Oralité

1955/56 - Les psychoses - 167 - les soubassements kleiniens de l'imaginaire, à savoir le complexe oral - [cela se traduit dans l'analyse par] une sorte d'incorporation ou dévoration imaginaire, qui ne peut être, étant donné que la relation analytique est une relation de parole, qu'une incorporation du discours de l'analyste. - [cf. l'expression "dévorer les livres..."]

1960/61 - Le Transfert - 238 - toute demande, du fait qu'elle est parole, tend à se structurer en ceci, qu'elle appelle de l'autre sa réponse inversée. - C'est de cela qu'il s'agit chaque fois qu'il éclate le moindre conflit dans ce rapport entre l'enfant et la mère - Qu'y a-t-il qui réponde mieux, en apparence, à la demande d'être nourri que celle de se laisser nourrir ? Nous savons pourtant que c'est dans le mode même de confrontation des deux demandes que gît cet infime gap , cette béance, cette déchirure, où s'insinue d'une façon normale la discordance, l'échec préformé de la rencontre. - il se manifeste que cette demande, un désir la déborde - qu'elle ne saurait être satisfaite sans que ce désir s'y éteigne - que c'est pour que ce désir qui déborde la demande ne s'éteigne pas, que le sujet qui a faim, de ce qu'à sa demande d'être nourri répond la demande de se laisser nourrir, et refuse en quelque sorte de disparaître comme désir du fait d'être satisfait comme demande - que l'extinction ou l'écrasement de la demande dans la satisfaction ne saurait se produire sans tuer le désir. - 239 - Ce désir, qu'est-ce que c'est ? - La demande orale a un autre sens que la satisfaction de la faim. Elle est demande sexuelle - cannibalisme, et le cannibalisme a un sens sexuel. - ce n'est pas seulement du pain du bon vouloir de l'Autre que le sujet primitif a à se nourrir, mais bel et bien du corps de celui qui le nourrit. - 240 - du seul fait que la tendance de la bouche qui a faim s'exprime par cette même bouche en une chaîne signifiante, entre en elle cette possibilité de désigner la nourriture, qui est le désir. Quelle nourriture ? La première chose qui en résulte, c'est qu'elle peut dire, cette bouche - Pas celle-là. La négation, l'écart, le j'aime ça et pas autre chose du désir -

1962/63 - L'angoisse - 15/05/63 - la lèvre, elle-même incarnation, si l'on peut dire d'une coupure (...) nous évoque singulièrement ce qu'il y aura (...) au niveau de l'articulation signifiante, au niveau des phonèmes - Il y a derrière la lèvre ce qu'Homère appelle "l'enclos des dents" et la morsure. C'est là autour que nous faisons jouer (...) sa thématique agressive, l'isolation fantasmatique de l'extrémité du sein - un objet non seulement partiel mais sectionné - [mais la vraie coupure est ailleurs] elle n'est pas conditionnée par l'agression sur le corps maternel - la coupure est intérieure à l'unité individuelle primordiale telle qu'elle se présente au niveau de la naissance, où la coupure se fait entre ce qui va devenir l'individu jeté dans le monde extérieur et ses enveloppes qui sont parties de lui-même - l'œuf, dans sa position intra-utérine, se présente dans une relation semi-parasitaire à l'organisme de la mère. - je dirai que la mamme se présente comme quelque chose d'intermédiaire et que c'est entre la mamme et l'organisme maternel qu'il nous faut concevoir que réside la coupure - la mamme est en quelque sorte plaquée, implantée sur la mère, c'est cela qui permet à la mamme de fonctionner structuralement au niveau du (a). C'est parce que le (a) est quelque chose dont l'enfant est séparé d'une façon en quelque sorte interne (...) qu'il est bel et bien le (a).