Symptôme

1938 - Les complexes familiaux - 98 - Le symptôme hystérique [hystérie] , qui est une désintégration d'une fonction somatiquement localisée : paralysie, anesthésie, algie, inhibition, scotomisation, prend son sens du symbolisme organomorphique - structure fondamentale du psychisme humain selon Freud, manifestant par une sorte de mutilation le refoulement de la satisfaction génitale. Ce symbolisme, pour être cette structure mentale par où l'objet participe aux formes du corps propre, doit être conçu comme la forme spécifique des données psychiques du corps morcelé - C'est par un sacrifice mutilateur que l'angoisse est ici occultée .

1951 - Quelques réflexions sur l'Ego - Je mettrai en relief que cette anatomie imaginaire mentionnée là, varie avec les idées (claires ou confuses) sur les fonctions corporelles qui sont prévalentes dans une culture donnée.

1953 - Fonction et champ de la parole… - 147 - le symptôme se résout tout entier dans une analyse de langage, parce qu'il est lui-même structuré comme un langage dont la parole doit être délivrée. - 160 - La parole est ici chassée du discours concret qui ordonne la conscience, mais elle trouve son support ou bien dans les fonctions naturelles du sujet, pour peu qu'une épine organique y amorce cette béance de son être individuel à son essence, qui fait de la maladie l'introduction du vivant à l'existence du sujet, [note n° 22 de Lacan : Pour obtenir immédiatement la confirmation subjective de cette remarque de Hegel, il suffit d'avoir vu, dans l'épidémie récente, un lapin aveugle au milieu d'une route, érigeant vers le soleil couchant le vide de sa vision changée en regard : il est humain jusqu'au tragique.] - ou bien dans les images qui organisent à la limite de l'umwelt et de l'innenwelt leur structuration relationnelle. Le symptôme est ici le signifiant d'un signifié refoulé de la conscience du sujet. Symbole écrit sur le sable de la chair et sur le voile de Maïa - Mais c'est une parole de plein exercice, car elle inclut le discours de l'autre dans le secret de son chiffre.

1954/55 - Le moi dans la théorie de Freud... - 128 - [la régression est] un symbole, et non un mécanisme qui se déroulerait dans la réalité. - Voyons-nous jamais quelqu'un, un adulte, régresser vraiment, revenir à l'état de petit enfant, se mettre à vagir ? La régression n'existe pas. - c'est un symptôme qui doit être interprété comme tel. Il y a régression sur le plan de la signification - 150 - Ils n'ont de commun qu'une grammaire [avec le rêve]. - [Pour le reste] Ils sont aussi différents qu'un poème épique l'est d'un ouvrage sur la thermo-dynamique. Le rêve permet de saisir la fonction symbolique en jeu et c'est, à ce titre, capital pour comprendre le symptôme. Mais un symptôme est toujours inséré dans un état économique global du sujet, alors que le rêve est un état localisé dans le temps -

1955 - La Chose freudienne - 427 - c'est morcelé qu'il porte la parole, et c'est entier qu'il sert à ne pas l'entendre. / C'est en effet dans la désagrégation de l'unité imaginaire que constitue le moi, que le sujet trouve le matériel signifiant de ses symptômes.

1955/56 - Les psychoses - 136 - le symptôme est toujours fondé sur (...) l'existence du signifiant comme tel, sur un rapport complet de totalité à totalité, (...) d'univers du signifiant à univers du signifiant. - il n'y a pas d'autre sens à donner son terme [à Freud] de surdétermination, et à la nécessité qu'il a posée, que, pour qu'il y ait symptôme, il faut qu'il y ait au moins duplicité, au moins deux conflits en cause, un actuel et un ancien. Sans la duplicité fondamentale du signifiant et du signifié, il n'y a pas de déterminisme psychanalytique concevable. Le matériel lié au conflit ancien est conservé dans l'ics à titre de signifiant en puissance, de signifiant virtuel, pour être pris dans le signifié du conflit actuel et lui servir de langage, cad de symptôme

1957 - La psychanalyse et son enseignement - 447 - pour qu'il mérite ce nom au sens analytique, c'est qu'un élément mnésique d'une situation antérieure privilégiée soit repris pour articuler la situation actuelle, cad qu'il y soit employé inconsciemment comme élément signifiant avec l'effet de modeler l'indétermination du vécu en signification tendancieuse. N'est-ce pas là avoir tout dit ?

1957 - L'instance de la lettre dans l'inconscient -  - 518 - Le mécanisme à double détente de la métaphore est celui-Là même où se détermine le symptôme au sens analytique. Entre le signifiant énigmatique du trauma sexuel et le terme à quoi il vient se substituer dans une chaîne signifiante actuelle, passe l'étincelle, qui fixe dans un symptôme, - métaphore où la chair ou bien la fonction sont prises comme élément signifiant, - la signification inaccessible au sujet conscient où il peut se résoudre. [cf. Perversion/ Métonymie] - 528 - si le symptôme est une métaphore, ce n'est pas une métaphore que de la dire, non plus que de dire que le désir de l'homme est une métonymie.

1957/58 - Les formations de l'inconscient

- 16/04/58 - [Le symptôme est le masque du désir.] La notion de masque, cad que ce désir sous cette forme ambiguë qui ne nous permet pas (...) d'orienter le sujet vers tel ou tel objet de la situation [dont il se satisferait], c'est cet intérêt du sujet dans la situation comme tel, cad dans la relation de désir [elle-même] - [inépuisable] lien du désir lui-même, en tant que le désir lui-même reste un point d'interrogation, un X, une énigme, avec le symptôme dont il se revêt, c'est-à-dire avec le masque - Le symptôme est donc quelque chose qui va dans la sens de la reconnaissance du désir - [mais] c'est une reconnaissance par personne (...) puisque personne [avant la cure] (...) ne peut la lire. - Et d'autre part, si c'est désir de reconnaissance, en tant que c'est désir de reconnaissance, c'est autre chose que le désir. D'ailleurs on nous le dit bien : ce désir est un désir refoulé. [REFOULEMENT] - le masque se constitue dans l'insatisfaction - il y aurait en somme autant de masques que de formes d'insatisfactions. - 16/04/58 - J'appelle ici symptôme dans son sens le plus général, aussi bien le symptôme morbide que le rêve - Ce que j'appelle symptôme, c'est ce qui est analysable. - Freud (...) nous apprend (...) à ce propos que le symptôme parle dans la séance, le Ça parle dont je vous parle tout le temps - Plus tard il a dit que les borborygmes de ses patients venaient se faire entendre et parler dans la séance, et avaient une signification de paroles. - dans les séances, même les douleurs en tant qu'elles réapparaissent, qu'elles s'accentuent (...) font partie du discours du sujet, qu'il mesure au ton, à la modulation de ses sujets - [ceci suppose que 1) tout ce qui (non)dit est parole, 2) ces paroles sont des symptômes car tout symptôme est parole.]

- 18/06/58 - le symptôme est toujours surdéterminé. Il n'y a pas de symptôme dont le signifiant ne soit apporté d'une expérience antérieure, précisément (...) au niveau (...) de ce qui est le cœur de tout ce qui est réprimé chez le sujet, à savoir ce complexe de castration, de ce signifiant de A [S(A barré)?] qui est quelque chose qui (...) s'articule dans le complexe de castration - la fameuse scène primitive, qu'est-ce que c'est, si ce n'est précisément quelque chose qui entre dans l'économie du sujet (...) toujours comme un signifiant - l'être vivant saisi comme vivant, en tant que vivant, mais avec cet écart, cette distance [transcendance] qui est justement celle qui constitue cette autonomie de la dimension signifiante, le traumatisme de la scène primitive. - cette vie qui se saisit dans une horrible aperception d'elle-même, dans son étrangeté totale, dans sa brutalité opaque comme pur signifiant - C'est ce qui apparaît de la vie à elle-même comme signifiant à l'état pur, cad comme quelque chose qui ne peut pas encore d'aucune façon se résoudre, s'articuler. - 18/06/58 - [Le symptôme] se situe quelque part en s(A) [(à vérifier) au niveau du message sur le graphe], qui se produit au niveau de la signification - c'est une signification. Un symptôme, c'est un signifié -

 Le Transfert - 372 - la seule chose qu'il y a pour lui [l'analysant] à trouver, à proprement parler, c'est le trope par excellence, le trope des tropes, et ce qu'on appelle son destin. - 275 - nous permet d'obtenir quoi ? - disons, le moins de drame possible. - voir dans les symptômes une figure qui a rapport à la figure du destin. Le fait de savoir ou de ne pas SAVOIR est donc essentiel à la figure du destin. - 376 - Des rapports du sujet avec un signifiant quelconque, il se développe des figures où se constatent des points nécessaires, des points irréductibles -