Bien

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse -  46 - [Le bien, et la morale du bien, ne peut pas être du côté de la vraie morale, du côté du principe de réalité:] Pourquoi toujours revenir à ce même thème du plaisir ? A quoi tient l'exigence interne qui conduit l'éthicien à tenter de réduire les antinomies qui s'attachent à ce thème - du fait que le plaisir apparaît le terme opposé à l'effort moral, et qu'il faut pourtant qu'il y trouve la référence dernière [bien = principe de plaisir, irrémédiablement] - 85 - Eh bien, le pas fait, au niveau du principe du plaisir, par Freud, est de nous montrer que qu'il n'y a pas de Souverain Bien - que le Souverain Bien, qui est das Ding , qui est la mère, l'objet de l'inceste, est un bien interdit, et qu'il n'y a pas d'autre bien. Tel est le fondement, renversé chez Freud, de la loi morale. - 261 - toute méditation sur le bien de l'homme, depuis l'origine de la pensée moraliste (...) s'est faite en fonction de l'index du plaisir - [s'acharnant à distinguer] les vrais et les faux biens que le plaisir indique - [du nouveau avec Freud:] - 262 - Or le nerf du principe de plaisir se situe au niveau de la subjectivité. - la répétition du besoin [par ex., ne joue que comme] (...) besoin de répétition, ou plus exactement de la compulsion de répétition. - 265 - La question du bien est à cheval sur le principe du plaisir et le principe de réalité. - en vérité, nous faisons de la réalité avec du plaisir. Cette notion est essentielle. Elle se résume tout entière dans la notion de praxis (...) en tant qu'elle concerne, d'une part, la dimension éthique (...), d'autre part la fabrication la production ex nihilo - 270 - Le domaine du bien est la naissance du pouvoir. La notion de la disposition du bien est essentielle (...), la revendication de l'homme parvenu (...) à disposer de lui-même. - disposer de ses biens, c'est avoir le droit d'en priver les autres. - Je veux dire que le pouvoir d'en priver les autres, voilà un lien très fort d'où va surgir l'autre comme tel. - Opposant la privation à la frustration et à la castration, je vous ai dit qu'elle était une fonction instituée comme telle dans le symbolique, en ce sens que rien n'est privé de rien, ce qui n'empêche pas que le bien dont on est privé est tout à fait réel. Mais l'important est de savoir que le privateur est une fonction imaginaire. - 274 - La véritable nature du bien, sa duplicité profonde, tient à ce qu'il n'est pas purement et simplement bien naturel, réponse à un besoin, mais pouvoir possible, puissance de satisfaire ["faire" le bien]. De ce fait, tout le rapport à l'homme avec le réel des biens s'organise par rapport au pouvoir qui est celui de l'autre, l'autre imaginaire, de l'en priver. - nous définirons l'idéal du moi du sujet comme représentant le pouvoir de faire le bien - 275 - quant au moi idéal (...) il représente par lui-même celui qui nous prive. - 276 - Pour nous, dans le discours de la communauté, du bien en général, nous avons affaire aux effets d'un discours de la science où se montre pour la première fois dévoilée la puissance du signifiant comme tel. - une aliénation supplémentaire. - 277 - En quoi ? En ceci que c'est un discours qui, par structure, n'oublie rien. [mathématiques] C'est en cela qu'il se différencie du discours de la mémorisation première qui se poursuit en nous à notre insu, du discours mémorial de l'ics dont le centre est absent, dont la place est située par le il ne savait pas qui est proprement le signe de cette omission fondamentale où le sujet vient se situer.