Morale

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse - 28 - ma thèse est que la loi morale (...) est ce par quoi (...) se présentifie le réel (...) le poids du réel. Thèse qui peut paraître à la fois vérité triviale et paradoxe. Ma thèse comporte en effet que la loi morale s'affirme contre le plaisir, et nous sentons bien aussi que parler de réel à propos de la loi morale semble mettre en question la valeur de ce que nous intégrons d'ordinaire sous le vocable de l'idéal. - 22 - Chez Freud, la caractéristique du plaisir, comme dimension de ce qui enchaîne l'homme, se trouve tout entière du côté du fictif - (...) pas par essence ce qui est trompeur, mais, à proprement parler, ce que nous appelons le symbolique. - que ce que le principe du plaisir fasse rechercher à l'homme, ce soit le retour d'un signe - 29 - Au-delà du principe du plaisir, nous apparaît cette face opaque (...) qui s'appelle l'instinct de mort. - Qu'est-ce que cette sorte de loi au-delà de toute loi, qui ne peut se poser que comme d'une structure dernière, d'un point de fuite de toute réalité possible à atteindre ? - 30 - L'action morale, en effet, est entée dans le réel. Elle introduit dans le réel du nouveau, y créant un sillage où se sanctionne le point de notre présence. - 30 - Sa praxis [de l'analyse] n'est que le prélude à une action morale comme telle - ladite action étant celle par laquelle nous débouchons dans le réel.

1963 - Kant avec Sade - 780 - La loi morale [kantienne] ne représente-elle pas le désir dans le cas où ce n'est plus le sujet [Sade] mais l'objet qui fait défaut ?

1964 - Les quatre concepts… - 247 - il y en a peu assurément pour ne pas succomber à la fascination [fascisation, ici, littéralement] du sacrifice en lui-même - le sacrifice signifie que, dans l'objet de nos désirs, nous essayons de trouver le témoignage de la présence du désir de cet Autre que j'appelle ici le Dieu obscur. - [la loi morale] n'est rien d'autre que le désir à l'état pur, celui-là même qui aboutit au sacrifice, à proprement parler, de tout ce qui est l'objet de l'amour dans sa tendresse humaine - je dis bien, non seulement au rejet de l'objet pathologique, mais bien à son sacrifice et à son meurtre. C'est pourquoi j'ai écrit Kant avec Sade.