Libido

1936 - Au-delà du principe de réalité - 90 - Il faut distinguer (...) deux usages du concept de libido (...) : comme concept énergétique , réglant l'équivalence des phénomènes, comme hypothèse substantialiste , les référant à la matière. - 91 - Comme concept énergétique (...) la libido n'est que la notation symbolique de l'équivalence entre les dynamismes que les images investissent dans le comportement. C'est la condition même de l'identification symbolique et l'entité essentielle de l'ordre rationnel, sans lesquelles aucune science ne saurait se constituer. -

1951 - Quelques réflexions sur l'Ego - La libido (...), entrant dans l'identification narcissique, révèle là sa signification. sa dimension caractéristique est l'agressivité. / [Ne surtout pas ramener l'agressivité à la capacité à l'agression :] - ils peuvent représenter deux contraires.

1953 - Les écrits techniques de Freud - 140 - Quel est le ressort concret qui détermine la mise en fonction de l'énorme mécanique sexuelle ? - Ce n'est pas la réalité du partenaire sexuel, la particularité d'un individu, mais quelque chose qui a le plus grand rapport avec ce que je viens d'appeler le type, à savoir une image. - 141 - La pulsion libidinale est centrée sur la fonction de l'imaginaire. [Lacan veut apporter ici une détermination qui est aussi une limitation. Il ne veut pas noyer ses catégories dans la seule notion de libido...]

1954/55 - Le moi dans la théorie de Freud - 260 - La libido permet de parler du désir en des termes qui comportent une objectivation relative. - la notion de libido est une forme d'unification du champ des effets psychanalytiques. [mais tout de même peut-être liée à l'introduction du narcissisme : 1915, quelque chose de plus précis] - son usage se situe dans la ligne traditionnelle de toute théorie comme telle, qui tend à aboutir à un monde. - [Or] Rien n'est plus éloigné de l'expérience freudienne. - 261 - Le monde freudien n'est pas un monde des choses, c'est un monde du désir en tant que tel. - Le désir est un rapport d'être à manque. Ce manque est manque d'être à proprement parler. Ce n'est pas manque de ceci ou de cela - La libido, mais non plus dans son usage théorique en tant que quantité, est le nom de ce qui anime le conflit foncier qui est au cœur de l'action humaine. - 263 - le désir sexuel n'a rien d'objectivé dans notre expérience. Ce n'est pas une abstraction, ni un x épuré, comme est devenue la notion de force en physique. - Mais ce à quoi nous avons à faire, c'est à un sujet qui est là, qui est vraiment désirant, et le désir dont il s'agit est préalable à toute espèce de conceptualisation - toute conceptualisation sort de lui. [cf. Freud : la théorie sort de la libido ; elle-même n'est pas théorique, au sens de totale]

1956-57 - La relation d'objet - (3) C'est une notion qui tout comme l'énergie est entièrement abstraite et consiste uniquement à pouvoir poser, et encore d'une façon virtuelle, dans l'analyse une simple pétition de principe destinée à permettre un certain jeu de la pensée, l'énergie strictement de celle qu'a introduit la notion d'équivalence, cad la notion d'une commune mesure entre des manifestations qui se présentent comme qualitativement fort différentes. (...) il n'y a qu'une seule et unique libido.

1964 - Position de l'inconscient - 845-848 - Considérons cet œuf dans le ventre vivipare où il n'a pas besoin de coquille, et rappelons que chaque fois que s'en rompent les membranes, c'est une partie de l'œuf qui est blessée, car les membranes sont, de l'œuf fécondé, filles au même titre que le vivant qui vient au jour par leur perforation. D'où il résulte qu'à la section du cordon, ce que perd le nouveau-né, ce n'est pas, comme le pensent les analystes, sa mère, mais son complément anatomique. Ce que les sages-femmes appellent le délivre. Eh bien! imaginons qu'à chaque fois que se rompent les membranes, par la même issue un fantôme s'envole, celui d'une forme infiniment plus primaire de la vie, et qui ne serait guère prête à redoubler le monde en microcosme. A casser l'œuf se fait l'Homme, mais aussi l'Hommelette. Supposons-la, large crêpe à se déplacer comme l'amibe, ultra-plate à passer sous les portes, omnisciente d'être menée par le pur instinct de la vie, immortelle d'être scissipare. Voilà quelque chose qu'il ne serait pas bon de sentir se couler sur votre visage, sans bruit pendant votre sommeil, pour le cacheter. - lnutile d'ajouter que la lutte serait vite engagée contre un être aussi redoutable, mais qu'elle serait difficile. Car on peut supposer que l'absence d'appareil sensoriel chez l'Hommelette ne lui laissant pour se guider que le pur réel, elle en aurait avantage sur nous, hommes, qui devons toujours nous fournir d'un homuncule dans notre tête, pour faire du même réel une réalité. Il ne serait pas facile en effet d'obvier aux chemins de ses attaques, au reste impossibles à prévoir, puisque aussi bien elle n'y connaîtrait pas d'obstacles. Impossible de l'éduquer, de la piéger pas plus. - A son nom près que nous allons changer pour celui plus décent de lamelle (dont le mot omelette au reste n'est qu'une métastase). Cette image et ce mythe nous paraissent assez propres à figurer autant qu'à mettre en place, ce que nous appelons la libido. L'image nous donne la libido pour ce qu'elle est, soit un organe, à quoi ses mœurs l'apparentent bien plus qu'à un champ de forces. Disons que c'est comme surface qu'elle ordonne ce champ de forces. Cette conception se met à l'épreuve, à reconnaitre la structure de montage que Freud a conférée à la pulsion et à l'y articuler. - 845-848 - Notre lamelle représente ici cette part du vivant qui se perd à ce qu'il se produise par les voies du sexe. - De ce qui s'en représente dans le sujet, ce qui frappe, c'est la forme de coupure anatomique (ranimant le sens étymologique du mot : anatomie) où se décide la fonction de certains objets dont il faut dire non pas qu'ils sont partiels, mais qu'ils ont une fonction bien à part. - Car à se souvenir de la relation de parasitisme où l'organisation mammifère met le petit, de l'embryon au nouveau-né, à l'endroit du corps de la mère, le sein apparaîtra comme la même sorte d'organe, à concevoir comme ectopie d'un individu sur un autre, que le placenta réalise aux premiers temps de la croissance d'un certain type d'organisme, lequel reste spécifié de cette intersection.

1964 - Les quatre concepts… - 187 - La poursuite du complément, le mythe d'Aristophane noue l'image de façon pathétique, et leurrante, en articulant que c'est l'autre, que c'est sa moitié sexuelle, que le vivant cherche dans l'amour. A cette représentation mythique du mystère de l'amour, l'expérience analytique substitue la recherche par le sujet, non du complément sexuel, mais de la part à jamais perdue de lui-même, qui est constituée du fait qu'il n'est qu'un vivant sexué, et qu'il n'est plus immortel. Dès lors, vous comprenez que - pour la même raison qui fait que c'est par le leurre que le vivant sexué est induit à sa réalisation sexuelle - la pulsion, la pulsion partielle, est foncièrement pulsion de mort, et représente en elle-même la part de la mort dans le vivant sexué. - La libido est l'organe essentiel à comprendre la nature de la pulsion. Cet organe est irréel. Irréel n'est point imaginaire. L'irréel se définit de s'articuler au réel d'une façon qui nous échappe, et c'est justement ce qui nécessite que sa représentation soit mythique, comme nous la faisons. Mais d'être irréel, cela n'empêche pas un organe de s'incarner. Je vous en donne tout de suite la matérialisation. Une des formes les plus antiques à incarner, dans le corps, cet organe irréel, c'est le tatouage, la scarification. L'entaille a bel et bien la fonction d'être pour l'Autre, d'y situer le sujet, marquant sa place dans le champ des relations du groupe, entre chacun et tous les autres. Et, en même temps, elle a de façon évidente une fonction érotique, que tous ceux qui en ont approché la réalité ont perçue. J'ai montré encore que, dans le rapport foncier de la pulsion, le mouvement est essentiel par quoi la flèche qui part vers la cible ne remplit sa fonction qu'à réellement en émaner, pour revenir sur le sujet. Le pervers, en ce sens, est celui qui, en court-circuit, plus directement qu'aucun autre, réussit son coup -