Don

1953 - Fonction et champ de la parole… - 151 - Est-ce à ces dons ou bien aux mots de passe qui y accordent leur non-sens salutaire, que commence le langage avec la loi ? Car ces dons sont déjà symboles, en ceci que symbole veut dire pacte, et qu'ils sont d'abord signifiants du pacte qu'ils constituent comme signifié : comme il se voit bien à ceci que les objets de l'échange symbolique, vases faits pour être vides, boucliers trop lourds pour être portés, gerbes qui se dessècheront, piques qu'on enfonce au sol, sont sans usage par destination, sinon superflus par leur abondance. Cette neutralisation du signifiant est-elle le tout de la nature du langage ? Pris à ce taux, on en trouverait l'amorce chez les hirondelles de mer, par d'exemple, pendant la parade, et matérialisée dans le poisson qu'elles se passent de bec en bec - On voit que nous ne reculons pas à chercher hors du domaine humain les origines du comportement symbolique. Mais ce n'est certainement pas par la voie d'une élaboration du signe - 195 - [l'argent] par où la réalité intervient dans l'analyse - [quant à sa valeur symbolique : cf. le] lien de la parole au don constituant de l'échange primitif.

1956/57 - La relation d'objet - (7) - le Phallus se trouve cet élément imaginaire (...) par lequel le sujet au niveau génital est introduit dans la symbolique du don. - Pour l'enfant femelle c'est très précisément en tant qu'elle ne le possède pas (...), cad c'est en tant qu'elle phallicise la situation, cad qu'il s'agit d'avoir ou de n'avoir pas le P, qu'elle entre dans le complexe d'oedipe [alors que pour le garçon, c'est par là qu'il en sort, cad] qu'il faudra effectivement qu'il fasse don de ce qu'il a -  (8) - ce qui est demandé comme signe d'amour, n'est jamais que quelque chose qui ne vaut que comme signe ; ou pour aller encore plus loin, il n'y a pas de plus grand don possible, de plus grand signe d'amour que le don de ce qu'on n'a pas - ce qui établit la relation d'amour, c'est que ce don est donné si l'on peut dire pour rien - Il n'y a en effet dans le don d'amour que quelque chose de donné pour rien, et qui ne peut être que rien - Autrement dit (...) derrière ce que [l'homme] donne il y a tout ce qui lui manque - Ce qui fait le don, c'est que le sujet sacrifie au-delà de ce qu'il a. -

1958 - La direction de la cure... - 618 - [analyse] si l'amour, c'est donner ce qu'on n'a pas, il est bien vrai que le sujet peut attendre qu'on le lui donne, puisque que le psy n'a rien d'autre à lui donner. Mais même ce rien; il ne le lui donne pas, et cela vaut mieux : et c'est pourquoi ce rien, on le lui paie [ARGENT], et largement de préférence, pour bien montrer qu'autrement [s'il avait quelque chose à donner] cela ne vaudrait pas cher.