Transfert

1948 - L'agressivité en psychanalyse - 106 - Thèse III : Les ressorts D'AGRESSIVITÉ décident des raisons qui motivent la technique de L'ANALYSE. - 107 - c'est la participation à son mal que le malade attend de nous. - [Mais] Seuls les saints sont assez détachés de la plus profonde des passions communes pour éviter les contrecoups agressifs de la charité. - Nous devons pourtant mettre en jeu l'agressivité du sujet à notre endroit, puisque ces intentions, on le sait, forment le transfert négatif qui est le nœud inaugural du drame analytique. Ce transfert représente chez le patient le transfert imaginaire sur notre personne d'une des imagos plus ou moins archaïques - 108 - Loin de l'attaquer de front, la maïeutique analytique adopte un détour qui revient en somme à induire dans le sujet une PARANOIA dirigée - opérer la projection de ce que Mélanie Klein appelle les mauvais objets internes , mécanisme paranoïaque certes, mais ici bien systématisé, filtré en quelque sorte et étanché à mesure. - Encore, répétons-le, cette imago ne se révèle-t-elle que pour autant que notre attitude offre au sujet le miroir pur d'une surface sans accidents.

1951 - Intervention sur le transfert - 225 - Ne peut-on ici le considérer [le contre transfert] comme une entité toute relative au contre-transfert défini comme la somme des préjugés, des passions, des embarras, voire de l'insuffisante information de l'analyste à tel moment du procès dialectique ?

1953 - Les écrits techniques de Freud - 50 - "Toutes les fois que l'on se rapproche d'un complexe pathogène, c'est d'abord la partie complexe pouvant devenir transfert qui se trouve poussée vers le conscient et que le patient s'obstine à défendre avec la plus grande ténacité." (Freud) - [La résistance est donc un phénomène lié au transfert ; elle n'a pas d'existence autonome. Plus exactement] - 52 - Quand cette résistance devient trop forte, surgit le transfert. [lequel est identiquement un phénomène de résistance, donc]. - 127 - Dans son essence, le transfert (...) c'est tout simplement l'acte de la parole. Chaque fois qu'un homme parle à un autre d'une façon authentique et pleine (...) - il se passe quelque chose qui change la nature des deux êtres en présence. / Mais il s'agit là d'un autre transfert que celui qui s'est d'abord présenté dans l'analyse non seulement comme un problème, mais comme un obstacle. Cette [dernière] fonction, en effet, est à situer sur le plan imaginaire. - 130 - Il ne s'agit pas de l'amour en tant qu'Eros (...) mais de l'amour-passion (...) comme une sorte de catastrophe psychologique.

1957 - Entretien (L'Express) - Ce n'est pas d'effets instinctuels à leur puissance première que Freud traite. Ce qui est analysable l'est pour autant qu'il est déjà articulé dans ce qui fait la singularité de l'histoire du sujet. Si le sujet peut s'y reconnaître, c'est dans la mesure où la psychanalyse permet le "transfert" de cette articulation.

1957 - L'instance de la lettre dans l'inconscient - 518 - C'est dans une mémoire, comparable à ce qu'on dénomme de ce nom dans nos modernes machines-à-penser (fondées sur une réalisation électronique de la composition signifiante), que gît cette chaîne qui insiste à se reproduire dans le transfert, et qui est celle d'un désir MORT. / C'est la vérité de ce que ce désir a été dans son histoire, que le sujet crie par son symptôme - 519 - C'est aussi pourquoi la psychanalyse seule permet de différencier, dans la mémoire, la fonction de remémoration. Enracinée dans le signifiant, elle résout, par l'ascendant de l'histoire dans l'homme, les apories platoniciennes de la réminiscence.
1957/58 - Les formations de l'inconscient - 04/06/58 - C'est donc que le transfert est autre chose que l'usage d'un pouvoir, le transfert est déjà un champ ouvert, la possibilité d'une articulation signifiante autre et différente de celle qui enferme le sujet dans sa demande [de sa demande quotidienne, ou de sa demande immédiate de satisfaction en analyse ; en arrière-plan se trouve la demande d'amour au niveau du transfert comme tel.] - [notre attitude en la matière est "abstentionniste", ou "abstinence", elle] consiste à ne jamais comme telle gratifier la demande. - [Entre les deux lignes, il y a le désir, et ce qui résiste à toute suggestion, particulièrement dans l'analyse face aux interprétations parfois hâtives de l'analyste , c'est ceci : le désir d'avoir son désir. - cette RÉSISTANCE (...) est la même chose que le transfert [elle se situe au même niveau, qui n'est pas celui où on la place d'habitude].

1960-61 - Le Transfert - 46 - Il y a deux choses dans mon discours passé que j'ai notées concernant l'amour, et je vous les rappelle. La première est que l'amour est un sentiment comique [le tragique renverrai à une conception de l'amour divin, plato- et néoplatonicien]. - La seconde (...) c'est que l'amour, c'est de donner ce qu'on a pas. [exit la complémentarité] - l'amour grec nous permet de dégager dans la relation de l'amour les deux partenaires au neutre. Il s'agit de ce quelque chose de pur qui s'exprime naturellement au genre masculin - saisir le moment de bascule, de retournement où de la conjonction du désir avec son objet en tant qu'inadéquat, doit surgir cette signification qui s'appelle l'amour - [l'amour surgit comme signification parce qu'il est transfert de a à z, cad comme métaphore, simple 'transport' ou substitut de ce qu'il en est réellement du désir et qui ne peut qu'échouer à son objet] - [métaphore] C'est en tant que la fonction de l'érastès, de l'aimant, pour autant qu'il est le sujet du manque, vient à la place, se substitue à la fonction de l'érôménos, l'objet aimé, que se produit la signification de l'amour. - 67 [et] quand c'est vous qui étiez d'abord l'érôménos, l'objet aimé, et que soudain vous devenez l'érastès, celui qui désire. - 68 - Aussi bien cette symétrie n'en est pas une, car en tant que la main se tend [désirante], c'est vers un objet. La main qui apparaît de l'autre côté est le miracle [de l'amour] - [il en résulte que même si l'amour apporte en quelque sorte une "réponse" au DÉSIR, la structure de l'amour est bien initialement de désir] - 179 - [Dès l'entrée d'Alcibiade] il va être question de faire l'ÉLOGE, épaïnos , de l'autre, et c'est précisément en cela, quant au dialogue, que réside le passage de la métaphore. L'éloge de l'autre se substitue non pas à l'éloge de l'amour, mais à l'amour lui-même [faire l'éloge c'est faire l'amour, c'est déjà aimer] - 183 - le fait que Socrate se refuse à entrer lui-même dans le jeu de l'amour est étroitement lié à ceci (...) que, pour lui, il n'y a rien en lui qui soit aimable. Son essence est ce vide, ce creux - [au contraire d'Agathon qui, lui, est "plein"... comme un œuf] A savoir que, sauf concernant les choses de l'amour, il ne sait rien. - 190 - [Accessoirement - et c'est là qu'il faut interpréter - Alcibiade s'est tourné vers Agathon et le met en garde contre Socrate ; mais l'on voit que tel est le but, depuis le départ, d'Alcibiade : draguer Agathon ; il aura fallu pour cela que Socrate fasse l'éloge d'Agathon - c'est cela le "désir de l'analyste" - afin de] faire passer [c'est cela le transfert], moi Socrate, l'image de toi aimant, c'est par là que tu vas entrer dans la voie des identifications supérieures que trace le chemin de la beauté. Ce serait oublier que] le désir dans sa racine et son essence, c'est le désir de l'Autre, et c'est ici à proprement parler qu'est le ressort de la naissance de l'amour, si l'amour, c'est ce qui se passe dans cet objet vers lequel nous tendons la main par notre propre désir, et qui, au moment où notre désir fait éclater son incendie, nous laisse apparaître un instant cette réponse, cette autre main qui se tend vers nous comme son désir. - 206 - La présence du passé, donc, telle est la réalité du T. - C'est une présence un peu plus que présence - c'est une présence en acte (...) une reproduction [une création : cf. plus bas, Fiction] - 229 - Du seul fait qu'il y a transfert, nous sommes impliqués dans la position d'être celui qui contient l'agalma - C'est un effet légitime du transfert. Il n'est pas besoin de faire intervenir pour autant le contre-transfert, comme s'il s'agissait de quelque chose qui serait la part propre, et bien plus encore, la part fautive de l'analyste. Seulement, pour le reconnaître, il faut que l'analyste sache certaines choses. Il faut qu'il sache en particulier que le critère de sa position correcte n'est pas qu'il comprenne ou qu'il ne comprenne pas. Il n'est pas absolument essentiel qu'il comprenne. [Ce n'est pas quand il ne comprend pas, c'est quand l'analyste cherche à comprendre que se produit le contre-transfert.] - 230 - C'est seulement en tant, certes, qu'il sait ce que c'est que le désir, mais qu'il ne sait pas ce que ce sujet, avec lequel il est embarqué dans l'aventure analytique, désire, - qu'il est en position d'en avoir en lui, de ce désir, l'objet. - [Et lorsque l'analysant comprend que l'analyste "ne sait pas vraiment, alors il le désire en fin comme désirant, cad qu'enfin il désire le désir.] - 368 - La nécessité où nous sommes de répondre au transfert intéresse-t-il notre être [d'analyste], où s'agit-il simplement de définir une conduite à tenir, un handling (...), un how to , une comment faire ? cela intéresse notre être. Ne vous y trompez pas, cette espèce de remarque massive me paraît tout ce qu'il y a de plus heurtant, dans la mesure précisément où elle dit quelque chose de juste, et où elle le dit d'une façon qui ferme tout de suite la porte. Elle est bien faite pour me mettre en boule. - l'analyste joue son rôle transférentiel précisément dans la mesure où il est pour le malade ce qu'il n'est pas sur le plan de ce qu'on peut appeler la réalité. C'est ce qui nous permet (...) de faire apercevoir au malade à quel point il est loin du réel, à cause de ce qu'il produit de fictif à l'aide du transfert.

1963 - L'angoisse - 23/01/63 - Le transfert sans l'analyse, c'est l'acting-out, l'acting-out sans l'analyse, c'est le transfert.- 03/07/63 - cet objet (a) est à situer comme tel dans le champ de l'autre (...) et c'est cela qu'on appelle la possibilité de transfert.

1964 - Les quatre concepts… - 118 - quand Freud nous le présente il nous dit - Ce qui ne peut être remémoré se répète dans la conduite. Cette conduite, pour révéler ce qu'elle répète, est livrée à la reconstruction de l'analyse. - On peut aller à croire que l'opacité du traumatisme - (...) cad pour nous la résistance de la signification - est alors nommément tenue pour responsable de la limite de la remémoration. Et après tout, nous pourrions nous y trouver à l'aise (...) de reconnaître qu'il y a là un moment fort significatif de la passation de pouvoir du sujet à l'Autre, celui que nous appelons le grand Autre, le lieu de la parole, virtuellement le lieu de la vérité. - [Mais en réalité] L'Autre, latent ou pas, est, dès avant, présent dans la révélation subjective. Il est déjà là quand quelque chose a commencé à se livrer de l'ics. L'interprétation de l'analyste ne fait que recouvrir le fait que l'ics (...) a déjà dans ses formations (...) procédé par interprétation. - 119 - Ce que Freud nous indique (...) c'est que le transfert est essentiellement résistant. - Le transfert est le moyen par où s'interrompt la communication de l'ics, par où l'ics se referme. - [paradoxe que] l'analyste doit attendre le transfert pour commencer à donner l'interprétation. - [La tendance actuelle de la psy:] Faire appel à une partie saine du sujet, qui serait là dans le réel, apte à juger avec l'analyste ce qui se passe dans le transfert, c'est méconnaître que c'est justement cette partie là qui est intéressée dans le transfert, que c'est elle qui ferme la porte - Or, le discours de l'Autre qu'il s'agit de réaliser, celui de l'ics, il n'est pas au-delà de la fermeture, il est au-dehors. c'est lui qui, par la bouche de l'analyste, en appelle à la réouverture du volet. - 120 - La contradiction de sa fonction [du transfert], qui le fait saisir comme le point d'impact de la portée interprétative en ceci même que, par rapport à l'ics, il est moment de fermeture - voilà ce qui nécessite que nous le traitions comme ce qu'il est, à savoir un nœud. – 133 - le transfert est la mise en acte de la réalité de l'inconscient. - 210 - Dès qu'il y a quelque part le Sujet Supposé Savoir (...) il y a transfert.- [Inversement, au début du transfert] le sujet, quand il entre dans l'analyse, est loin de lui donner cette place. Laissons pour l'instant l'hypothèse cartésienne que le psy soit trompeur. - Mais la psy nous montre que ce qui, surtout dans la phase de départ, limite le plus la confidence du patient, son abandon à la règle analytique, c'est la menace que le psy soit, lui, trompé. - 212 - [Par ex.] le patient peut penser que l'analyste sera trompé s'il lui donne certains éléments. Il retient certains éléments pour l'analyse n'aille pas trop vite. - [Et cependant, malgré cela, le SsS est bien en place car] Etant admis que l'analyste puisse être, chez certains sujets, mis en question à son départ même, et soupçonné d'être un leurre,- comment se fait-il qu'autour de ce se tromper quelque chose s'arrête ? Même au psy mis en question, il est fait le crédit d'une certaine infaillibilité quelque part, qui, même à l'analyste mis en question, fera attribuer quelques fois, à propos d'un geste de hasard, des intentions. Vous l'avez fait pour me mettre à l'épreuve ! - 228 - Le T est impensable, sinon à prendre son départ dans le SSS. - le sujet est supposé savoir, de seulement être sujet du désir. Or, que se passe-t-il ? Il se passe ce qu'on appelle (...) effet de transfert. Cet effet est d'amour. - comme tout amour, il n'est repérable (...) que dans le champ du narcissisme. Aimer, c'est essentiellement vouloir être aimé. - 229 - sa fonction de tromperie. L'amour, sans doute, est un effet de T, mais c'en est la face de résistance. Nous sommes liés à attendre cet effet de T pour pouvoir interpréter, et en même temps, nous savons qu'il ferme le sujet à l'effet de notre interprétation. - l'effet d'aliénation (...) est ici absolument manifeste. - Cela veut dire que le T n'est pas, de sa nature, l'ombre de quelque chose qui eût été auparavant vécu. Bien au contraire, le sujet, en tant qu'assujetti au désir de l'analyste, désire le tromper de cet assujettissement, en se faisant aimer de lui - C'est pourquoi, derrière l'amour dit de T, nous pouvons dire que ce qu'il y a, c'est l'affirmation du lien du désir de l'analyste au désir du patient. - 243 - l'opération et la manœuvre du transfert sont à régler d'une façon qui maintienne la distance entre le point d'où le sujet se voit aimable, - et cet autre point où le sujet se voit causé comme manque par "a", et où "a" vient boucher la béance que constitue la division inaugurale du sujet. - 244 [cf. schéma] - Toute analyse que l'on doctrine comme devant se terminer par l'identification à l'analyste révèle (...) que son véritable moteur est élidé. Il y a un au-delà à cette identification, et cet au-delà est défini par la rapport et la distance de l'objet petit "a" au grand I idéalisant de l'identification. - Freud donne ainsi son statut à l'hypnose en superposant à la même place l'objet "a" comme tel et ce repérage signifiant qui s'appelle l'idéal du moi. - 245 - l'objet y est (...) le regard de l'hypnotiseur. - [D'une façon générale, cf. ] la fonction du regard, de ses relations fondamentales à la tache, du fait qu'il y a déjà dans le monde quelque chose qui regarde avant qu'il y ait une vue pour le voir - Vous saisissez du même coup la fonction du regard dans l'hypnose, qui peut être remplie en somme par un bouchon de cristal, ou n'importe quoi, pour peu que ça brille. Définir l'hypnose par la confusion, en un point, de signifiant idéal où se repère le sujet avec le "a", c'est la définition structurale la plus assurée qui ait été avancée. Or, qui ne sait que c'est en se distinguant de l'hypnose que l'analyse s'est instituée ? car le ressort fondamental de l'opération analytique, c'est le maintien de la distance entre le I et le "a". si le T est ce qui, de la pulsion, écarte la demande, le désir de l'analyste est ce qui l'y ramène. Et par cette voie, il isole le "a", il le met à la plus grande distance possible du I que lui, l'analyste, est appelé par le sujet à incarner. C'est de cette idéalisation que l'analyste a à déchoir pour être le support de l'"a" séparateur, dans la mesure où son désir lui permet, dans une hypnose à l'envers, d'incarner, lui, l'hypnotisé. - C'est au-delà de la fonction du "a" que la courbe [de l'analyse] se referme - A savoir, après le repérage du sujet par rapport au "a", l'expérience du fantasme fondamental devient la pulsion. - 246 - Comment un sujet qui a traversé le fantasme fondamental peut-il vivre la pulsion ?