Signifiant

1955 - La Chose freudienne - 414 - Le premier réseau, du signifiant, est la structure synchronique du matériel du langage en tant que chaque élément y prend son emploi exact d'être différent des autres -

1955/56 - Les psychoses - 154 - [Le sujet entend peut-être ce qu'il articule, mais au fond c'est le cas de tout le monde. L'halluciné attribue ce discours à un Autre, à son usage.] - 160 - Ce qui signe l'hallucination, c'est ce sentiment particulier du sujet, à la limite du sentiment de réalité et du sentiment d'irréalité, sentiment de proche naissance, de nouveauté, et pas n'importe laquelle, de nouveauté à son usage faisant irruption dans le monde extérieur. Ce n'est pas du même ordre que ce qui apparaît en rapport avec la signification et la signifiance. - 156 - [Par ex.] Vous êtes au déclin d'une journée d'orage et de fatigue, vous considérez l'ombre qui commence d'envahir ce qui vous entoure, et quelque chose vous vient à l'esprit, qui s'incarne dans la formulation la paix du soir. - surpris que nous sommes par cette formulation plus ou moins endophasique, plus ou moins inspirée, qui nous vient comme un murmure de l'extérieur. - 157 - limite où le discours, s'il débouche sur quelque chose au-delà de la signification, c'est sur du signifiant dans le réel. - une certaine façon de prendre ce moment du soir comme signifiant - 158 - S'il y a quelque chose par quoi la parole vient se combiner avec une fonction vocale absolument a-signifiante, et qui contient pourtant tous les signifiants possibles, c'est bien ce qui nous fait frissonner dans le hurlement du chien devant la lune.- le hurlement est un pur signifiant [sans signification], tandis que l'appel à l'aide a une signification - 171 - Qu'est-ce que veut dire le signifiant primordial ? Il est clair que, très exactement, ça ne veut rien dire. - 172 - Ce que je vous raconte est aussi un mythe, car je ne crois nullement qu'il y ait nulle part un moment, une étape où le sujet acquiert d'abord le signifiant primitif, et qu'après cela s'introduise le jeu des significations, et puis qu'après encore, signifiant et signifié s'étant donné le bras, nous entrions dans le domaine du discours - 188 - le signifiant est un signe qui ne renvoie pas à un objet, même à l'état de trace - Il est lui aussi le signe d'une absence. Mais en tant qu'il fait partie du langage, le st est un signe qui renvoie à un autre signe, qui est comme tel structuré pour signifier l'absence d'un autre signe, en d'autres termes pour s'opposer à lui dans un couple. - 208 - Dégager une loi naturelle, c'est dégager une formule insignifiante. [Mais avec du signifiant] Moins elle signifie quelque chose, plus nous sommes contents. - 209 - Il ne faudrait pas croire pour autant que notre physique implique la réduction de toute signification. A la limite il y en a une, mais sans personne pour la signifier. A l'intérieur de la physique, la seule existence d'un système signifiant implique au moins cette signification, qu'il y en ait un, d'Umwelt [univers]. - 212 - [il y a communication à partir du moment où à une émission correspond une réception, et mieux encore quand] il revient quelque chose au point de départ. C'est le schéma du feed-back. - Mais pour autant, sommes-nous au niveau de la fonction du signifiant ? [Non] - 213 - Il y a usage propre du st à partir du moment où, au niveau du récepteur, ce qui importe n'est pas l'effet du contenu du message (...) mais ceci - qu'au point d'arrivée du message, on prend acte du message. - C'est l'accusé de réception qui est l'essentiel de la communication en tant qu'elle est, non pas significative, mais signifiante. - 213 - le développement de l'être humain n'est d'aucune façon directement déductible de la construction, des interférences, de la composition des significations, cad des instincts. - 218 - Dès qu'il y a sujet et usage du signifiant, il y a usage possible de l'entre-je, cad du sujet interposé. Cette immixtion des sujets est l'un des éléments les plus manifestes du rêve de l'injection d'Irma. - 219 - n'est-ce pas précisément [aussi] ce qui nous apparaît dans le délire ? - 225 - Essayez d'imaginer (...) ce que peut-être l'apparition d'un pur signifiant. - 226 - présence du signifiant dans le REEL. - l'apparition d'un registre comme celui d'une nouvelle religion, par exemple - l'apparition d'une nouvelle structure dans les relations entre les signifiants de base, la création d'un nouveau terme dans l'ordre du signifiant, ont un caractère ravageant. - 229 - Dans la psychose, c'est le signifiant qui est en cause, et comme le signifiant n'est jamais solitaire (...) - c'est la signifiance même du signifiant - le manque d'un signifiant amène nécessairement le sujet à remettre en cause l'ensemble du signifiant. - Dans les névroses, c'est la signification qui pour un temps disparaît, éclipsée, et va se nicher ailleurs, tandis que la réalité, elle, tient le coup. De telles défenses ne sont pas suffisantes dans le cas de la psychose, et c'est dans la réalité qu'apparaît ce qui doit protéger le sujet. - 345 - au-delà de tout signifiant qui puisse être significatif pour le sujet, la réponse ne peut être que l'usage permanent, et je dirais, constamment sensibilisé, du signifiant dans son ensemble. - le commentaire mémorisant qui accompagne tous les actes humains, se trouve aussitôt vivifié, sonorisé sous ses formes les plus vides et les plus neutres - 246 - [Si le langage parle tout seul, c'est bien là l'occasion ou jamais d'utiliser le terme d'AUTOMATISME –] - 248 - Sans la structure signifiante, cad sans l'articulation prédicative, sans la distance maintenue entre le sujet et ses attributs, on ne pourrait qualifier la gerbe d'avare et de haine. C'est parce qu'il y a une syntaxe, un ordre primordial de signifiant - Cette phase du symbolisme qui s'exprime dans la métaphore suppose la similarité, laquelle est manifestée uniquement par la position [et non le sens]. C'est par le fait que la gerbe est le sujet de avare et de haineuse , qu'elle peut être identifiée à Booz dans son manque d'avarice et de générosité. - [La syntaxe est d'ordre plutôt métonymique, mais c'est le fait de tenir compte de cet ordre qui permet l'émergence de la métaphore, le fait que "gerbe" soit à la place de "Booz": émergence d'une signification] - 257 -J'admets très bien que quelqu'un m'objecte que la gerbe de Booz est métonymique - Mais ce n'est pas cela qui fait la vertu métaphorique de cette gerbe, c'est qu'elle est mise en position de sujet dans la proposition, à la place de Booz. - 256 - L'important est l'opposition entre deux sortes de liens qui sont eux-mêmes internes au signifiant. / D'abord le lien positionnel, qui est le fondement [métonymique] du lien que j'ai appelé tout à l'heure propositionnel. - l'ordre des mots. - coexistence synchronique des termes. - 257 - [A l'opposé on trouve un] lien de similarité [métaphore] (...) lié à la possibilité indéfinie de la fonction de substitution, [mais] laquelle n'est concevable que sur le fondement de la relation positionnelle. - 303 - vous me permettrez de représenter la fonction du signifiant par un artifice spatialisant (...) un point de capiton. - c'est là le point où viennent se nouer le signifié et le signifiant, entre la masse toujours flottante des significations [cf. Saussure] - et le texte. - [Dans Athalie de Racine] Le point de capiton est le mot crainte , avec toutes ses connotations trans-significatives. Autour de ce signifiant, tout s'irradie et tout s'organise, à la façon de ces petites lignes de force formées à la surface d'une trame par le point de capiton. C'est le point de convergence qui permet de situer rétroactivement et prospectivement tout ce qui se passe dans ce discours. - 304 - pourquoi ce privilège du complexe d'Œdipe ? - Pourquoi est-ce là un nœud qui lui [Freud] paraît si essentiel (...) - si ce n'est parce que la notion du père, très voisine de celle de crainte de Dieu, lui donne l'élément le plus sensible dans l'expérience de ce que j'ai appelé le point de capiton entre le signifiant et le signifié. - [Dans la psychose] le signifiant et le signifié se présentent sous une forme complètement divisée. - [Combien faut-il de ces] points d'attache fondamentaux entre le sa et la sé nécessaires à ce qu'un être humain soit dit normal, et qui, lorsqu'ils ne sont pas établis, ou qu'ils lâchent, font le psychotique - 325 - l'Autre comme tel (...) à proprement parler insaisissable - il ne soutient pas, il ne peut jamais soutenir totalement la gageure que nous lui proposons. - 326 - Inversement, le point de vue que j'essaie de soutenir devant vous comporte un certain matérialisme des éléments en cause, en ce sens que les signifiants sont bel et bien incarnés, matérialisés, ce sont des mots qui se promènent, et c'est comme tels qu'ils jouent leur fonction d'agrafage - 327 - La différence qu'il y a entre la grand'route et le sentier des éléphants, c'est que nous, nous nous y arrêtons (...), au point de nous agglomérer - Il arrive que nous allions nous promener sur la grand-route, exprès (...) pour faire le même chemin en sens contraire. Ce mouvement d'aller et retour est tout à fait essentiel, et nous mène sur le chemin de cette évidence - c'est que la grand-route est un site, autour de quoi non seulement s'agglomèrent toutes sortes d'habitations, de lieux de séjour, mais aussi qui polarise, en tant que signifiants [points de capiton], les significations. - les villes se sont formées (...) au nœud des routes.

1956/66 - Le séminaire sur "La Lettre volée" - 26 - Si l'on pouvait dire qu'une lettre a comblé son destin après avoir rempli sa fonction, la cérémonie de rendre les lettres serait moins admise à servir de clôture à l'extinction des feux des fêtes de l'amour. Le signifiant n'est pas fonctionnel. Et aussi bien la mobilisation du joli monde dont nous suivons ici les ébats [dans le conte de Poe], n'aurait pas de sens, si la lettre, elle, se contentait d'en avoir un. - 28 - cette lettre est le symbole d'un pacte [pacte qu'elle met en jeu, entre le Roi et la Reine, qui ne connote pas seulement l'offense personnelle à sa majesté, mais aussi la plus haute trahison à l'Etat] - [dès lors] la propriété de la lettre n'est pas moins contestable à sa destinataire qu'à n'importe qui elle puisse venir entre les mains - 29 - [Elle] est le sujet véritable du conte - 30 - A tomber en possession de la lettre - admirable ambiguïté du langage, - c'est son sens qui les possède [les personnages]. - 32 - la lettre n'existe comme moyen de pouvoir que par les assignations ultimes du pur signifiant, soit : prolonger son détour - [Mais à ce petit jeu c'est la lettre qui a tout pouvoir et ceux qui croient s'en servir (en la gardant) en sont les premières victimes, pris qu'ils sont eux-mêmes dans les (dé-)filets du signifiant.] - 34 - Tel l'homme qui s'est retiré dans une île pour oublier, quoi ? il a oublié, - tel le ministre à ne pas faire usage de la lettre, en vient à l'oublier. - Mais la lettre, pas plus que l'ics du névrosé, ne l'oublie. Elle l'oublie si peu qu'elle le transforme de plus en plus à l'image de celle qui l'a offerte à sa surprise, et qu'il va maintenant la céder à son exemple à une surprise semblable. - 37 - [Quant à Dupin, on pourrait croire qu'il se retire du circuit de la lettre lorsque, tel le psychanalyste, il l'échange contre de l'argent:] nous qui nous faisons les émissaires de toutes les lettres volées qui pour un temps au moins seront chez nous en SOUFFRANCE dans le transfert. Et n'est-ce pas la responsabilité que leur transfert comporte, que nous neutralisons en la faisant équivaloir au signifiant le plus annihilant qui soit de toute signification, à savoir L'ARGENT. / Mais ce n'est pas tout. Ce bénéfice si allègrement tiré par Dupin de son exploit (...) n'en rend que plus paradoxale, voire choquante, la prise à partie, et disons le coup en dessous, qu'il se permet soudain à l'endroit du ministre - [Incapable de s'en défaire] Il est donc bien partie prenante dans la triade intersubjective, et comme tel dans la position médiane qu'ont occupée précédemment le Reine et le Ministre. - 38 - S'il a réussi à remettre la lettre dans son droit chemin, il reste à la faire parvenir à son adresse. - le Roi, puisque c'est là qu'elle devait rentrer dans l'ordre de la Loi. - [Mais] ni le Roi, ni la Police qui l'a relayé à cette place, n'étaient capables de la lire parce que cette place comportait l'aveuglement . [Roi névrosé ?] - 39 - [Dupin est finalement aussi joueur que le ministre] Il ne lui reste justement plus qu'à répondre à cette question même, de ce qu'il reste d'un signifiant quand il n'a plus de signification. - Car la passion du joueur n'est autre que cette question posée au signifiant, que figure l'automaton du hasard. - figure du dé - [=] présence de la mort - 40 - ... Un destin si funeste, / S'il n'est digne d'Atrée, est digne de Thyeste. - 41 - C'est ainsi que ce que veut dire "la lettre volée", voire "en souffrance", c'est qu'une lettre arrive toujours à destination. [? commande toujours au destin ?]

1956/57 - La relation d'objet - (manque : page) Inversement de même que cette mort qui est là reflétée au fond du signifié, de même il y a toute une série de choses dans le signifié qui sont là mais qui sont empruntées par le signifiant (...), à savoir le corps. Il y a un certain nombre d'éléments, d'accidents du corps qui sont donnés dans l'expérience (...) dont justement le terme phallique [le phallus comme signifiant, donc], la pure et simple érection, la pure et simple pierre dressée - Ce Saint-Esprit dans son ensemble est la venue au monde, l'entrée dans le monde de signifiants. Qu'est-ce que c'est? C'est très certainement ce que Freud nous apporte sous le terme d'instinct de mort, c'est cette limite du signifié qui n'est jamais atteinte par aucun être vivant (...). (...) c'est très précisément à cette possibilité de suppression, de mise entre parenthèse de tout ce qui est vécu (...), c'est la mort qui est le support, la base, l'opération du Saint-Esprit par laquelle le signifiant existe [cf. Heidegger]. (...) c'est-à-dire du fait que le sujet est amené à se comporter d'une façon essentiellement signifiante en répétant indéfiniment quelque chose qui lui est à proprement parler mortel. (3) - 559 - [Le cheval représente la mère quand il est attelé à une voiture pleine (grossesse). Le cheval : un signifiant pouvant recouvrir maints signifiés.] - 582 - on peut même dire que c'est à chacune des interventions du père que cette fomentation mythique en quelque sorte stimulée, rebondit. [On ne peut pas expliquer ni même décrire la phobie par son seul objet, par exemple ici le cheval, sans ôter à celui-ci sa valeur de signifiant, surtout si ce signifiant est central...] [Le cheval] une espèce de figure héraldique qui centre tout le champ. [Freud lui, et Lacan le cite, parle expressément non pas du cheval mais du "complexe du cheval". Le cheval est "extensible" en tant que signifiant, non en tant que signifié comme l'explique Jones.] [Le cheval structure un monde (il peut donc être n'importe quoi successivement), mais aussi le limite, et sacrément : par la peur.]

1957 - Dialogue avec les philosophes français - [Signorelli, lettre] c'est le côté "machine à sous" de cette présentation qui me comble -

1957 - D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose - 551 - Le quatrième terme est donné par le sujet dans sa réalité, comme telle forclose dans le système et n'entrant que sous le mode du mort dans le jeu des signifiants, mais devenant le sujet véritable à mesure que ce jeu des signifiants va le faire signifier. - 557 - formule de la métaphore, ou de la substitution signifiante : S/S. S'/x => S(1/s), où les grands S sont des signifiants, x la signification inconnue et s le signifié induit par la métaphore, laquelle consiste dans la substitution dans la chaîne signifiante de S à S'. L'élision de S', ici représenté par sa rature, est la condition de la réussite de la métaphore.

1957 - L'instance de la lettre dans l'inconscient - 502 - les corrélations du signifiant au signifiant y [dans une langue] donnent l'étalon de toute recherche de signification - Car le signifiant de sa nature anticipe toujours sur le sens en déployant en quelque sorte au devant de lui sa dimension. Comme il se voit au niveau de la phrase quand elle s'interrompt avant le terme signification : Jamais je ne..., Toujours est-il..., Peut-être encore... Elle n'en fait pas moins sens, et d'autant plus oppressant qu'il se suffit à se faire attendre. - D'où l'on peut dire que c'est dans la chaîne du signifiant que le sens insiste , mais qu'aucun des éléments de la chaîne ne consiste dans la signification dont il est capable au moment même. - 507 - L'étincelle créatrice de la métaphore ne jaillit pas de la mise en présence de deux images, cad de deux signifiants également actualisés. Elle jaillit entre deux signifiants dont l'un s'est substitué à l'autre en prenant sa place dans la chaîne signifiante, le signifiant occulté [refoulé? il y aurait refoulement par la métaphore dans la névrose, et forclusion de toute métaphore dans la psychose cad la métonymie]. - Un mot pour un autre, telle est la formule de la métaphore.

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 06/11/57 - [graphe] Il s'agit des deux états, des deux fonctions que nous pouvons appréhender d'une suite signifiante. Dans le premier temps de cette première ligne, nous avons la chaîne signifiante en tant qu'elle reste entièrement perméable aux effets proprement signifiants de la métaphore et de la métonymie, ce qui implique l'actualisation possible des effets signifiants à tous les niveaux, à savoir particulièrement jusqu'au niveau phonématique, jusqu'au niveau de l'élément phonologique - L'autre ligne est celle du discours rationnel dans lequel est déjà intégré un certain nombre de points de repère, de choses fixes (...) ce qu'on appelle les emplois du signifiant - Ceci [2] est le discours concret du sujet individuel, de celui qui parle et qui se fait entendre. - L'un va dans le sens contraire de l'autre, pour la simple raison justement qu'ils glissent l'un sur l'autre : mais l'un recoupe l'autre [en deux endroits] - Si nous partons du discours, le premier point (...) [est] le code. [cad le faisceau des emplois] - Ce code est très évidemment dans le grand A qui est là, cad dans l'Autre en tant qu'il est le compagnon du langage. Cet Autre, il faut absolument qu'il existe, et je vous prie de noter à l'occasion qu'il n'y a absolument pas besoin de l'appeler de ce nom imbécile et délirant qui s'appelle la conscience collective. Un Autre c'est un Autre, il en suffit d'un seul pour qu'une langue soit vivante - Et dans l'autre, la seconde rencontre qui achève la boucle, qui constitue à proprement parler le sens, qui le constitue à partir du code (...) c'est le résultat de cette conjonction du discours avec le signifiant comme support créateur du sens ; c'est le message. - la vérité qu'il y a à annoncer, si vérité il y a, est là dans le message. La plupart du temps aucune vérité n'est annoncée, pour la simple raison que le discours ne passe absolument pas à travers la chaîne signifiante, qu'il est le pur et simple ronron de la répétition et du moulin à paroles - C'est le discours commun de ces mots pour ne rien dire - Ces deux points b et b', comme nœuds minimum du court-circuit du discours, sont très facilement reconnaissables. C'est précisément l'objet [métonymique] (...) ; c'est d'autre part le je en tant qu'il indique dans le discours lui-même, la place de celui qui parle. - 13/11/57 - la métaphore n'est pas une injection de sens comme si c'était possible, comme si les sens étaient quelque part, où que ce soit dans un réservoir. Le mot "atterré" n'apporte pas le sens en tant qu'il a une signification, mais en tant que signifiant, cad qu'ayant le phonème "ter", il a le même phonème qui est dans "terreur". C'est par la voie signifiante, c'est par la voie de l'équivoque, c'est par la voie de l'homophonie, cad de la chose la plus non-sens qui soit, qu'il vient engendrer cette nuance de sens - cette nuance (...) implique une certaine domination et un certain apprivoisement de la terreur. - la terreur n'y est pas complète. - la terreur est dans une demie ombre à cette occasion. - disons le mot : le signifiant est refoulé [refoulement] à proprement parler. Dans tous les cas, dès que s'est établi dans sa nuance actuelle l'usage du mot "atterré", le modèle, sauf recours au dictionnaire, au discours savant, n'est plus à votre disposition. A propos du mot "atterré" il est comme "terre", "terra", refoulé. C'est dans le rapport S/S', cad d'un signifiant à un signifiant, que va s'engendrer un certain rapport S/s, cad signifiant sur signifié. - [c'est avec] la réserve homonymique avec laquelle travaille, que nous le voyions ou que nous ne le voyions pas, la métaphore. - 08/01/58 - Le désir arrive (...) comme signifié autre que ce qu'il était au départ, et voilà pourquoi (...) votre désir est toujours cocu. - c'est-à-dire qu'il croise la ligne signifiante, et qu'au niveau de ce croisement (...) il rencontre l'Autre. - vous-mêmes êtes trahi en ceci que votre désir a couché avec le signifiant. C'est essentiel. - 05.03/58 - Rappelons brièvement ceci, que le désir est installé essentiellement dans un rapport à la chaîne signifiante, que le désir se pose et se propose d'abord dans l'évolution du sujet humain comme demande, que la frustration dans Freud est "Versagung", cad refus, plus exactement encore, dédit. - 23/04/58 - ce qu'on appelle le matériel signifiant participe toujours quelque peu au caractère évanescent de la trace. - Ce n'est pourtant pas là un signifiant. - C'est [seulement] à partir du moment où l'on efface, où cela a un sens d'effacer, que le quelque chose qui est trace est manifestement constitué comme signifié [ou alors la trace n'est signifiant qu'en tant qu'elle est susceptible de disparaître ; certainement pas au sens où, comme signe, elle ferait disparaître une chose, et encore moins où elle en serait l'empreinte.] - ce qui reste, c'est la place [et non la trace] où l'on a effacé - le signifiant comme tel, c'est quelque chose qui peut être effacé, qui ne laisse plus que sa place - Je veux dire que l'une des dimensions fondamentales du signifiant, c'est de pouvoir s'annuler lui-même. - Toute espèce de signifiant est de sa nature quelque chose qui peut être barré. [cf. la dfnction du zéro] - pour tout ce qui n'est pas signifiant, cad en particulier à l'occasion pour le réel [dualisme ici réel/signifiant... la barre au milieu], la barre devient un des modes les plus sûrs et les plus courts de son élévation à la dignité de signifiant - [cf. le fantasme de l'enfant battu [avec quelque chose comme une barre = barré = annulé comme sujet ; mais il y a un second temps:] quand il s'agit du sujet lui-même, il devient au contraire le signe qu'il est aimé, lui, le sujet, il accède en effet à l'ordre de l'amour (...) parce qu'il est battu - [ici] le sujet lui-même se trouve élevé à cette dignité de sujet signifiant, (...) il est pris à ce moment là dans on registre positif, dans son registre inaugural - - 07/05/58 - [phallus] Un signifiant. Cela ne suffit pas de dire qu'il est un signifiant. Lequel ? Il est un signifiant, il est le signifiant du désir - si le phallus n'est pas l'objet du désir, mais le signifiant du désir, toute cette ambiguïté va résider dans ce dilemme, c'est à savoir que ce signifiant, le sujet peut l'avoir ou qu'il peut l'être. - 18/06/58 - Le sujet se trouve en proie de ce qu'on appelle cette destruction (...) magique [verbale, en fait] (...) de l'autre - cette crainte de faire mal par des pensées [comme si Dieu, pour le croyant, ou les parents dans le cas du petit enfant, avait le pouvoir de les connaître toutes] - cette obsession du blasphème aussi - quelque chose qui fait déchoir un signifiant éminent (...) au rang d'objet, qui identifie en quelque sorte le logos à son effet métonymique - [En attendant, c'est toujours un usage du signifiant] l'obsessionnel est un homme qui vit dans le signifiant, il y est très solidement installé (...), ce signifiant suffit pour lui à préserver la dimension de l'autre [pas de risque de psychose en général] - ce qu'articule le sujet à l'autre, c'est un "tu es celui qui me..." (...) "tu es celui qui me tues". - Ce rapport avec l'autre est fondé sur une articulation qui en quelque sorte se forme elle-même esur la destruction de l'autre, mais qui du fait qu'elle est articulation, et articulation signifiante, le fait subsister. -

1958/59 - Le désir et son interprétation - 10/12/58 - [Négation] Cette sorte de ne du je ne dis pas qui fait que précisément en disant que l'on ne le dit pas on le dit - [c'est] la propriété la plus radicale si l'on peut dire du signifiant - le rapport qu'il y a entre le signifiant et une certaine espèce d'indice ou de signe que j'ai appelé la trace que déjà lui-même porte la marque de ne sais quelle espèce d'envers de l'empreinte du réel. - le signifiant commence, non pas à la trace, mais à ceci qu'on efface la trace, et ce n'est pas la trace effacée qui constitue le signifiant, c'est quelque chose qui se pose comme pouvant être effacé, qui inaugure le signifiant. Autrement dit, Robinson Crusoé efface la trace du pas de Vendredi, mais que fait-il à la place ? S'il veut la garder cette place du pied de Vendredi, il fait au minimum une croix, cad une barre et une autre barre sur celle-ci. Ceci est le signifiant spécifique, le signifiant spécifique est quelque chose qui se présente comme pouvant être effacé. - Ce que laisse l'homme derrière lui, c'est un signifiant, c'est une croix [QUATRE], c'est une barre en tant que barrée, en tant que recouverte par une autre barre d'une part qui indique que comme telle elle est effacée. - 21/01/59 - [question=] signifiant de l'autre qui est en moi - 27/05/59 - le sujet s'articule comme quoi ? Comme énigme, comme question - 04/02/59 - [comme aux échecs] ce qui se passe c'est la progressive réduction du nombre des signifiants qui sont dans le coup. - pour qu'on sente bien où est la position du sujet dans leur intérieur. [analyse]

1959 - A la mémoire d'Ernest Jones : Sur sa théorie du symbolisme - [le phallus] est le signifiant de la perte même que le sujet subit par le morcellement du signifiant.

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse - 142 –(La Chose)  Là où elle s'affirme, elle s'affirme dans des champs domestiqués. - elle se présente toujours comme unité voilée. - elle est (...) ce qui du réel (...) pâtit du signifiant. - [C'est bien en cela qu'elle se présente comme l'objet à retrouver.] - [1°] L'objet est de sa nature un objet retrouvé. Qu'il ait été perdu, en est la conséquence - mais après coup. - [2°] de sa nature, elle est, dans les retrouvailles de l'objet, représentée par autre chose. - L'Autre chose [cf. désir], c'est essentiellement la Chose. - [retrouvailles : Je ne cherche pas, je trouve.] - 253 - C'est paradoxalement dans la seule perspective créationniste [création] que peut s'envisager l'élimination de la notion toujours renaissante de l'intention créatrice comme supportée par une seule personne. Dans la pensée évolutionniste, Dieu, pour n'être nommable nulle part, est littéralement omniprésent. Une évolution qui s'oblige à déduire d'un processus continu le mouvement ascendant qui abouti au sommet de la conscience et de la pensée, implique forcément que cette conscience et cette pensée étaient à l'origine. - C'est parce qu'il en est ainsi que nous ne pouvons effectivement trouver la pensée (...) que dans les intervalles du signifiant. - 264 - Ce qu'un sujet représente originellement n'est pas autre chose que ceci - il peut oublier. Supprimez ce il - le sujet est littéralement, à son origine, et comme tel, l'élision d'un signifiant, le signifiant sauté dans la chaîne.

1960 - Subversion du sujet et dialectique du désir - 801 - il nous faut tout ramener à la fonction de coupure dans le discours, la plus forte étant celle qui fait barre entre le signifiant et le signifié. - le discours dans la séance analytique ne vaut que de ce qu'il trébuche ou même s'interrompt - Cette coupure de la chaîne signifiante est seule à vérifier la structure du sujet comme discontinuité dans le réel. - 818 - [S(A barré)=] signifiant d'un manque dans l'Autre - 819 - Notre définition du signifiant (il n'y en a pas d'autre) est : un signifiant, c'est ce qui représente le sujet pour un autre signifiant. - 819 - [Conformément à la définition du signifiant] Ce signifiant sera donc le signifiant pour quoi tous les autre signifiants représentent le sujet : c'est dire que faute de ce signifiant, tous les autres ne représentent rien. - Or la batterie des signifiants, en tant qu'elle est, étant par là même complète, ce signifiant ne peut être qu'un trait qui se trace de son cercle sans pouvoir y être compté. Symbolisable par l'inhérence d'un (-1) à l'ensemble des signifiants. - C'est ce qui manque au sujet pour se penser épuisé par son cogito , à savoir ce qu'il est d'impensable. Mais d'où provient cet être qui apparaît en quelque sorte en défaut dans la mer des noms propres ? - cette place fait languir l'Etre lui-même. Elle s'appelle la jouissance, et c'est elle dont le défaut rendrait vain l'univers. - 820 - Cette jouissance dont le manque fait l'Autre inconsistant, est-elle donc la mienne ? L'expérience prouve qu'elle m'est ordinairement interdite - 821 - Ce à quoi il faut se tenir, c'est que la jouissance est interdite à qui parle comme tel, ou encore qu'elle ne puisse être dite qu'entre les lignes pour quiconque est sujet de la Loi, puisque la Loi se fonde de cette interdiction même. La Loi en effet commanderait-elle : Jouis, que le sujet ne pourrait y répondre que par un : J'ouïs, où la jouissance ne serait plus que sous-entendue.

1960/61 - Le transfert - 272 - si phi , le phallus comme signifiant, a une place, c'est très précisément celle de suppléer au point où, dans l'Autre, disparaît la signifiance - où l'Autre est constitué en ceci, qu'il y a quelque part un signifiant manquant. - 273 - Et c'est pour cette raison qu'il peut devenir identique au sujet lui-même - 278 - je dis signifiant , pour autant qu'il est utilisé comme tel. [Mais "grand Phi c'est] le symbole phallus ["comme symbole à la place où se produit le manque de signifiant"], et c'est peut-être en effet le seul signifiant qui mérite dans notre registre, et d'une façon absolue, le titre de symbole. - 281 - A quel moment commence à apparaître, possiblement, le manque de signifiant ? A cette dimension qui est subjective, et qui s'appelle la question. - 282 - L'enfant, dès lors qu'il sait s'affairer et se débrouiller avec le signifiant, s'introduit à cette dimension qui lui fait poser à ses parents les questions les plus importunes, dont chacun sait qu'elles provoquent le plus grand désarroi, et, à la vérité, des réponses presque nécessairement impotentes. Qu'est-ce que c'est, courir ? - De quoi s'agit-il, dans ce moment de la question ? - sinon du recul du sujet par rapport à l'usage du signifiant lui-même, et son incapacité à saisir ce que veut dire qu'il y ait des mots, que l'on parle - L'incapacité sentie à ce moment par l'enfant est formulée dans la question, qui attaque le signifiant comme tel, au moment où son action est déjà marquée sur tout, est indélébile. - en se mettant en question sous la forme du que suis-je ? ; il [le sujet] donne en plein dans la métaphore, à ceci près qu'il ne s'en aperçoit pas. - 284 - La séquelle de ce que je suis apparaît sous la forme où elle reste comme question. Cette séquelle est pour moi le point de visée, le point corrélatif, où je me fonde comme idéal du moi. - Au que suis-je ? , il n'y a pas d'autre réponse au niveau de l'Autre que le laisse-toi être . Et toute précipitation donnée à cette réponse (...) n'est que je fuis le sens de ce laisse-toi être . Ce que veux dire cette aventure, au point dégradé où nous la saisissons, c'est que ce dont il s'agit dans toute question formulée n'est pas au niveau du que suis-je ?, mais au niveau de l'Autre, et sous la forme que l'expérience analytique nous permet de dévoiler, du que veux-tu ? Il s'agit en ce point précis de savoir ce que nous désirons [et non ce que nous sommes] en posant la question. C'est là qu'elle doit être comprise. Et c'est là qu'intervient le manque de signifiant dont il s'agit dans le grand Phi du phallus.  286 - Quel est le rapport du sujet au signifiant ? - L'imposition du signifiant au sujet le fige dans la position propre du signifiant. Ce dont il s'agit, c'est de retrouver le garant de cette chaîne qui, transférant le sens de signe [signifiant] en signe, doit s'arrêter quelque part - de trouver ce qui nous donne le signe que nous sommes en droit d'opérer avec des signes. C'est là que le privilège de Grand Phi entre tous les signifiants. - Ce signifiant est toujours caché, toujours voilé. - n'est-ce pas celui qui réunit en lui-même le signe et le moyen d'action, et la présence même du désir comme tel ? Laisser venir au jour le phallus dans sa présence réelle, c'est-ce pas de nature à arrêter le renvoi qui a lieu dans la chaînes des signes (...) ? - Entre ce signifiant du désir et toute la chaîne signifiante, s'établit un rapport d'ou bien..., ou bien... La Psyché était bien heureuse dans un rapport avec ce qui n'était point un signifiant, mais la réalité de son amour pour Eros. Mais voilà, c'est Psyché, et elle veut savoir. Elle se pose la QUESTION [sujet], parce que le langage existe déjà, et que l'on ne passe pas seulement sa vie à faire l'amour, mais aussi à papoter avec ses sœurs. - 306 - [Si c'est le défaut su signifiant] Est-ce donc qu'il n'y peut rentrer que comme artifice, contrebande et dégradation ? - et c'est bien pourquoi nous ne le voyons jamais qu'en fonction de phi imaginaire. Mais alors, qu'est-ce qui nous permet d'en parler tout de même comme signifiant, et d'isoler Phi comme tel ? C'est ce que j'appelle le mécanisme pervers. - [cf. "la fameuse équivalence Girl = Phallus " perverse]. - 307 - le signifiant, ce n'est pas simplement faire signe à quelqu'un, mais, dans le même moment (...), faire signe de quelqu'un - faire (...) que le quelqu'un devienne lui aussi ce signifiant. C'est dans ce moment que je désigne expressément comme pervers, que nous touchons du doigt l'instance du phallus. Que le phallus qui se montre a pour effet de produire aussi chez le sujet à qui il est montré, l'érection du phallus, ce n'est pas une condition qui satisfasse, en quoi que ce soit, à quelque exigence naturelle. - le phallus comme signe du désir se manifeste comme objet du désir, comme objet d'attrait pour le désir.

1961/62 – L'identification - 06/12/61 - Le signifiant, à l'envers du signe, n'est pas ce qui représente quelque chose pour quelqu'un, c'est ce qui représente - 06/12/61 - C'est le signifiant qui tranche, c'est lui qui introduit la différence comme telle dans le réel, et justement dans la mesure où ce dont ils 'agit n'est point de différences qualitatives. - 06/12/61 - Cette fécondité, cette sorte de détermination qui est suspendue à ce signifié du "A est A" ne saurait reposer sur sa vérité puisqu'elle n'est pas vraie, cette affirmation. - le signifiant [est fécond] de ne pouvoir être identique à lui-même.[différence] - il n'y a pas de tautologie dans le fait de dire que "la guerre est la guerre". Tout le monde sait cela. - 13/12/61 - l'automatisme de répétition (...) c'est ceci : c'est que si un cycle déterminé qui ne fût que celui-là - c'est ici que se profile l'ombre du "trauma" (...) ce n'est pas son effet traumatique que je retiens, mais seulement son unicité - celui-là donc qui se désigne par un certain signifiant que seul peut supporter ce que nous apprendrons dans la suite à définir comme une lettre (...), ce cycle là et pas un autre équivaut à un certain signifiant, c'est à ce titre que le comportement se répète pour faire ressurgir ce signifiant qu'il est comme tel - 24/01/62 - Une fois le signifiant constitué, il y en a forcément deux autres avant. Un signifiant, c'est une marque, une trace, une écriture, mais on ne peut pas le lire seul. Deux signifiants c'est un pataque, un coq à l'âne. Trois signifiants, c'est le retour de ce dont il s'agit, c'est-à-dire du premier. C'est quand le pas marqué dans la trace est transformé dans la vocalise de qui le lit en "pas" que ce PAS, à condition qu'on oublie qu'il veut dire le pas, peut servir d'abord dans ce qu'on appelle le phonétisme de l'écriture, à représenter "pas", et du même coup à transformer la trace de pas éventuellement en le pas de trace. - 28/02/62 - [c'est avec la répétition de l'apparemment identique] qu'est créé, dégagé, ce que j'appelle, non pas le symbole, mais l'entrée dans le réel comme signifiant inscrit - et c'est là ce que veut dire le terme de primauté de l'écriture. L'entrée dans le réel, c'est la forme de ce trait répété par le chasseur primitif de la différence absolue en tant qu'elle est là. - 14/03.62 - [le névrosé] Il veut savoir ce qu'il y a de réel dans ce dont il est la passion, à savoir ce qu'il y a de réel dans l'effet du signifiant. - Ce signifiant qu'il est lui-même (...) pour rien d'autre que pour un autre signifiant. - [or] Le névrosé se livre à une curieuse retransformation de ce dont il subit l'effet. Le névrosé, somme toute, est un innocent : il veut savoir. Pour savoir il s'en va dans la direction la plus naturelle, et c'est naturellement du même coup par là qu'il est leurré. Le névrosé veut retransformer le signifiant en ce dont il est le signe. Le névrosé ne sait pas, et pour cause, que c'est en tant que sujet qu'il a fomenté ceci : l'avènement du signifiant en tant que le signifiant est l'effaçage principal de la chose, que c'est lui, le sujet qui en effaçant tous les traits de la chose fait le signifiant. Le névrosé veut effacer cet effacement, il veut faire que ça ne soit pas arrivé. C'est là le sens le plus profond du comportement sommaire et exemplaire de l'obsessionnel. Ce sur quoi il revient toujours, sans jamais bien entendu pouvoir en abolir l'effet - car chacun de ses efforts pour l'abolir ne fait que le renforcer - c'est de faire que cet avènement à la fonction de signifiant ne se soit pas produit, qu'on retrouve ce qu'il y a de réel à l'origine, à savoir de quoi tout ça est le signe. - 21/03.62 - S(A barré), le signifiant de l'Autre en tant que l'Autre au dernier terme ne peut se formaliser, se significantiser que comme marqué lui-même par le signifiant, autrement dit en tant qu'il nous impose la renonciation à tout métalangage. - 09/05/62 - [la fonction de signifiance] nous pouvons la définir par la fonction de la coupure. - 16/05/62 - le sujet en tant que marqué par le signifiant est proprement, dans le fantasme, coupure de a. - 23/05/62 - [prenons] la ligne du zéro originel de l'histoire effective de la logique - nul c'est la racine du tous - Cette ligne, pour nous, nous l'appelons coupure, une ligne - c'est notre départ - qu'il nous faut tenir a priori pour fermée. C'est là l'essence de sa nature signifiante - il est de la nature de chacun de ces tours de se fonder comme différents - C'est justement cela qui nous permet d'appréhender le réel. - 27/06/62 - une trace (....) ça ne peut devenir un signifiant que si, cette trace, avec une paire de ciseaux, vous en faites le tour et vous la découpez. Si vous extrayez la trace après, cela peut devenir un sceau. Et je pense que l'exemple vous éclaire suffisamment : un sceau représente le sujet, l'envoyeur-pas forcément pour le destinataire : une lettre peut toujours rester ascellée [?] ; mais le sceau est là : pour la lettre, il est un signifiant. Eh bien, l'objet petit "a", l'objet de la castration participe de la nature ainsi exemplifiée de ce signifiant. C'est un objet structuré comme cela.

1964 - Les quatre concepts… - 200 - Ce dont le sujet a à se libérer, c'est de l'effet aphanisique du signifiant binaire [ce pourquoi le sujet est représenté par un autre signifiant] [aphanisis] - 214 - L'aliénation est liée de façon essentielle à la fonction du couple des signifiants. - à savoir que le signifiant est ce qui représente le sujet pour l'autre signifiant. D'où il résulte qu'au niveau de l'autre signifiant [S2], le sujet s'évanouit. - cf. schéma p.215 - 216 - [Fort-da] Dans les deux phonèmes, s'incarnent les mécanismes proprement de l'aliénation - qui s'expriment (...) au niveau du fort. Pas de fort sans da et, si l'on peut dire, sans Dasein. - Mais justement (...) il n'y a pas de Dasein avec le fort . Cad qu'on n'a pas le choix. Si le petit sujet peut s'exercer à ce jeu du fort-da, c'est justement qu'il ne s'y exerce pas du tout, car nul sujet ne peut saisir cette articulation radicale. Il s'y exerce à l'aide d'une petite bobine, cad avec l'objet "a". La fonction de l'exercice avec cet OBJET se réfère à une aliénation, et non pas à une quelconque et supposée maîtrise.