Mélancolie

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 19/03/58 - Ce qui est interdit [comme objet] rejette le sujet dans quelque chose où il ne trouve plus rien à se signifier. C'est ce qui en fait (...) le caractère douloureux, et c'est pour autant que le Moi peut de la part de l'idéal-du-Moi par exemple, à l'occasion se trouver dans cette position de rejet, que s'établit l'état (...) mélancolique.

1960/61 - Le Transfert - 457 - Prenez le schéma de la Massenpsychologie par où Freud nous origine l'identification de l'idéal du moi. - Pour que tous les sujets aient collectivement, au moins un instant, le même idéal, qui permet tout et n'importe quoi pendant un temps assez court, il faut, explique-t-il, que tous ces objets extérieurs soient pris en tant qu'ayant un trait commun, einziger Zug. - ce qui est vrai au niveau du collectif l'est aussi au niveau de l'individuel. C'est autour de la fonction de l'idéal que s'accommode le rapport du sujet aux objets extérieurs. - Dans le monde d'un sujet qui parle, que l'on appelle le monde humain, c'est pure et simple affaire d'essai métaphorique que de donner à tous les objets un trait commun - 458 - hors de ce registre, il est impossible de concevoir ce que veut dire Freud dans la psychologie du deuil et de la mélancolie. - -le deuil consiste à identifier la perte réelle, pièce à pièce, morceau par morceau, signe à signe, élément grand I à élément grand I, juqu'à épuisement. Quand cela est fait, fini. - l'affaire ne commence à devenir sérieuse qu'à partir du pathologique, cad de la mélancolie. L'objet y est, chose curieuse, beaucoup moins saisissable pour être certainement présent, et pour déclencher des effets infiniment plus catastrophiques, puisqu'ils vont jusqu'au tarissement de ce que Freud appelle le sentiment le plus fondamental, celui qui vous attache à la vie. - Quels traits se laissent-ils voir d'un objet si voilé, masqué, obscur ? - nous pouvons en identifier quelques-uns à travers ceux qu'il vise comme étant ses propres caractéristiques à lui. - Remarquez qu'il ne s'agit jamais de l'image spéculaire. Le mélancolique ne vous dit pas qu'il a mauvaise mine, ou qu'il a une sale gueule, ou qu'il est tordu, mais qu'il est le dernier des derniers, qu'il entraîne des catastrophes pour toute sa parente, etc. Dans ses accusations, il est entièrement dans le domaine du symbolique. Ajoutez-y l'avoir - il est ruiné. - 459 - Il s'agit de ce que j'appellerais, non pas le deuil ni la dépression au sujet de la perte d'un objet, mais un remords d'un certain type, déclenché par un dénouement qui est de l'ordre du suicide de l'objet. Un remords donc, à propos d'un objet qui est entré à quelque titre dans le champ du désir, et qui, de son fait, ou de quelque risque qu'il a couru dans l'aventure, a disparu.