Analyste

1948 - L'agressivité en psychanalyse - 124 - C'est cette victime émouvante, évadée (...) c'est à cet être de néant que notre tâche quotidienne est d'ouvrir à nouveau la voie de son sens - [l'analysant]

1951 - Intervention sur le transfert - 226 - notre rôle [d'analyste] : un non-agir positif en vue de l'orthodramatisation de la subjectivité du patient.[transfert]

1953 - Fonction et champ de la parole… - 193 - l'abstention de l'analyste, son refus de répondre, est un élément de la réalité dans l'analyse. Plus exactement, c'est dans cette négativité en tant qu'elle est pure, cad détachée de tout motif particulier, que réside la jointure entre le symbolique et le réel. - Il reste que cette abstention n'est pas soutenue indéfiniment ; quand la question du sujet a pris forme de vraie parole, nous la sanctionnons de notre réponse, mais aussi avons-nous montré qu'une vraie parole contient déjà sa réponse et que seulement nous doublons de notre lai son antenne. Qu'est-ce à dire ? Sinon que nous ne faisons rien que donner à la parole du sujet sa ponctuation dialectique.

1954/55 - Le moi dans la théorie de Freud - 266 - la résistance, c'est l'état actuel d'une interprétation du sujet. - un point idéal abstrait. - C'est vous qui appelez ça résistance [effectivement : "ça résiste", ça ne va pas tout seul]. Ça veut simplement dire qu'il ne peut pas avancer plus vite, et vous n'avez rien à dire à ça. - 267 - [il y a donc une contradiction à poser cette résistance comme un point mort par rapport à une force, et ensuite demander sa suppression ("liquider" comme on dit). - Il n'y a qu'une seule résistance, c'est la résistance de l'analyste. L'analyste résiste quand il ne comprend pas à quoi il a affaire. Il ne comprend pas à quoi il a affaire quand il croit qu'interpréter, c'est montrer au sujet ce qu'il désire, c'est tel objet sexuel. Il se trompe. - 373 - L'analyste participe de la nature radicale de l'Autre, en tant qu'il est ce qu'il y a de plus difficilement accessible. - ce qui s'appelle transfert se passe très exactement entre A et m , pour autant que le a , représenté par l'analyste, fait défaut. - 288 - C'est la relation dernière du sujet à un Autre véritable, à l'Autre qui donne la réponse qu'on n'attend pas, qui définit le point terminal de l'analyse. - à cette seule condition que le moi de l'analyste veuille bien ne pas être là, à cette seule condition que l'analyste ne soit pas un miroir vivant, mais un miroir vide

1955 - Variantes de la cure-type - 349 - Ce que le psychanalyste doit savoir : ignorer ce qu'il sait. - 358 - reconnaître en son savoir le symptôme de son ignorance - [cad savoir=] censure de la vérité - Le fruit positif de la révélation de l'ignorance est le non-savoir, qui n'est pas une négation du savoir, mais sa forme la plus élaborée.

1955 - La Chose freudienne - 425 - [dans l'analyse américaine] il n'y a pas d'autre discrimination de la partie saine du moi du sujet que son accord avec votre optique [de psychanalyste] qui, pour être supposée saine, devient ici la mesure des choses, de même qu'il n'y a pas d'autre critère de guérison que l'adoption complète [par identification au moi de l'analyste] par le sujet de cette mesure qui est la vôtre - 430 - Dans cette partie à quatre, l'analyste agira qur les résistances significatives qui lestent, freinent et dévient la parole, en apportant lui-même dans le quatuor le signe primordial de l'exclusion connotant l'ou bien - ou bien - de la présence ou de l'absence, qui dégage formellement la mort incluse dans la Bildung narcissique. - Ceci veut dire que l'analyste intervient concrètement dans la dialectique de l'analyse en faisant le mort, en cadavérisant sa position comme disent les Chinois, soit par son silence là où il l'autre avec un grand A, soit en annulant sa propre résistance là où il l'autre avec un petit a . Dans les deux cas et sous les incidences respectives du symbolique et de l'imaginaire, il présentifie la mort.

1955/56 - Les psychoses - 182 - [l'analyste] il est quelque part en A. [Autre] Du moins il doit y être. S'il entre dans le couplage de la résistance, ce qu'on lui apprend justement à ne pas faire, alors il parle depuis a' , et c'est dans le sujet qu'il se verra. - Il s'agit pour lui (...) d'être assez mort pour ne pas être pris dans la relation imaginaire, à l'intérieur de laquelle il est toujours sollicité d'intervenir, et de permettre la progressive migration de l'image du sujet vers le S, la chose à révéler, la chose qui n'a pas de nom, qui ne peut trouver son nom que pour autant que le circuit s'achèvera directement de S vers A.

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 11/12/57 - Quand il [l'acting-out] se produit dans une analyse, il est toujours adressé à l'analyste, et à l'analyste en tant qu'en somme il n'est pas trop mal placé, mais qu'il n'est pas non plus tout à fait à sa place.

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse - 87 - ce das Ding est justement au centre au sens où il est exclu. - cet Autre préhistorique impossible à oublier [chose]

1960/61 - Le Transfert - 23 - [beau] Que les analystes eux-mêmes - j'espère qu'ici, personne ne se sentira visé - ne se recommandent pas par un agrément corporel, c'est en quoi la laideur socratique donne son plus noble antécédent, en même temps, d'ailleurs, qu'elle nous rappelle que ce n'est pas du tout un obstacle à l'amour. - [Socrate, l'analyste] franchement, il porte toutes les marques de l'intouchable. - En somme l'analyse est la seule praxis où le charme soit un inconvénient. Il romprait le charme. Qui donc a entendu parler d'un analyste de charme ? - 128 - [la place de l'analyste] se définit comme celle qu'il doit offrir vacante au désir du patient pour qu'il se réalise comme désir de l'Autre. - - 216 - [inconscient] c'est à la communication des ics qu'en fin de compte il faudrait se fier pour que se produisent au mieux chez l'analyste les aperceptions décisives. - on pourrait même concevoir un inconscient réserve [dont le sujet averti] (...) par l'expérience de l'analyse didactique, sache, en quelque sorte, en jouer comme d'un instrument, comme de la caisse du violon dont par ailleurs il possède les cordes. Ce n'est tout de même pas d'un ics brut, qu'il s'agit chez lui, mais d'un ics assoupli, d'un ics plus l'expérience de cet ics. - Ce n'est pas qu'il soit accessible aux hommes de bonne volonté - il ne l'est pas. C'est dans des conditions strictement limitées que l'on peut l'atteindre, par un détour, le détour de l'Autre, qui rend nécessaire l'analyse, et réduit de façon infrangible les possibilités de l'auto-analyse - 218 - Toute découverte de son propre ics se présente comme un stade de la traduction en cours d'un ics qui est d'abord ics de l'Autre. - 220 - si l'analyste réalise comme l'image populaire, ou aussi bien l'image déontologique, de l'apathie, c'est dans la mesure où il est possédé d'un désir plus fort que les désirs dont il pourrait s'agir [dans le contre-transfert], à savoir d'en venir au fait avec son patient, de le prendre dans ses bras, ou de la passer par la fenêtre. - 314 - Le désir ne peut se situer (...) que dans cette aliénation foncière, qui n'est pas simplement liée à la lutte de l'homme avec l'homme, mais au rapport avec le langage. Le désir de l'Autre - ce génitif est à la fois subjectif et objectif. Désir à la place où est l'Autre, désir pour pouvoir être à cette place - et désir de quelque altérité. - 315 - Pour satisfaire à la recherche de l'objectif, à savoir ce que désire cet autre qui vient nous trouver, il faut que nous nous prêtions à la fonction du subjectif, qu'en quelque manière nous puissions, pour un temps, représenter, non point (...) l'objet que vise le désir, mais le signifiant [phallus]. Ce qui est à la fois bien moins, mais aussi bien plus. Il faut que nous tenions la place vide où est appelé ce signifiant qui ne peut être qu'à annuler tous les autres, ce Phi - il faut savoir remplir sa place, en tant que le sujet doit pouvoir y repérer le signifiant manquant. - c'est à la place même où nous sommes supposés savoir que nous sommes appelés à être, et à n'être rien de plus, rien d'autre, que la présence réelle, et justement en tant qu'elle est inconsciente. - Nous sommes [en tant qu'analystes] au dernier terme, dans notre présence, notre propre sujet, au point où il s'évanouit, où il est barré. - 315 - le fantasme est le seul équivalent de la découverte personnelle par où il soit possible que le sujet désigne la place de la réponse, le S(A barré) qu'il attend du TRANSFERT, et que fasse sens S(A barré). Dans le fantasme, le SUJET se saisit comme défaillant devant un objet privilégié, qui est dégradation imaginaire de l'Autre en ce point de défaillance; - il faut que, d'une certaine façon [nous analystes], nous soyions vraiment ce S barré, que nous soyons au dernier terme celui qui voit petit a (...), qui peut voir l'objet du désir de l'Autre - 368 - La nécessité où nous sommes de répondre au transfert intéresse-t-il notre être [d'analyste], où s'agit-il simplement de définir une conduite à tenir, un handling (...), un how to , une comment faire ? cela intéresse notre être. Ne vous y trompez pas, cette espèce de remarque massive me paraît tout ce qu'il y a de plus heurtant, dans la mesure précisément où elle dit quelque chose de juste, et où elle le dit d'une façon qui ferme tout de suite la porte. Elle est bien faite pour me mettre en boule. - l'analyste joue son rôle transférentiel précisément dans la mesure où il est pour le malade ce qu'il n'est pas sur le plan de ce qu'on peut appeler la réalité. C'est ce qui nous permet (...) de faire apercevoir au malade à quel point il est loin du réel, à cause de ce qu'il produit de fictif à l'aide du transfert. - 388 - On a dit, et très tôt - l'analyste prend pour l'analysé la place de son idéal du moi. - Cela ne veut pas dire du tout que cela épuise la question, ni que l'analyste puisse d'aucune façon s'en satisfaire - 391 - [il faut voir] la communauté analytique en tant que masse organisée par l'idéal du moi analytique  - 460 - Il n'y a pas d'objet qui ait plus de prix qu'un autre - c'est ici le deuil autour de quoi est centré le désir de l'analyste. Voyez, au terme du Banquet , sur qui va se porter l'éloge de Socrate - sur le con des cons, le plus con de tous, et même le seul con intégral.

1961/62 - L'identification - 09/05/62 - que l'analyste dans sa fonction ait la place du phallus, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? C'est que le phallus à l'Autre c'est très précisément ce qui incarne, non pas le désirable, bien que sa fonction soit celle du facteur par quoi quelqu'objet que ce soit soit introduit à la fonction d'objet du désir, mais celle du désirant. C'est en tant que l'analyste est la présence support d'un désir entièrement voilé qu'il est ce "Che Vuoi?" incarné. - 27/06/62 - l'impasse de la relation analytique, et tout spécialement dans la transmission de la vérité analytique telle qu'elle se fait, l'analyse didactique. C'est qu'il est impossible d'y introduire la relation au père, qu'on n'est pas le père de son analysé. J'en ai assez dit et assez fait pour que personne n'ose plus, au moins dans un entourage voisin du mien, risquer d'avancer qu'on peut en être la mère. C'est pourtant de cela qu'il s'agit.