Identification

1936 - Au-delà du principe de réalité - - 88 - C'est dans cette réalité spécifique des relations inter-humaines qu'une psychologie peut définir son objet propre et sa méthode d'investigation. - l'usage génial que [Freud] a su faire de la notion de l'image . - Cette fonction il l'a démontrée en découvrant dans l'expérience le procès de l'identification : bien différent de celui de l'imitation que distingue sa forme d'approximation partielle et tâtonnante, l'identification s'y oppose non seulement comme l'assimilation globale d'une structure, mais comme l'assimilation virtuelle du développement qu'implique cette structure à l'état encore indifférencié. - 89 - Ce qui se transmet par cette voie psychique, ce sont ces traits qui dans l'individu donnent la forme particulière de ses relations humaines, autrement dit sa PERSONNALITÉ . - C'est par la voie du complexe [= ces "relations psychiques fondamentales"] que s'instaurent dans le psychisme les images qui informent les unités les plus vastes du comportement - la fécondité PSYCHIQUE de toute insuffisance vitale. - 90 - Il faut distinguer (...) deux usages du concept de libido (...) : comme concept énergétique , réglant l'équivalence des phénomènes, comme hypothèse substantialiste , les référant à la matière. - 91 - Comme concept énergétique (...) la libido n'est que la notation symbolique de l'équivalence entre les dynamismes que les images investissent dans le comportement. C'est la condition même de l'identification symbolique et l'entité essentielle de l'ordre rationnel, sans lesquelles aucune science ne saurait se constituer.

1938 - Les complexes familiaux - 36 - [intrusion] la jalousie, dans son fonds, représente non pas une rivalité vitale mais une identification mentale. - 37 - dès ce stade s'ébauche la reconnaissance d'un rival, cad d'un "autre" comme objet. - 38 - [nécessité d'] un écart d'âge très étroitement limité - cette condition équivaut à l'exigence d'une similitude entre les sujets. Il apparaît que l'imago de l'autre est liée [initialement, au stade du miroir] à la structure du corps propre - [ensuite] [la psy] nous montre dans le frère, au sens neutre, l'objet électif des exigences de la libido qui, au stade que nous étudions, sont homosexuelles. - 39 - [dans la jalousie amoureuse] On doit la reconnaître (...) dans le puissant intérêt [ bien qu'il s'affirme comme haine] que le sujet porte à l'image du rival - Cet intérêt confond en lui l'identification et l'amour. - L'agressivité maximum qu'on rencontre dans les formes psychotiques de la passion est constituée bien plus par la négation de cet intérêt singulier que par la rivalité qui paraît la justifier. Mais c'est tout spécialement dans la situation fraternelle primitive que l'agressivité se démontre pour secondaire à l'identification. - 40 -Au reste, la doctrine analytique, en caractérisant comme sado-masochiste la tendance typique de la libido à ce même stade, souligne certes que l'agressivité domine alors l'économie affective, mais aussi qu'elle est toujours à la fois subie et agie, cad sous-tendue par une identification à l'autre, objet de la violence.

1946 - Propos sur la causalité psychique - 188 - la causalité psychique même : l'identification , laquelle est un phénomène irréductible, et l'imago est cette forme définissable dans le complexe spatio-temporel imaginaire qui a pour fonction de réaliser l'identification résolutive d'une phase psychique, autrement dit une métamorphose des relations de l'individu à son semblable. - 189 - [l'imago fonctionne aussi chez les animaux :] On sait depuis longtemps que la femelle du pigeon, isolée de ses congénères, n'ovule pas.

1948 - L'agressivité en psychanalyse - 117 - Nous indiquerons comment nous en concevons la liaison [du narcissisme] avec la fonction du complexe d'Œdipe. Celle-ci dans sa normalité est de sublimation, qui désigne très exactement un remaniement identificatoire du sujet, et, comme l'a écrit Freud dès qu'il eut ressenti la nécessité d'une coordination "topique" des dynamismes psychiques, une identification secondaire par introjection de l'imago du parent de même sexe. L'énergie de cette identification est donnée par le surgissement biologique de la libido génitale. Mais il est clair que l'effet structural d'identification au rival ne va pas de soi, sinon sur le plan de la fable, et ne se conçoit que s'il est préparé par une identification primaire qui structure le sujet comme rivalisant avec soi-même. - Mais ce qui nous intéresse ici, c'est la fonction que nous appellerons pacifiante de l'idéal du moi , la connexion de sa normativité libidinale avec une normativité culturelle, liée depuis l'orée de l'histoire à l'imago paternelle.

1953 - Les écrits techniques de Freud - 194 - Le moi, c'est un objet fait comme un oignon, on pourrait le peler, et on trouverait les identifications successives qui l'ont constitué. - 196 - La topique freudienne du moi nous montre comment [un ou une névrosée] (...) use de son moi pour poser la question, cad justement pour ne pas le poser. La structure d'une névrose est essentiellement une question - 197 - [hystérie] [Cette notion d'identification est primordiale dans l'analyse. Freud se trompe sur Dora car] Il se demande ce que Dora désire, avant de se demander qui désire dans Dora. Et Freud finit par s'apercevoir que, dans ce ballet à quatre (...) c'est Madame K. l'objet qui intéresse vraiment Dora, en tant qu'elle-même est identifiée à Monsieur K. La question de savoir où est le moi de Dora est ainsi résolue - le moi de Dora, c'est Monsieur K. - - 198 - la raison de la dissymétrie se situe essentiellement au niveau symbolique - Il n'y a pas à proprement parler, dirons-nous, de symbolisation du sexe de la femme comme tel. - L'accès de la femme au complexe œdipien, son identification imaginaire [finalement en tant que femme], se fait en passant par le père, exactement comme chez le garçon, en raison de la prévalence de la forme imaginaire du phallus - 199 - [Mais] Le fait ne peut s'interpréter que dans la perspective où c'est l'ordonnance symbolique qui règle tout. - 200 - Devenir une femme et s'interroger sur ce qu'est une femme sont deux choses essentiellement différentes. Je dirai même plus - c'est parce qu'on ne le devient pas qu'on s'interroge, et jusqu'à un certain point, s'interroger est le contraire de la devenir. - 201 - Quand sa question prend forme sous l'aspect de l'hystérie, il est très facile à la femme de la poser par la voie la plus courte, à savoir l'identification au père. - 247 - Sa gerbe n'était point avare, ni haineuse - Victor Hugo. Voilà une métaphore. - Il n'y a pas comparaison, mais identification.

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 19/03/58 - Que se passe-t-il quand le sujet (...) féminin a pris une certaine position d'identification au père ? - Si une femme dit : "je tousse comme mon père". - Alors là ce n'est pas douteux. Ce sont des éléments signifiants. - Nous les appellerons les "insignes" du père. - de la masculinité. - [par la suite, dans la transformation du désir qui s'ensuit, s'insère] tout le passé, toute la vicissitude des relations extrêmement complexes qui jusque là ont modulé les rapports de l'enfant avec la mère (...) tout particulièrement agressives - c'est dans la mesure où une femme fait une identification à son père, que dans ses rapports avec son mari elle lui fait tout le grief qu'elle avait fait à sa mère - 04/06/58 - Pourquoi à un moment, dans certains cas, et dans la forme du complexe d'Œdipe inversé [homosexualité], l'objet [la Mère] qui est un objet d'attachement libidinal devient-il objet d'identification? - c'est là la question essentielle, celle du rapport entre l'amour pour un objet et l'identification - [Cela recoupe la problématique phallique de l'être et de l'avoir,] la différence qu'il y a entre l'attachement érotique libidinal à l'objet aimé [avoir] et l'identification au même [être] [comment s'opère le passage et dans quelle mesure parler de régression? Est-ce parce que, à la différence de l'identification signifiante au père, nous aurions ici une identification objectale à la mère ; ou bien est-ce le choix des signifiants qui tout simplement est en cause? Il n'est pas contradictoire avec la nature signifiante du phallus que de se faire objet cad le phallus pour le désir de la mère. Simplement l'identification (homosexuelle) qui s'ensuit, résulte d'une confusion entre la ligne de "suggestion" (la demande comme appel à la satisfaction du besoin) et la ligne de "transfert" (la demande d'amour, où le signifiant comme tel entre en jeu). Cette mise au point topique élimine à proprement parler le problème de la régression.] - [Pour constituer l'autre comme objet, voire pour se constituer comme objet pour le désir de l'autre, et ensuite pour s'identifier à lui, il faut bien que l'autre comme tel soit constitué cad symbolisé préalablement, et c'est là le fait de la demande inconditionnelle d'amour.]

1960/61 - Le Transfert - 397 - Le moi idéal, c'est le fils de famille, au volant de sa petite voiture de sport. Avec ça, il va vous faire voir du pays. Il va faire le malin. - si le gars se livre à ces exercices scabreux, c'est pourquoi ? - pour attraper une gamine. - 398 - L'idéal du moi, qui a le plus étroit rapport avec le jeu et la fonction du moi idéal, est bel et bien constitué par le fait qu'au départ, s'il a sa petite voiture de sport, c'est parce qu'il est le fils de famille, qu'il est le fils à papa, et que, pour changer de registre, si Marie-Chantal, comme vous le savez, s'inscrit au parti communiste, c'est pour faire chier père. - Mais disons bien que l'une et l'autre, Marie-Chantal et le fils à papa au volant de sa petite voiture, seraient tout simplement englobés dans le monde organisé par le père, s'il n'y avait pas justement le signifiant père , qui permet, si je puis dire, de s'en extraire pour s'imaginer le faire chier, et même pour y arriver. C'est ce qu'on exprime en disant qu'il ou elle introjecte en l'occasion l'image paternelle. - En somme, de ce signifiant introjecté le sujet tombe sous un jugement qui le réprouve, il prend par là la dimension du réprouvé, ce qui, comme chacun sait, n'a rien de narcissiquement si désavantageux. - 407 - [la théorie classique assimile l'idéal du moi à] l'introjection d'un objet impératif, interdictif, essentiellement conflictuel. - c'est dans la mesure où cet objet - le père par exemple (...) - aura été intériorisé, qu'il constituera le surmoi - [ensuite sera l'] objet d'un investissement libidinal pour le sujet. - [et enfin sera reprojeté sur un objet] comme investissement amoureux au premier chef. - 411 - [En fait, au lieu de chercher l'origine de l'idéal du moi dans le surmoi, par introjection du premier objet violent, il vaudrait mieux expliquer le moi idéal par l'idéal du moi, et celui-ci par l'Autre : l'enfant au miroir porté par l'adulte se mire tout en se retournant sans cesse vers celui-ci, et dans ce va-et-vient réside toute la nuance entre moi idéal et idéal du moi.] - 413 - l'identification se fait toujours par ein einziger Sug . - 414 - [c'est là] le caractère ponctuel de la référence originelle à l'Autre dans le rapport narcissique. - Ce regard de l'Autre, nous devons le concevoir comme s'intériorisant par un signe. Ca suffit. (...) Il n'y a pas besoin de tout un champ d'organisation et d'une introjection massive. - Il y a lieu de distinguer radicalement l'idéal du moi et le moi idéal. Le premier est une introjection symbolique, alors que le second est la source d'une projection imaginaire.

1961/62 - L'identification - 29/11/61 - si le A est A a constitué, si je puis dire, la condition de tout un âge de la pensée dont l'exploration cartésienne (...) est le terme - ce qu'on peut appeler l'âge théologique - il n'en est pas moins vrai que l'analyse linguistique est corrélative à l'avènement d'un autre âge, (...) je veux dire dans les mathématiques, d'un usage étendu du signifiant. Nous pouvons dire nous apercevoir que c'est dans la mesure où le A est A doit être mis en question que nous pouvons faire avancer le problème de l'identification. - l'un comme tel est l'Autre. c'est à partir de ceci, de cette foncière structure de l'un comme différence que nous pouvons voir apparaître cette origine d'où l'on peut voir le signifiant se constituer. - L'identification n'a rien à faire avec l'unification. - 13/12/61 - Si j'identifie cette fonction du trait unaire, si j'en fais la figure dévoilée de cet eirziger zug de l'identification, (...) pointons qu'il s'agit de l'identification de la deuxième espèce (...] [que Freud] appelle régressive, pour autant que c'est lié à quelque abandon de l'objet qu'il définit comme l'objet aimé. Cet objet aimé va de la femme aux livres rares. - 20/06/62 - [3è identification où] le sujet se constitue comme désir - le désir de l'homme se situe au lieu de l'Autre

1962/63 - L'angoisse - 29/11/61 - deux sortes d'identifications imaginaires : 1) celle au "a" : i(a), image spéculaire (...), 2) celle plus mystérieuse à (...) l'objet du désir comme tel. - 05/06/63 - [1ère identification] l'identification par la voix - nous parlons d'incorporation.

1964/65 - Problèmes cruciaux pour la psychanalyse - 13/01.65 - la demande est définie comme le discours qui vient expressément s'inscrire au lieu de l'Autre - la demande progresse vers un point qui est celui que j'ai désigné la dernière fois comme le point d'identification. - 03/03/65 - la nature foncière du corps a à voir avec [la libido]. - aussi bien ceci a rapport à l'existence de la reproduction sexuelle mais n'y est point identique puisque la première forme en est cette pulsion orale où s'opère l'incorporation. - ceux qui consomment la victime primordiale, le père démembré - c'est l'être de l'autre, l'essence d'une puissance primordiale qui, ici à être consommée, est assimilée - c'est dans un second temps que s'instaure (...) la dialectique de la demande et de la frustration à savoir ce que Freud nous pose comme la seconde forme de l'identification, le fait que, à partir du moment où s'introduit l'objet d'amour, c'est là que s'introduit aussi la possibilité de par la frustration, de l'identification à l'objet d'amour lui-même - alternance de l'objet à l'identification de l'objet - alternance de l'âtre et de l'avoir. - Troisième terme, nous dit Freud, c'est celle de l'identification, en quelque sorte directe, du désir au désir - c'est l'hystérique qui nous en donne le modèle