Pulsion de mort

1938 - Les complexes familiaux - 33 - la tendance à la mort, qui spécifie le psychisme de l'homme, s'explique de façon satisfaisante par la conception que nous développons ici, à savoir que le complexe, unité fonctionnelle de ce psychisme, ne répond pas à des fonctions vitales mais à l'insuffisance de ces fonctions. - sous la forme originelle que lui donne le sevrage [cette tendance], se révèle dans des suicides très spéciaux qui se caractérisent comme "non violents", en même temps qu'y apparaît la forme orale du complexe [anorexie, tabac, etc.] - le sujet cherche à retrouver l'imago de la mère.

1953 - Les écrits techniques de Freud - 195 - [L'issue masochiste, et la pulsion de mort] Elle se situe au point de jonction entre l'imaginaire et le symbolique. - quand Freud a isolé le masochisme primordial, il l'a incarné précisément dans un jeu de l'enfance - Ce jeu de la bobine s'accompagne d 'une vocalisation [fort/da] - Dans cette opposition phonématique, l'enfant transcende, porte sur un plan symbolique, le phénomène de la présence et de l'absence. Il se rend maître de la chose, pour autant que, justement, il la détruit. [il "se" la détruit, d'où le masochisme en question] - 196 - le masochisme primordial est à situer autour de cette première négativation, de ce meurtre originaire de la chose.

1953 - Fonction et champ de la parole… - 202 - de même que l'automatisme de répétition (...) ne vise rien d'autre que la temporalité historisante de l'expérience du transfert, de même l'instinct de mort exprime (...) la limite de la fonction historique du sujet. Cette limite est la mort, non pas comme échéance éventuelle de la vie de l'individu (...) mais selon la forme qu'en donne Heidegger, comme "possibilité absolument propre, inconditionnelle, indépassable, certaine et comme telle indéterminée du sujet", entendons-le du sujet défini par son historicité.

1954/55 - Le moi dans la théorie de Freud... - 79 - [Répétition] [Partons du principe d'homéostase, lequel] tempère l'irruption des quantités d'énergie venue du monde extérieur. / Cette régulation, appelons-la fonction restitutive de l'organisation psychique . - Freud n'a pas le terme d'homéostase, il emploie celui d'inertie - Décharge et retour à la position d'équilibre, cette loi de régulation vaut pour les deux systèmes - C'est ici que Freud s'aperçoit que quelque chose ne satisfait pas au principe du plaisir. Il s'aperçoit que ce qui sort d'un des systèmes - celui de l'ics - est d'une insistance (...) toute particulière. - automatisme de répétition - [ou plutôt] compulsion à la répétition - 81 - Il y a une fonction restitutive, qui est celle du principe de plaisir. Mais il y a aussi une fonction répétitive [au-delà non seulement du principe de plaisir de l'opposition plaisir/réalité]. - L'introduction de l'instinct de mort correspond à cette découverte sur le plan purement abstrait et/ou énergétique. - l'opposition du principe de plaisir et du principe de réalité est toute relative : si "dans le principe du plaisir, le plaisir, par définition, tend à sa fin", "le principe de réalité consiste en ce que le jeu dure, cad que le plaisir se renouvelle". Le principe de réalité ne peut donc pas simplement être "introduit par cette simple remarque qu'à trop chercher son plaisir, il arrive toutes sortes d'accidents - on se brûle les doigts, on attrape une chaude-pisse, on se casse la gueule."(p.107). Conservation de l'énergie et entropie, etc. L'instinct de mort dont il s'agit "au-delà du principe de plaisir" n'a rien à voir avec la mort des êtres vivants. Il n'est pas régulateur, il est perturbateur comme le rêve, comme le symbolique.] - 375 - l'instinct de mort n'est que le masque de l'ordre symbolique, en tant (...) qu'il est muet, cad en tant qu'il n'est pas réalisé. - un ordre symbolique en gésine.

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 12/02/58 - le principe du plaisir comme cette tendance de tout ce qui est la vie, à retourner à l'inanimé. Le dernier ressort de l'évolution libidinale, c'est de retourner au repos des pierres. - Nous sommes tout de même forcés de l'appeler un au-dela du principe du plaisir, pour le distinguer.

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse - 250 - La pulsion de mort est à situer dans le domaine historique, pour autant qu'elle s'articule à un niveau qui n'est définissable qu'en fonction de la chaîne signifiante, cad en tant qu'un repère, qui est un repère d'ordre, peut être situé par rapport au fonctionnement de la nature [et, comme dans le texte de Sade, conduisant à une éternisation de la mort naturelle:] Il faudrait, pour la mieux servir encore [la nature], pouvoir s'opposer à la régénération résultant du cadavre que nous enterrons. Le meurtre n'ôte que la première vie à l'individu que nous frappons ; il faudrait pouvoir lui arracher la seconde, pour être plus encore utile à la nature ; car c'est l'anéantissement qu'elle veut - 251 - La pulsion comme telle, et pour autant qu'elle est alors pulsion de destruction, doit être au-delà de la tendance au retour à l'inanimé. - Que peut-elle bien être ? - si ce n'est une volonté de destruction directe, si je puis dire - mise en cause de tout ce qui existe - Mais elle est également volonté de création à partir de rien, volonté de recommencement. - Comme dans Sade, la notion de la pulsion de mort est une sublimation créationniste, liée à cet élément structural qui fait que, dès lors que nous avons affaire à quoi que ce soit dans le monde qui se présente sous la forme de la chaîne signifiante, il y a quelque part, mais assurément hors du monde de la nature, l'au-delà de cette chaîne, l'ex-nihilo sur lequel elle se fonde et s'articule comme telle. - 252 - cela revient en fin de compte - et c'est ainsi que nous lisons l'Au-delà du principe du plaisir - à substituer à la Nature un sujet. - Je vous montre la nécessité d'un point de création ex nihilo dont naît ce qui est historique [histoire] dans la pulsion [et qui fait l'évolutionnisme et Freud, cela fait deux]. Au commencement était le Verbe, ce qui veut dire le signifiant.