Ethique

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse - 11 - la dimension éthique (...) se situe au-delà du commandement, cad au-delà de ce qui se présenter avec un sentiment d'obligation. - S'il y a en effet quelque chose que l'analyse a pointé, c'est bien, au-delà du sentiment d'obligation à proprement parler, l'importance, l'omniprésence (...) du sentiment de culpabilité. Ce faciès (...) désagréable de l'expérience morale

- 91 - Ainsi l'exigence première qui nous a fait, à travers l'histoire, sillonner la structuration du réel pour en faire la science, suprêmement efficace, mais aussi suprêmement décevante, cette exigence première qui est celle de das Ding - trouver ce qui se répète, ce qui revient, et nous garantit de revenir toujours, à la même place - nous a poussé jusqu'à l'extrême où nous sommes, où nous pouvons mettre en question toutes les places, et où plus rien dans cette réalité que nous avons appris à bouleverser si admirablement ne répond à cet appel de la sécurité du retour. - [L'éthique] commence au moment où le sujet pose la question de ce bien qu'il avait cherché inconsciemment dans les structures sociales - S'il ne découvre pas tout de suite ce désir dernier que l'exploration freudienne a découvert sous le nom de désir de l'inceste, il découvre ce qui articule sa conduite d'une façon telle que l'objet de son désir soit toujours maintenu pour lui à distance. - 93 - L'éthique kantienne surgit au moment où s'ouvre l'effet désorientant de la physique [newtonienne], parvenue à son point d'indépendance par rapport à das Ding - cette morale qui se détache expressément de toute référence à un objet quel qu'il soit de l'affection, de toute référence à ce que Kant appelle pathologisches Objekt - Nul Wohl , que ce soit le nôtre ou celui de notre prochain, ne doit entrer comme tel dans la finalité de l'action morale. - Fais en sorte que la maxime de ton action puisse être prise comme une maxime universelle . - 95 - [Or "face" à celà, remarquons à propos de l'œuvre de Sade que] ce sont exactement les critères kantiens qu'elle met en avant pour justifier les positions de ce que l'on peut appeler une sorte d'anti-morale. - 96 - Prenons comme maxime universelle de notre action le droit de jouir d'autrui quel qu'il soit, comme instrument de notre plaisir. - tout un chacun étant sollicité de porter à son plus extrême les exigences de sa convoitise, et de les réaliser. Si même ouverture est donnée à tous, on verra ce que sera une société naturelle. - 97 - [Or] Kant admet tout de même un corrélatif sentimental de la loi morale dans sa pureté - ce n'est rien d'autre que la douleur elle-même. - [Kant :] Par conséquent, nous pouvons voir a priori que la loi morale, comme principe de détermination de la volonté, par cela même qu'elle porte préjudice à toutes nos inclinations, doit produire un sentiment qui peut-être appelé de la douleur . - En somme, Kant est de l'avis de Sade. Car, pour atteindre absolument das Ding , pour ouvrir toutes les vannes du désir, qu'est-ce que Sade nous montre à l'horizon ? Essentiellement, la douleur. La douleur d'autrui [Sade], et aussi bien la douleur propre du sujet [Kant], car ce ne sont à l'occasion qu'une seule et même chose. L'extrême du PLAISIR, pour autant qu'il consiste à forcer l'accès à la CHOSE, nous ne pouvons le supporter.

- 364 - un jugement éthique est possible - Avez-vous agi conformément au désir qui vous habite ? - 363 - [Au contraire] La morale du pouvoir, du service des biens, c'est - Pour les désirs, vous repasserez. Qu'ils attendent. - 368 - Je propose que la seule chose dont on puisse être coupable, au moins dans la perspective analytique, c'est d'avoir cédé sur son désir. - 370 - Ce que j'appelle céder sur son désir s'accompagne toujours dans la destinée du sujet (...) de quelque trahison. Ou le sujet trahit sa voie, se trahit lui-même, et c'est sensible pour lui-même. Ou plus simplement il tolère que quelqu'un avec qui il s'est plus ou moins voué à quelque chose ait trahit son attente, n'ait pas fait à son endroit ce que comportait le pacte - Quelque chose se joue autour de la trahison, quand on la tolère, quand, poussé par l'idée du bien (...) on cède au point de rabattre ses propres prétentions

1964 - Les quatre concepts… - 32 - l'ordre de l'inconscient, - c'est que ce n'est ni être, ni non-être, c'est du non-réalisé. - 34 - Le statut de l'cis (...) est éthique. - 40 - Rien, en effet, ne peut être fondé sur le hasard - calcul de chances, stratégies - qui n'implique au départ une structuration limitée de la situation, et cela en termes de signifiants. Quand la théorie moderne des jeux élabore la stratégie des deux partenaires, ils se rencontrent avec les chances maxima, chacun, de l'emporter à condition de, chacun, raisonner comme l'autre. Qu'est-ce qui donne sa valeur à une opération de cette espèce ? - sinon que, déjà, la carte est faite, les points de repère signifiants du problème y sont inscrits, et la solution ne les dépassera jamais. Eh bien ! pour ce qui est de l'ics, Freud réduit tout ce qui vient à portée de son écoute, à la fonction de purs signifiants. C'est à partir de cette réduction que ça opère, et que peut apparaît, dit Freud, un moment de conclure - un moment où il se sent le courage de juger et de conclure. C'est là [dans cette situation… logique] ce qui fait partie de ce que j'ai appelé son témoignage éthique.