Discours

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 06/11/57 - [graphe] Il s'agit des deux états, des deux fonctions que nous pouvons appréhender d'une suite signifiante. Dans le premier temps de cette première ligne, nous avons la chaîne signifiante en tant qu'elle reste entièrement perméable aux effets proprement signifiants de la métaphore et de la métonymie, ce qui implique l'actualisation possible des effets signifiants à tous les niveaux, à savoir particulièrement jusqu'au niveau phonématique, jusqu'au niveau de l'élément phonologique - L'autre ligne est celle du discours rationnel dans lequel est déjà intégré un certain nombre de points de repère, de choses fixes (...) ce qu'on appelle les emplois du signifiant - Ceci [2] est le discours concret du sujet individuel, de celui qui parle et qui se fait entendre. - L'un va dans le sens contraire de l'autre, pour la simple raison justement qu'ils glissent l'un sur l'autre : mais l'un recoupe l'autre [en deux endroits] - Si nous partons du discours, le premier point (...) [est] le code. [cad le faisceau des emplois] - Ce code est très évidemment dans le grand A qui est là, cad dans l'Autre en tant qu'il est le compagnon du langage. Cet Autre, il faut absolument qu'il existe, et je vous prie de noter à l'occasion qu'il n'y a absolument pas besoin de l'appeler de ce nom imbécile et délirant qui s'appelle la conscience collective. Un Autre c'est un Autre, il en suffit d'un seul pour qu'une langue soit vivante - Et dans l'autre, la seconde rencontre qui achève la boucle, qui constitue à proprement parler le sens, qui le constitue à partir du code (...) c'est le résultat de cette conjonction du discours avec le signifiant comme support créateur du sens ; c'est le message. - la vérité qu'il y a à annoncer, si vérité il y a, est là dans le message. La plupart du temps aucune vérité n'est annoncée, pour la simple raison que le discours ne passe absolument pas à travers la chaîne signifiante, qu'il est le pur et simple ronron de la répétition et du moulin à paroles - C'est le discours commun de ces mots pour ne rien dire - Ces deux points b et b', comme nœuds minimum du court-circuit du discours, sont très facilement reconnaissables. C'est précisément l'objet [métonymique] (...) ; c'est d'autre part le je en tant qu'il indique dans le discours lui-même, la place de celui qui parle.

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse - 247 - la raison, le discours, l'articulation signifiante comme telle, est là au départ, ab ovo , elle est là à l'état inconscient, avant la naissance de toute chose pour ce qui est de l'expérience humaine, elle est là enfouie, inconnue, non maîtrisée, non sue par celui-là même qui en est le support. - La prise de l'homme de l'ics a un caractère primitif, fondamental. Or ce champ, en tant qu'il est d'ores et déjà logiquement organisé, comporte une Spaltung , qui se maintient dans toute la suite du développement, et c'est par rapport à cette Spaltung que doit être articulé dans sa fonction le DÉSIR comme tel. -

1960 - Remarque sur le rapport de Daniel Lagache - 653 - [dans le discours de l'autre, pour le sujet] déjà son existence est plaidée, innocente ou coupable, avant qu'il ne vienne au monde [le phœtus "commence à faire parler de lui"], et le fil ténu de sa vérité ne peut faire qu'il ne couse déjà un tissu de mensonge. C'est même pour cela qu'en gros il y aura erreur sur la personne - Plus profondément ici retentit (...) le désir des parents. Mais c'est précisément la question que nous ouvrons nous-mêmes (...) de la détermination du désir par les effets, sur le sujet, du signifiant.

1960-61 - Le Transfert - 16 - Socrate ainsi mis à l'origine (...) du plus long transfert (...) qu'ait connu l'histoire. - Socrate prétend ne rien savoir, sinon savoir reconnaître ce que c'est que l'amour. - là où il les rencontre, où est l'amant et où est l'aimé. - 17 - Ce serait un curieux dénominateur commun de Freud et Socrate, Socrate dont vous savez que lui aussi avait affaire à la maison à une ménagère pas commode. - C'est de Socrate que procède cette idée nouvelle et essentielle, qu'il faut d'abord garantir le savoir. - c'est que le discours engendre la dimension de la vérité. - Quand Socrate dit que c'est la vérité, et non pas lui-même, qui réfute son interlocuteur - il ramène la vérité au discours [et non moins le discours à la vérité - mais non pas à l'"homme", comme Protagoras]. - Nul tragique, nul sentiment tragique (...) ne soutient l'atopia de Socrate.