Métaphore

1953 - Fonction et champ de la parole… - 140 - l'analogie n'est pas la métaphore, et le recours qu'y ont trouvé les philosophes de la nature, exige le génie d'un Gœthe dont l'exemple même n'est pas encourageant.

1953/54 - Les écrits techniques de Freud - 262 - La comparaison n'est qu'un développement secondaire de la première émergence à l'être du rapport métaphorique - Du seul fait que j'ai formulé ce rapport, c'est moi, mon être, mon aveu, mon invocation, qui entre dans le domaine du symbole. [symbolique]

1955/56 - Les psychoses - 247 - cet envahissement du signifiant [dans le délire] qui va à se vider du signifié à mesure qu'il occupe plus de place - même quand les phrases peuvent avoir un sens, on n'y rencontre jamais rien qui ressemble à une métaphore. - 247 - Sa gerbe n'était point avare, ni haineuse - Victor Hugo. Voilà une métaphore. - Il n'y a pas comparaison, mais identification. - 248 - Sans la structure signifiante, cad sans l'articulation prédicative, sans la distance maintenue entre le sujet et ses attributs, on ne pourrait qualifier la gerbe d'avare et de haine. C'est parce qu'il y a une syntaxe, un ordre primordial de signifiant - Cette phase du symbolisme qui s'exprime dans la métaphore suppose la similarité, laquelle est manifestée uniquement par la position [et non le sens]. C'est par le fait que la gerbe est le sujet de avare et de haineuse , qu'elle peut être identifiée à Booz dans son manque d'avarice et de générosité. - [La syntaxe est d'ordre plutôt métonymique, mais c'est le fait de tenir compte de cet ordre qui permet l'émergence de la métaphore, le fait que "gerbe" soit à la place de "Booz": émergence d'une signification] - 257 -J'admets très bien que quelqu'un m'objecte que la gerbe de Booz est métonymique - Mais ce n'est pas cela qui fait la vertu métaphorique de cette gerbe, c'est qu'elle est mise en position de sujet dans la proposition, à la place de Booz. - 250 - [La métonymie] Elle concerne la substitution à quelque chose qu'il s'agit de nommer - nous sommes en effet au niveau du nom - . On nomme une chose par une autre qui en est le contenant, ou la partie, ou qui est en connexion avec. - 251 - ce que Freud a mis originellement au premier plan dans les mécanismes de la névroses [ou du rêve, etc.], ce n'est ni la dimension métaphorique, ni l'identification. C'est le contraire. - 256 - L'important est l'opposition entre deux sortes de liens qui sont eux-mêmes internes au signifiant. / D'abord le lien positionnel, qui est le fondement [métonymique] du lien que j'ai appelé tout à l'heure propositionnel. - l'ordre des mots. - coexistence synchronique des termes. - 257 - [A l'opposé on trouve un] lien de similarité [métaphore] (...) lié à la possibilité indéfinie de la fonction de substitution, [mais] laquelle n'est concevable que sur le fondement de la relation positionnelle. - 259 - la métonymie est au départ, et c'est elle qui rend possible la métaphore. Mais la métaphore est d'un autre degré [subjectif] que la métonymie. - Anna Freud endormie (...) - Grosses fraises, framboises, flans, bouillies. - c'est la forme la plus schématique, la plus fondamentale, de la métonymie. - Qu'ils [ces éléments] soient là, juxtaposées, coordonnés dans la nomination articulée, tient à la fonction positionnelle qui les met en position d'équivalence. - nous sommes sur le plan de (...) l'articulation signifiante comme telle. C'est seulement à l'intérieur de ce cadre [métonymique] qu'est possible le transfert de signification [métaphore] - C'est le cœur de la pensée freudienne. L'œuvre commence par le rêve, ses mécanismes de condensation et déplacements, de figuration, ils sont tous de l'ordre de l'articulation métonymique, et c'est sur ce fondement que la métaphore peut intervenir. - 260 - Ma grosse fille pleine de fesses et de muscles . ÷ ce langage, n'est évidemment pas le même que celui de Sa gerbe n'était point avare, ni haineuse. - 261 - De même que s'opposent métaphore et métonymie, de même s'opposent les fonctions fondamentales de la parole - la parole fondatrice et les mots de passe. - [Opposition entre : Mon homme /Ma femme. - Ou bien : La merde [pour eau sale] sortait des tuyaux / Ce type n'est qu'une merde, une loque : c'est la place, cad le statut grammatical e position de sujet qui fait la métaphore]

1957 - D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose - 557 - formule de la métaphore, ou de la substitution signifiante : S/S. S'/x => S(1/s), où les grands S sont des signifiants, x la signification inconnue et s le signifié induit par la métaphore, laquelle consiste dans la substitution dans la chaîne signifiante de S à S'. L'élision de S', ici représenté par sa rature, est la condition de la résussite de la métaphore. - 557 - la métaphore du Nom-du-Père, soit la métaphore qui substitue ce Nom à la place premièrement symbolisée par l'opération de l'absence de la mère. Nom-du-Père/Désir de la Mère . Désir de la Mère/Signifié au sujet => Nom-du-Père (A/Phallus).

1957 - L'instance de la lettre dans l'inconscient - 506 - Disons que la poésie moderne et l'école surréaliste nous ont faire faire ici un grand pas, en démontrant que toute conjonction de deux signifiants serait équivalente pour constituer une métaphore, si la condition du plus grand disparate des images signifiées n'était exigée pour la production de l'étincelle poétique, autrement dit pour que la création métaphorique ait lieu. - 507 - L'étincelle créatrice de la métaphore ne jaillit pas de la mise en présence de deux images, cad de deux signifiants également actualisés. Elle jaillit entre deux signifiants dont l'un s'est substitué à l'autre en prenant sa place dans la chaîne signifiante, le signifiant occulté [refoulé? il y aurait refoulement par la métaphore dans la névrose, et forclusion de toute métaphore dans la psychose cad la métonymie]. - Un mot pour un autre, telle est la formule de la métaphore. - 508 - L'amour est un caillou riant dans le soleil. - On voit que la métaphore se place au point précis où le sens se produit dans le non-sens, cas à ce passage dont Freud a découvert que, franchi à rebours [= par la lecture du symptôme], il donne lieu [au mot d'esprit] (...), et où se touche que c'est sa destinée même que L'HOMME met au défi par la dérision du signifiant. / [Inversement] que trouve l'homme dans la METONYMIE, si ce doit être plus que le pouvoir de tourner les obstacles de la censure sociale ? Cette forme qui donne son champ à la vérité dans son oppression, ne manifeste-t-elle pas quelque servitude inhérente à sa présentation? - 518 - Le mécanisme à double détente de la métaphore est celui-Là même où se détermine le symptôme au sens analytique. Entre le signifiant énigmatique du trauma sexuel et le terme à quoi il vient se substituer dans une chaîne signifiante actuelle, passe l'étincelle, qui fixe dans un symptôme, - métaphore où la chair ou bien la fonction sont prises comme élément signifiant, - la signification inaccessible au sujet conscient où il peut se résoudre. [cf. Perversion/ Métonymie] - 528 - si le symptôme est une métaphore, ce n'est pas une métaphore que de la dire, non plus que de dire que le désir de l'homme est une métonymie.

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 13/11/57 - [cf. l'exemple de Freud : familionnaire avec millionnaire + familier, à la place de familier] il y a quelque chose qui est tombé, qui est éludé - [et] quelque chose est resté - [ce qui est refoulé, comme le "Signor" de Freud, va se mettre à tourner en rond entre le code et le message] - quelque chose s'est produit qui a comprimé, embouti l'un dans l'autre, le familier et le millionnaire - Il y a donc là quelque chose qui est une sorte de cas particulier de la fonction de substitution, cas particulier dont il reste en quelque sorte des traces. La condensation (...) est une forme particulière de ce qui peut se produire au niveau de la fonction de substitution. - [A la formation du mot d'esprit, il y a un endroit et un envers, métaphore et métonymie. Pour pouvoir reconnaître une métaphore, il faut considérer deux choses : 1) le centre du phénomène, à savoir ce qui s'est produit au niveau de la création signifiante, 2) son essence qui est la sanction donnée par l'Autre à cette création elle-même.] - C'est en cela qu'est la distinction du trait d'esprit par rapport à ce qui est pur et simple phénomène, relation de symptôme par exemple, c'est dans le passage à la fonction seconde [cette sanction de l'Autre] que gît le trait d'esprit lui-même. - [Dans le cad de "familionnaire", la métaphore, le trait d'esprit dont réussis. Il n'empêche qu'il reste un résidu, disons le déchet même de la création métaphorique, savoir ce qui se ballade quelque part entre code et message, le mot "familier" bien sûr.] - 13/11/57 - la métaphore n'est pas une injection de sens comme si c'était possible, comme si les sens étaient quelque part, où que ce soit dans un réservoir. Le mot "atterré" n'apporte pas le sens en tant qu'il a une signification, mais en tant que signifiant, cad qu'ayant le phonème "ter", il a le même phonème qui est dans "terreur". C'est par la voie signifiante, c'est par la voie de l'équivoque, c'est par la voie de l'homophonie, cad de la chose la plus non-sens qui soit, qu'il vient engendrer cette nuance de sens - cette nuance (...) implique une certaine domination et un certain apprivoisement de la terreur. - la terreur n'y est pas complète. - la terreur est dans une demie ombre à cette occasion. - disons le mot : le signifiant est refoulé [refoulement] à proprement parler. Dans tous les cas, dès que s'est établi dans sa nuance actuelle l'usage du mot "atterré", le modèle, sauf recours au dictionnaire, au discours savant, n'est plus à votre disposition. A propos du mot "atterré" il est comme "terre", "terra", refoulé. C'est dans le rapport S/S', cad d'un signifiant à un signifiant, que va s'engendrer un certain rapport S/s, cad signifiant sur signifié. - [c'est avec] la réserve homonymique avec laquelle travaille, que nous le voyions ou que nous ne le voyions pas, la métaphore. - 20/11/57 - Il faut que nous considérions toutes les significations humaines comme ayant été à quelque moment métaphoriquement engendrées par des conjonctions signifiantes - 27/11/57 - [le mot d'esprit n'est tout de même pas identique à la métaphore] [dans l'ex. donné par Lacan du "veau d'or", l'esprit consiste au contraire] à subvertir toutes les références où ce veau d'or est son expression métaphorique - c'est à deux dimensions différentes de quelque chose (...) que l'expérience du trait d'espeit se réfère - quelque chose qui paraît escamotage, tour de passe-passe, faute de pensée, c'est le trait commun [du trait d'esprit] - 19/03/58 - nous avons donc aussi bien chez le garçon que chez la fille à un moment donné, une relation à un certain objet (...), objet d'ores et déjà constitué, (...) et cet objet va devenir quelque chose qui est l'idéal du moi. Il va le devenir pas ses insignes. - constitution de cet objet comme un certain signifiant qui prend une certaine place, (...) qui devient une métaphore du sujet - [par ex.] dans le cas où la fille s'identifie à son père - ce père qu'elle a désiré et qui lui a refusé le désir de sa demande, devient quelque chose qui est à sa place. Le caractère métaphorique de la formation de l'idéal du Moi est un élément essentiel

1960/61 - Le Transfert - C'est en tant que la fonction de l'érastès, de l'aimant, pour autant qu'il est le sujet du manque, vient à la place, se substitue à la fonction de l'éroménos, l'objet aimé, que se produit la signification de l'amour. - 67 [et] quand c'est vous qui étiez d'abord l'éroménos, l'objet aimé, et que soudain vous devenez l'érastès, celui qui désire. - 68 - Aussi bien cette symétrie n'en est pas une, car en tant que la main se tend [désirante], c'est vers un objet. La main qui apparaît de l'autre côté est le miracle [de l'amour] - [il en résulte que même si l'amour apporte en quelque sorte une "réponse" au DÉSIR, la structure de l'amour est bien initialement de désir] - 179 - [Dès l'entrée d'Alcibiade] il va être question de faire l'ÉLOGE, épaïnos , de l'autre, et c'est précisément en cela, quant au dialogue, que réside le passage de la métaphore. L'éloge de l'autre se substitue non pas à l'éloge de l'amour, mais à l'amour lui-même [faire l'éloge c'est faire l'amour, c'est déjà aimer] - 183 - le fait que Socrate se refuse à entrer lui-même dans le jeu de l'amour est étroitement lié à ceci (...) que, pour lui, il n'y a rien en lui qui soit aimable. Son essence est ce vide, ce creux - [au contraire d'Agathon qui, lui, est "plein"... comme un œuf] A savoir que, sauf concernant les choses de l'amour, il ne sait rien. - 190 - [Accessoirement - et c'est là qu'il faut interpréter - Alcibiade s'est tourné vers Agathon et le met en garde contre Socrate ; mais l'on voit que tel est le but, depuis le départ, d'Alcibiade : draguer Agathon ; il aura fallu pour cela que Socrate fasse l'éloge d'Agathon - c'est cela le "désir de l'analyste" - afin de] faire passer [c'est cela le transfert], moi Socrate, l'image de toi aimant, c'est par là que tu vas entrer dans la voie des identifications supérieures que trace le chemin de la beauté. Ce serait oublier que] le désir dans sa racine et son essence, c'est le désir de l'Autre, et c'est ici à proprement parler qu'est le ressort de la naissance de l'amour, si l'amour, c'est ce qui se passe dans cet objet vers lequel nous tendons la main par notre propre désir, et qui, au moment où notre désir fait éclater son incendie, nous laisse apparaître un instant cette réponse, cette autre main qui se tend vers nous comme son désir.

1961 - La métaphore du sujet - 890 - Il y a bien, si l'on veut, quatre termes dans la métaphore, mais leur hétérogénéité passe par une ligne de partage : trois contre un, et se distingue d'être celle du signifiant au signifié.