Négation

1953 - Discours du Congrès de Rome et réponse aux interventions -- C'est du message informulé qui constitue l'ics du sujet, cad du "je l'aime" que Freud y a génialement déchiffré, qu'il faut partir pour obtenir avec lui dans leur ordre les formes de délire où ce message se réfracte dans chaque cas. - "tu" es ici exclu, entraînant subversion de l'être du sujet, - la formule de réception du message par l'autre se dégradant en réversion imaginaire du moi. - c'est par la négation successive des trois termes du message [: 1. je 2. l' 3. aime , que Freud opère sa déduction]

1955/56 - Les psychoses - 52/53 - [ Je l'aime. ] - La première façon de nier cela, c'est de dire - ce n'est pas moi qui l'aime, c'est elle , ma conjointe, mon double - le sujet fait porter son message par un autre [l'alter ego] - qui dans l'intervalle a changé de sexe. - Dans le délire de JALOUSIE, on trouve au premier plan cette identification à l'autre avec interversion du signe de sexuation. - La seconde, c'est de dire - ce n'est pas lui que j'aime, c'est elle . - autre type d'aliénation, non plus inverti, mais diverti. L'autre auquel s'adresse l'érotomane [EROTOMANIE] (...) [est un objet très vague et très éloigné] si bien qu'on a pu parler de lien mystique ou d'amour platonique - Troisième possibilité - je ne l'aime pas, je le hais . - [comme pour le 2ème cas, l'inversion n'est pas suffisante, il faut aussi une projection] à savoir - il me hait - Et nous voilà dans le délire de PERSECUTION. - 54 - C'est une aliénation convertie, en ce sens que l'amour est devenu la haine. L'altération profonde de tout le système de l'autre, sa démultiplication, le caractère extensif des interprétations sur le monde, vous montre ici la perturbation proprement imaginaire portée à son maximum.

1958/59 - Le désir et son interprétation - 10/12/58 - Cette sorte de ne du je ne dis pas qui fait que précisément en disant que l'on ne le dit pas on le dit - [c'est] la propriété la plus radicale si l'on peut dire du signifiant - le rapport qu'il y a entre le signifiant et une certaine espèce d'indice ou de signe que j'ai appelé la trace que déjà lui-même porte la marque de ne sais quelle espèce d'envers de l'empreinte du réel. - le signifiant commence, non pas à la trace, mais à ceci qu'on efface la trace, et ce n'est pas la trace effacée qui constitue le signifiant, c'est quelque chose qui se pose comme pouvant être effacé, qui inaugure le signifiant. Autrement dit, Robinson Crusoé efface la trace du pas de Vendredi, mais que fait-il à la place ? S'il veut la garder cette place du pied de Vendredi, il fait au minimum une croix, cad une barre et une autre barre sur celle-ci. Ceci est le signifiant spécifique, le signifiant spécifique est quelque chose qui se présente comme pouvant être effacé. - Ce que laisse l'homme derrière lui, c'est un signifiant, c'est une croix [QUATRE], c'est une barre en tant que barrée, en tant que recouverte par une autre barre d'une part qui indique que comme telle elle est effacée. - 10/12/58 - Le ne à lui tout seul, livré à lui-même, exprime ce qu'il [Pichon] appelle une discordance, (...) quelque chose qui se situe entre le procès de l'énonciation et le procès de l'énoncé. - je crains qu'il ne vienne. - [ici] le français (...) saisit si je puis dire le ne quelque part au niveau si on peut dire de son errance (...) où le "ne" porte sur l'articulation de l'énonciation, porte sur le signifiant pur et simple dit en acte. -

1961/62 - L'identification - 17/01.62 - [négation] [d'après Pichon la schize entre le "ne... pas" ou "point" etc. autorise] d'attribuer à l'une de ces fonctions une signification dite discordancielle, à l'autre une signification forclusive. C'est justement d'exclusion du réel que serait chargé le "pas", le "point", tandis que le "ne" exprimerait cette dissonance parfois si subtile qu'elle n'est qu'une ombre - [même distinction entre "je ne sais" et "j'sais pas"] ce "je ne sais" (...) exprime l'oscillation, l'hésitation, voire le doute. - Le "j'sais pas" marque, si je puis dire même le coup de quelque chose où tout au contraire le sujet vient se collapser, s'aplatir. - C'est un trou, une béance qui s'ouvre au fond de laquelle ce qui disparaît, s'engouffre, c'est le sujet lui-même, mais ici il n'apapraît plus dans son mouvement oscillatoire - [inversement] le poids du "ne" sera toujours pour le ramener vers la nuance énonciative.