...) de l'instrument par la détumescence - [cf] la première intuition de Freud sur une certaine source de l'angoisse - le coïtus interruptus [où] (...) l'instrument est mis au jour dans sa fonction, soudain déchu, de l'accompagnement de l'orgasme, en tant que l'orgasme est supposé signifier une satisfaction commune. - l'angoisse est justement provoquée par (...) la mise hors de jeu de l'instrument dans la jouissance. La subjectivité, si vous voulez, est focalisée sur la chute du phallus. - 13/03/63 - c'est bien du côté du réel (...) que nous avons à chercher de l'angoisse, ce qui ne trompe pas. Ce n'est pas à dire que le réel épuise la notion de ce que vise l'angoisse. - 13/03/63 - conjonction de l'orgasme et de l'angoisse en tant que l'un et l'autre ensemble peuvent être définis par une situation exemplaire (...) une certaine attente de l'Autre - 15/05/63 - possibilité de la production d'un orgasme au sommet d'une situation angoissante - est-ce que ce n'est pas dans la mesure où l'orgasme c'est la réalisation même de ce que l'angoisse indique - que dans aucun des deux cas ils [le point de désir et le point d'angoisse] ne coincident. - 26/03/63 - le (a) prend sa valeur de venir dans le pot du (moins phi) - que ce vase-là devienne angoissant, pourquoi ? Parce que ce qui vient à demi remplir le creux constitué de la castration originelle, c'est ce petit (a) en tant qu'il vient d'ailleurs, qu'il n'est supporté, constitué que par l'intermédiaire du désir de l'Autre. Et c'est là que nous retrouvons l'angoisse et la forme ambiguë de ce bord qui, tel qu'il est fait au niveau de l'autre vase, ne nous permet de distinguer ni intérieur, ni extérieur. L'angoisse donc vient se constituer (...) dans un rapport au-delà de ce vide d'un temps premier, si je puis dire, de la castration. Et c'est pour cela que le sujet n'a qu'un désir quant à cette castration première, c'est d'y retourner. - 29/05/63 - 29/05/63 - C'est parce que le phallus ne réalise pas, si ce n'est dans son évanescence, la rencontre des désirs, qu'il devient le lieu commun de l'angoisse. - le phallus fonctionne partout, sauf là où on l'attend (...) nommément au stade phallique - c'est cet évanouissement de la fonction phallique comme telle à ce niveau où il est attendu pour fonctionner, qui est le principe de l'angoisse de castration. D'où la notation (moins phi) dénotant cette carence - 05/06/63 - Que le phallus ne se trouve pas là où on l'attend (...) à savoir sur le plan de la médiation génitale, voilà ce qui explique que l'angoisse est la vérité de la sexualité, cad ce qui apparaît chaque fois que son flux se retire, montre le sable. La castration est le prix à payer de cette structure, elle se substitue à cette vérité. Mais en fait, ceci est un jeu illusoire, il n'y a pas de castration parce que (...) il n'y a pas d'objet à castrer - Le phallus, là où il est attendu comme sexuel, n'apparaît jamais que comme manque - 26/06/63 - ce caractère d'être sans cause, mais non pas sans objet - non seulement elle n'est pas sans objet mais elle désigne très probablement l'objet, si je puis dire, le plus profond, l'objet dernier, la chose, c'est en ce sens (...) qu'elle est ce qui ne trompe pas. - 03/07/63 - Mais ceci [cette angoisse] en fin de compte n'est lié qu'au niveau où je puis en donner cette fable exemplaire où l'autre serait un radicalement autre, serait cette mante religieuse d'un désir vorace - 03/07/63 - cette manifestation de l'angoisse coincidant avec l'émergence même au monde de celui qui sera le sujet, c'est le cri : le cri (...) comme rapport non pas originel mais terminal à ce que nous devons considérer comme étant le cœur même de cet Autre, en tant qu'il s'achève pour nous à un moment comme notre prochain. - 03/07/63 - [c'est] au niveau du désir scopique, que si la structure du désir est pour nous, la plus pleinement développée dans son aliénation fondamentale, c'est là aussi que l'objet (a) est le plus masqué et avec lui, le sujet qui est quant à l'angoisse le plus sécurisé. [fantasme] - 03/07/63 - L'angoisse, Freud (...) l'a désignée comme signal (...) signal articulé de ce qu'il appelle danger - ce que j'aurai, pour vous, cette année, articulé d'original, c'est la précision sur ce qu'est ce danger - lié au caractère de cession, du moment constitutif de l'objet (a).

1963 - Les noms du père - 20/11/63 - L'orgasme est en lui-même angoisse, pour autant qu'à jamais par une faille centrale le désir est séparé de la jouissance. - 20/11/63 - ce dont le sujet est dans l'angoisse affecté, c'est (...) par le désir de l'Autre. Il en est affecté d'une façon que nous devons dire immédiate, non dialectisable et c'est en ceci que l'angoisse est, dans l'affect du sujet, ce qui ne trompe pas. - Dans l'angoisse, l'objet (a) choit.