Fantasme

1956/57 - La relation d'objet - 652 - [fantasme des deux girafes] (...) une symbolisation du phallus maternel [la petite girafe], c'est à savoir que c'est le terme IMAGINAIRE [et non le terme réel que veut lui faire entendre le père et Freud] qui va devenir pour lui l'élément symbolique (...) - 708 - Anna (...), l'autre terme inassimilable de la situation [le 1er étant son pénis]. (...) restituer cet élément intolérable du réel au registre de l'imaginaire [à l'aide des fantasmes : il fait de Anna quelque chose de toujours-déjà-là : elle vivait dans un "petit coffre arrière de la voiture"!] (...) cette soeur qui devient son moi supérieur à partir du moment où elle est une image (...) ; il va pouvoir commencer à dominer la situation, à partir du moment où la petite soeur aura chevauché suffisamment longtemps le cheval redoutable. - 788 - [Anna, sorte d'idéal du moi dont il se sert pour dompter le cheval, pour le cravacher - pour autant que cette petite soeur devient la maitresse du signifiant, qu'elle vient à le chevaucher.]

1958/59 - Le désir et son interprétation - [perversion] le sujet se réduit lui-même à l'artifice de la fente comme tel. - en tant qu'il est dans le fantasme il est la fente. - quelque chose dans le réel à la fois trou et éclair - il ne réalise pas la fonction de la coupure qui l'abolit dans un automatisme clandestin - Il ne connaît lui que cette manœuvre d'animal honteux, cette manoeuvre oblique (...) qui l'expose aux horizons. Pourtant cette fente, (...) volet ou télescope, ou n'importe quel écran, cette fente c'est là ce qui le fait entrer dans le désir de l'autre. - ici le "a" est [véritablement, par delà les objets partiels] le désir de l'autre - [si la névrose est désir , mais suspendu comme tel, du désir de l'autre, la perversion est jouissance (arrêtée comme telle) au désir de l'autre ?] - La solution perverse à ce problème de la situation du sujet dans le fantasme est justement celle-ci : c'est de viser le désir de l'autre et de croire y voir un objet.

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 19/11/58 - "vous êtes belle", autour de quoi se fixent, se condensent toutes ces images énigmatiques dont le flot s'appelle pour moi mon désir, à savoir : je vous désire parce que vous êtes l'objet de mon désir, autrement dit vous êtes le commun dénominateur de mes désirs. - Dire à quelqu'un : je vous désire, c'est très précisément lui dire, mais cela ce n'est pas l'expérience qui le donne toujours, sauf pour les braves et instructifs petits pervers, petits et grands, c'est dire : je vous implique dans mon fantasme fondamental. -  21/05/58 - Le fantasme, nous le définirons si vous voulez, comme l'imaginaire qui est pris dans un certain usage de signifiant. - [et de plus] le sujet se met lui-même en jeu [en scène] dans ce scénario. - 11/06/58 - nous avons [au désir] son répondant, son support, le point où il se fixe sur son objet qui est bien loin d'être un objet en quelque sorte naturel, [mais] est un objet toujours constitué par une certaine position prise du sujet par rapport à l'autre. - relation fantasmatique dans son essence. - Il s'agit toujours de pulsions -

1958/59 - Le désir et son interprétation - 26/11/58 - C'est pour autant que l'événement évoqué dans la mémoire est un événement récité (...) que nous pouvons parlé à ce niveau de contiguïté. [La métaphore est] un effet de substitution dans la chaîne signifiante [Ex. la cerise et la lèvre : dans la métaphore la cerise et comme une lèvre, mais ça n'empêche pas ces termes d'intervenir dans une relation de contiguïté, de récit, de métonymie donc : la cerise entre les lèvres, par ex.] Si un instant nous arrêtons cette cerise au contact de la lèvre, c'est en fonction d'un flash qui est précisément le flash du récit, où c'est la phrase [ce qui se passe : le rapport de deux êtres et non plus l'être du rapport (métaphore)], où ce sont les mots qui un instant suspendent cette cerise entre les lèvres, et c'est d'ailleurs précisément parce qu'il existe cette dimension du récit en tant qu'elle institue le flash, qu'inversement cette image en tant qu'elle est créée par la suspension du récit, devient effectivement à l'occasion un des stimulants du désir, (...) cette suspension qui prend la valeur du fantasme, qui a signification érotique dans le détour de l'acte. - 29/01/59 - le fantasme a toujours cette structure ; il n'est pas simplement relation d'objet. Le fantasme est quelque chose qui coupe, un certain évanouissement, une certaine syncope signifiante du sujet en présence d'un objet. -24/06/59 - dans le fantasme le sujet est présent comme sujet du discours ics - il est représenté (...) par la fonction de coupure.

- 15/04/59 - la perversion se caractérise en ceci que tout l'accent du fantasme est mis du côté du corrélatif proprement imaginaire de l'autre, "a" - [dans la formule S barré poinçon a] - la névrose se situe par un accent mis sur l'autre terme du fantasme, cad au niveau du S barré. - le fantasme de la perversion (...) est appelable, il est dans l'espace, il suspend je ne sais quelle relation essentielle. Il n'est pas à proprement parler intemporel, il est hors du temps. Le rapport du sujet au temps, dans la névrose, est justement ce quelque chose dont on parle trop peu - Dans la névrose l'objet se charge de cette signification qui est cherchée dans ce que j'appellerais l'heure de la vérité. L'objet y est toujours à l'heure d'avant, ou à l'heure d'après. Si l'hystérie se caractérise par la fondation d'un désir en tant qu'insatisfait, l'obsessionnel se caractérise par la fonction d'un désir impossible. - l'obsessionnel (...) anticipe toujours trop tard. De même que pour l'hystérique il y a qu'il répète toujours ce qu'il y a d'initial dans son trauma, à savoir un certain trop tôt, une immaturation fondamentale. - le fondement d'un comportement névrotique (...) est que dans son objet le sujet cherche toujours à lire son heure - [Ainsi chez Hamlet, comme chez tout névrosé] de même que le premier terme, le premier facteur était la dépendance par rapport au désir de l'autre, au désir de la mère, voici le second caractère - [:] Hamlet est toujours suspendu à l'heure de l'autre, et ceci jusqu'à la fin. - C'est en ceci que la résonance du personnage et du drame d'H est la résonance même métaphysique de la question du héros moderne, pour autant qu'en effet quelque chose pour lui a changé dans son rapport à son destin. - ce qui distingue Hamlet d'Œdipe, c'est que lui Hamlet sait. [Il sait quoi ? Il en sait suffisamment pour se poser la question " être ou ne pas être " ?] - Shakespeare a choisi le sujet d'un héros contraint pour poursuivre les cheminements qui l'amèneront au terme de son geste à faire le fou. Ceci est une dimension proprement moderne. Celui qui sait est dans une position si dangereuse comme tel, tellement désigné pour l'échec et le sacrifice, que son cheminement doit être, comme quelque part le dit Pascal, d'être fou avec les autres. - [Mais pour ce qui regarde l'objet du fantasme du névrosé] dans le cas d'Hamlet (...) Ophélie est complètement dissoute en tant qu'objet d'amour. "I did you love", je vous aimais autrefois dit Hamlet. - Pour le sujet il apparaît si je puis dire au dehors - [et en tant qu'il est dehors, rejeté, il apparaît comme ce qu'il est : phallus] En quoi Ophélie est à ce moment là le phallus, c'est en ceci, et pour autant qu'ici le sujet extériorise le phallus en tant que symbole signifiant de la vie et que comme tel il le rejette. - 10/06/59 - L'objet du fantasme, pour autant qu'il débouche sur le désir de l'autre, il s'agit de ne pas l'approcher. - il y a plusieurs solutions. Nous avons vu celle qui est liée à la promotion de l'objet phobique [phobie], à l'objet d'interdiction. D'interdiction de quoi ? en fin de compte d'une jouissance qui est dangereuse parce qu'elle ouvre devant le sujet l'abîme du désir comme tel. - le désir du sujet, le sujet peut le soutenir devant le désir de l'autre. - il le soutient [parfois] comme désir insatisfait [= hystérie, cf. la belle bouchère] - C'est elle qui est l'obstacle. C'est elle qui ne veut pas. Cad que dans ce rapport du sujet à l'objet dans le fantasme elle vient occuper cette position tierce qui était tout à l'heure dévolue au signifiant phobique [intériorisation de l'interdit] - Et sa jouissance est d'empêcher justement le désir dans les situations qu'elle trame elle-même - empêcher le désir de venir à terme pour en rester elle-même l'enjeu. - La différence de l'obsessionnel par rapport à l'hystérique est de rester lui hors du jeu. - [il] n'est jamais véritablement là à la place où quelque chose est en jeu qui pourrait être qualifié son désir. Là où il risque le coup, apparemment, ce n'est pas là où il est. C'est de cette disparition même du sujet, le S barré, au point d'approche du désir, qu'il fait si l'on peut dire son arme et sa cachette. - il ne le peut qu'en (...) temporalisant cette relation, en remettant toujours au lendemain son engagement dans ce vrai rapport du désir. - Ce n'est pas à dire qu'en attendant ce terme il n'engage rien ; bien loin de là, il fait ses preuves. Bien plus il peut aller jusqu'à considérer ces preuves, ce qu'il fait, comme un moyen de s'acquérir des mérites. - qu'est-ce que nous voyons poindre dans cette position névrotique ? - l'appel au secours du sujet pour soutenir son désir, pour le soutenir en présence et en face du désir de l'autre - dans chaque cas il appelle à l'aide une chose qui se présente dans une position tierce par rapport à ce désir de l'autre, quelque chose où il puisse se placer pour que la relation aspirante, évanouissante de l'S barré devant le "a" soit tenable. -[ce quelque chose, c'est le symptôme ?]

- 10/06/59 - [la structure du fantasme] il est bien entendu que c'est un temps suspendu - ce n'est pas en tant qu'aphanisis du désir, c'est en tant qu'à la pointe du désir il y a aphanisis du sujet - 17/06/59 - au-delà de toutes les sublimations de l'amour, le désir a un rapport à l'être même sous sa forme la plus limitée, la plus bornée, la plus fétichiste [cad se rapporte à un objet dans le fantasme] et, pour tout dire, la plus stupide. - si un homme désire une autre femme, elle [sa femme, la légitime] sait que même si ce que l'homme aime c'est son soulier, ou le bas de sa robe ou la peinture qu'elle a sur le visage, c'est néanmoins de ce côté-là que l'hommage à l'être se produit. -01/07/59 - le désir n'a pas d'autre objet que le signifiant de sa RECONNAISSANCE. Le caractère de l'objet en tant qu'il est l'objet du désir, nous devons donc aller le chercher là où l'expérience humaine nous le désigne (...) le fétiche.

1960/61 - Le transfert - 300 - [C'est] quand il s'avance sur le chemin de ce qui s'appelle, quelle qu'en soit la forme, réaliser son fantasme , c'est bien là qu'il convient d'employer le terme d'aphanisis . - [d'abord] le pouvoir limité qu'a le sujet de tenir l'érection. - Pourtant, dans l'ensemble, mon Dieu, l'obsessionnel n'est pas pourvu de plus ni de moins que ce que nous appellerons une génitalité fort ordinaire, plutôt même assez douillette ai-je cru remarquer - 301 - Ce dont il s'agit se situe donc bien ailleurs, (...) au niveau du discord entre son fantasme, pour autant qu'il est justement lié à la fonction du phallicisme, et l'acte où il aspire à l'incarner, et qui, par rapport au fantasme, tourne toujours trop court.- 315 - le fantasme est le seul équivalent de la découverte personnelle par où il soit possible que le sujet désigne la place de la réponse, le S(A barré) qu'il attend du TRANSFERT, et que fasse sens S(A barré). Dans le fantasme, le SUJET se saisit comme défaillant devant un objet privilégié, qui est dégradation imaginaire de l'Autre en ce point de défaillance; - il faut que, d'une certaine façon [nous analystes], nous soyons vraiment ce S barré, que nous soyons au dernier terme celui qui voit petit a (...), qui peut voir l'objet du désir de l'Autre -

1961/62 - L'identification - 09/05/62 - Ce que veut dire d'abord formellement la conjonction S barré et petit a, c'est que dans le fantasme (...) le sujet se fait ( - a), absence de a, et rien que cela devant le petit a au niveau si vous voulez de ce que j'ai appelé l'identification au trait unaire [où sujet = racine de - 1].

1962/63 - L'angoisse - 05/12/62 - [le fantasme, dans un sens, c'est] un vœu, et même, comme tous les vœux, aussi naïf. - je dirai que S barré désir de a, formule du fantasme, ça peut se traduire (...) que l'Autre s'évanouisse, se pâme, dirais-je, devant cet objet que je suis, déduction faite de ce que je me vois. - C'est pourquoi l'on peut dire que le sujet pervers (...) s'offre loyalement à la jouissance de l'Autre. Seulement nous n'en aurions jamais rien su, s'il n'y avait pas les névrosés pour qui le fantasme n'a absolument pas le même fonctionnement. - il se sert de ce fantasme à des fins particulières. - c'est ce qui lui sert le mieux, à lui [névrosé], à se défendre contre l'angoisse, à recouvrir l'angoisse. - cet objet "a" qu'il se fait être dans son fantasme, le névrosé, eh bien je dirai qu'il lui va à peu près comme des guêtres à un lapin. C'est bien pourquoi le névrosé de son fantasme n'en fait jamais grand'chose. - [c'est] ce qui leur sert de défense pour eux contre leur angoisse [et aussi], contre toute attente, l'appât avec lequel ils tiennent l'autre. - La réalité qu'il y a derrière cet usage de fallace de l'objet dans le fantasme du névrosé a un nom très simple : c'est la demande. Le vrai objet que cherche le névrosé, c'est une demande : il veut qu'on lui demande, il veut qu'on le supplie. La seule chose qu'il ne veut pas c'est payer le prix. - [l'oblativité:] ce qu'il faudrait lui apprendre à donner au névrosé, c'est cette chose qu'il n'imagine pas, c'est rien, c'est justement son angoisse. - Le névrosé ne donnera pas son angoisse. - toute la chaîne de l'analyse consiste en ceci qu'au moins, il en donne l'équivalent, qu'il commence par donner un peu son symptôme. - 15/05/63 - cet objet central (a), en tant qu'il est, non seulement séparé mais élidé, toujours ailleurs (...), ce caractère d'élusion n'est nulle part plus manifeste qu'au niveau de la fonction de l'œil [regard], et c'est en quoi le support le plus satisfaisant de la fonction du désir, le fantasme, est toujours marqué d'une parenté avec les modèles visuels où il fonctionne communément - 29/05/63 - ce qui apparaît à l'homme aux loups - [la fenêtre, le cadre du fantasme] - l'essentiel n'y est pas de savoir où est le phallus, il y est, si je puis dire, partout, identique à ce que je pourrais appeler une catatonie de l'image, l'arbre, les loups perchés - une catatonie qui n'est point autre chose que celle même du sujet, de l'enfant médusé - au point que, ce qui, dans la scène le regarde, et qui est en quelque sorte invisible d'être partout, nous pouvons bien le concevoir comme une image qui, ici n'est rien d'autre que la transposition de son état d'arrêt, de son propre corps, ici transformé dans cet arbre - le sujet n'est plus qu'érection dans cette prise qui le fait phallus, l'arborifie [arb-horrifie], le fige tout entier.

1964 - Les quatre concepts… - 41 - Le réel supporte le fantasme, le fantasme protège le réel. - 58 - La place du réel, qui va du trauma au fantasme - en tant que le fantasme n'est jamais que l'écran qui dissimule quelque chose de tout à fait premier -