Stade du miroir

1938 - Les complexes familiaux - 43 - le phénomène reçoit [son sens] des conditions libidinales qui entourent son apparition. Ces conditions ne sont que les tensions psychiques issues des mois de prématuration - d'une part, l'intérêt psychique se trouve déplacé sur des tendances visant à quelque recollement du corps propre ; d'autre part, la réalité, soumise d'abord à un morcellement perceptif (...) s'ordonne en reflétant les formes du corps, qui donnent en quelque sorte le modèle de tous les objets. - 44 - La tendance par où le sujet restaure l'unité perdue de soi-même prend place dès l'origine au centre de la conscience. - prédominance des fonctions visuelles - [la forme "la plus intuitive" de cette unité] en est donnée, à cette phase, par l'image spéculaire. Ce que le sujet salue en elle, c'est l'unité mentale qui lui est inhérente. Ce qu'il y reconnaît, c'est l'idéal de l'imago du double. - Le monde propre à cette phase est donc un monde narcissique. - 45 - le sujet ne se distingue pas de l'image elle-même. Appelons-là intrusion narcissique : l'unité qu'elle introduit dans les tendances contribuera pourtant à la formation du moi. - [en attendant cette image] l'aliène primordialement.

1949 - Le stade du miroir… - 94 - [identification] à savoir la transformation produite chez le sujet quand il assume une image [imago] - L'assomption jubilatoire de son image spéculaire par l'être encore plongé dans l'impuissance motrice et la dépendance du nourrissage qu'est le petit homme à ce stade infans , nous paraîtra dès lors manifester en une situation exemplaire la matrice symbolique où le je se précipite en une forme primordiale, avant qu'il ne s'objective dans la dialectique de l'identification à l'autre et que le langage ne lui restitue dans l'universel sa fonction de sujet. - Mais le point important est que cette forme situe l'instance du moi , dès avant sa détermination sociale, dans une ligne de fiction, à jamais irréductible pour le seul individu , - ou plutôt, qui ne rejoindra qu'asymptotiquement le devenir du sujet - C'est que la forme totale du corps par quoi le sujet devance dans un mirage la maturation de sa puissance, ne lui est donnée que comme Gestalt - 95 - Qu'une Gestalt soit capable d'effets formatifs sur l'organisme est attesté par une expérimentation biologique - 97 - le stade du miroir est un drame dont la poussée interne se précipite de l'insuffisance à l'anticipation - et qui pour le sujet, pris au leurre de l'identification spatiale, machine les fantasme qui se succèdent d'une image morcelée du corps à une forme que nous appellerons orthopédique de sa totalité, - et à l'armure enfin assumée d'une identité aliénante, qui va marquer de sa structure rigide tout son développement mental. - 99 - toute notre expérience (...) nous détourne de concevoir le moi comme centré sur le système perception-conscience , comme organisé par le "principe de réalité" où se formule le préjugé scientiste le plus contraire à la dialectique de la connaissance, - pour nous indiquer de partir de la fonction de méconnaissance qui le caractérise.