Névrose

1953 - Le Réel, l'Imaginaire, le Réel - le PÈRE n'a été qu'un Surmoi, cad une "Loi sans parole", pour autant que ceci est constitutif de la névrose

1953 - Discours du Congrès de Rome et réponse aux interventions - nous connaissons dans les névroses, et peut-être au-delà des névroses, des maladie qui parlent. [parole]

1956/57 - La relation d'objet (résumé par Pontalis) - [perversion] La jeune fille [homosexuelle] démontrait (...) par le style de son amour envers la dame, qu'on peut aimer quelqu'un pour ce qu'il n'a pas. Elle faisait entendre quelque chose en parlant de quelque chose d'autre, ce qui définit la métonymie. - Dans le cas Dora (...) Mme K. est la métaphore de Dora, car Dora ne sait où se situer - On oppose souvent névrose et perversion en ceci que ce qui est caché dans l'ics quant il s'agit de névrose serait à ciel ouvert dans la perversion. Ce n'est pas cela. [puisque l'objet métonymique dans la perversion n'est pas davantage le "bon" ; lequel est absent, le vide de "ce qu'elle n'a pas"]

1957 - L'instance de la lettre dans l'inconscient - 520 - la névrose est une question que l'être pose pour le sujet "de là où il était avant que le sujet vînt au monde" [Freud] - Il ne la pose pas devant le sujet puisque le sujet ne peut venir à la place où il la pose, mais il la pose à la place du sujet, cad qu'à cette place il pose la question avec le sujet, comme on pose un problème avec une plume -

1957 - Dialogue avec les philosophes français - 10 - A la différence du pervers, étreignant le lambeau que la parole lui a permis d'arracher au voile de Maïa, pour en faire l'objet de sa satisfaction, le névrosé est la question articulée sur l'au-delà du voile. Ceci n'implique pas qu'il sache articuler lui-même cette question !

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 12/02/58 - [Première phase où le sujet réel] est confronté avec la place imaginaire où se situe le désir de la mère, et cette place est occupée [par lui]. [phallus] - Seulement, si nous nous arrêtons d'abord là, cela a chez nous exactement le même effet dans notre pensée que ça en a pour le sujet dans sa névrose - C'est pour cela que cette relation au frère ou à la petite sœur [dans le fantasme "on tue un enfant"], au rival quelconque, prend sa valeur décisive [parce qu'alors on veut rester cet objet, ou bien alors c'est l'autre qu'on met à cette place] - 04/06/58 - ce pour quoi une névrose est construite comme elle est construite (...), c'est pour maintenir quelque chose d'articulé qui s'appelle le désir. - [il ne faut dès lors pas] s'imaginer la fixation comme quelque chose qui est arrivé en un point où le sujet a mis le pied dans un pot de colle ; la fixation, c'est évidemment autre chose. Si ça ressemble à quelque chose, c'est plutôt à des piquets destinés à maintenir quelque chose qui autrement se sauverait. [le désir] - 25/06/58 - [la névrose] est non seulement faite de symptômes décomposables dans ses éléments signifiants, dans les effets de signifié de ce signifiant (...) mais toute sa personnalité [du sujet] (...) porte la marque de ses rapports structuraux - [Plus que la personnalité au sens du caractère:] - "une geste" au sens où on l'emploie dans la chanson de geste, la geste de Roland, cad la somme de son histoire.

1958/59 - Le désir et son interprétation - 07/01/59 - tout ce qui, chez le sujet, doit se présenter comme étant ici l'achèvement de son désir est (...) quelque chose qui ne peut pas de demander [le désir est une condition absolue, il ne se demande pas] - [Or le propre de la névrose c'est que] ce qui est de l'ordre du désir s'inscrit, se formule, dans le registre de la demande. - 17/06/59 - C'est pour autant qu'il substitue son "moi" au "sujet" qu'il introduit la demande dans la question du désir. C'est parce que quelqu'un - qui n'est pas lui, mais son image - est substitué à lui dans la dialectique du désir qu'en fin de compte il ne peut demander (...) que des substituts.- L'altruisme du névrosé (...) est permanent. Et rien n'est plus une voie plus commune des satisfactions qu'il cherche que ce que l'on peut appeler se dévouer à satisfaire alors, tant qu'il peut chez l'autre, toutes les demandes, dont il sait bien, pourtant, qu'elles constituent chez lui un perpétuel échec du désir, ou, en d'autre termes, de s'aveugler dans son dévouement à l'autre sur sa propre insatisfaction. - [formule du névrosé : phi barré en rapport avec un objet du désir qui est ce point "a" en tant qu'il se situe et s'y retrouve, cad en fait "i(a)"] - 15/04/59 - la perversion se caractérise en ceci que tout l'accent du fantasme est mis du côté du corrélatif proprement imaginaire de l'autre, "a" - [dans la formule S barré poinçon a] - la névrose se situe par un accent mis sur l'autre terme du fantasme, cad au niveau du S barré. - le fantasme de la perversion (...) est appelable, il est dans l'espace, il suspend je ne sais quelle relation essentielle. Il n'est pas à proprement parler intemporel, il est hors du temps. Le rapport du sujet au temps, dans la névrose, est justement ce quelque chose dont on parle trop peu - Dans la névrose l'objet se charge de cette signification qui est cherchée dans ce que j'appellerais l'heure de la vérité. L'objet y est toujours à l'heure d'avant, ou à l'heure d'après. Si l'hystérie se caractérise par la fondation d'un désir en tant qu'insatisfait, l'obsessionnel se caractérise par la fonction d'un désir impossible. - l'obsessionnel (...) anticipe toujours trop tard. De même que pour l'hystérique il y a qu'il répète toujours ce qu'il y a d'initial dans son trauma, à savoir un certain trop tôt, une immaturation fondamentale. - le fondement d'un comportement névrotique (...) est que dans son objet le sujet cherche toujours à lire son heure - [Ainsi chez Hamlet, comme chez tout névrosé] de même que le premier terme, le premier facteur était la dépendance par rapport au désir de l'autre, au désir de la mère, voici le second caractère - [:] Hamlet est toujours suspendu à l'heure de l'autre, et ceci jusqu'à la fin. - C'est en ceci que la résonance du personnage et du drame d'H est la résonance même métaphysique de la question du héros moderne, pour autant qu'en effet quelque chose pour lui a changé dans son rapport à son destin. - ce qui distingue Hamlet d'Œdipe, c'est que lui Hamlet sait. [Il sait quoi ? Il en sait suffisamment pour se poser la question " être ou ne pas être " ?] - Shakespeare a choisi le sujet d'un héros contraint pour poursuivre les cheminements qui l'amèneront au terme de son geste à faire le fou. Ceci est une dimension proprement moderne. Celui qui sait est dans une position si dangereuse comme tel, tellement désigné pour l'échec et le sacrifice, que son cheminement doit être, comme quelque part le dit Pascal, d'être fou avec les autres. - [Mais pour ce qui regarde l'objet du fantasme du névrosé] dans le cas d'Hamlet (...) Ophélie est complètement dissoute en tant qu'objet d'amour. "I did you love", je vous aimais autrefois dit Hamlet. - Pour le sujet il apparaît si je puis dire au dehors - [et en tant qu'il est dehors, rejeté, il apparaît comme ce qu'il est : phallus] En quoi Ophélie est à ce moment là le phallus, c'est en ceci, et pour autant qu'ici le sujet extériorise le phallus en tant que symbole signifiant de la vie et que comme tel il le rejette. - 10/06/59 - L'objet du fantasme, pour autant qu'il débouche sur le désir de l'autre, il s'agit de ne pas l'approcher. - il y a plusieurs solutions. Nous avons vu celle qui est liée à la promotion de l'objet phobique [phobie], à l'objet d'interdiction. D'interdiction de quoi ? en fin de compte d'une jouissance qui est dangereuse parce qu'elle ouvre devant le sujet l'abîme du désir comme tel. - le désir du sujet, le sujet peut le soutenir devant le désir de l'autre. - il le soutient [parfois] comme désir insatisfait [= hystérie, cf. la belle bouchère] - C'est elle qui est l'obstacle. C'est elle qui ne veut pas. Cad que dans ce rapport du sujet à l'objet dans le fantasme elle vient occuper cette position tierce qui était tout à l'heure dévolue au signifiant phobique [intériorisation de l'interdit] - Et sa jouissance est d'empêcher justement le désir dans les situations qu'elle trame elle-même - empêcher le désir de venir à terme pour en rester elle-même l'enjeu. - La différence de l'obsessionnel par rapport à l'hystérique est de rester lui hors du jeu. - [il] n'est jamais véritablement là à la place où quelque chose est en jeu qui pourrait être qualifié son désir. Là où il risque le coup, apparemment, ce n'est pas là où il est. C'est de cette disparition même du sujet, le S barré, au point d'approche du désir, qu'il fait si l'on peut dire son arme et sa cachette. - il ne le peut qu'en (...) temporalisant cette relation, en remettant toujours au lendemain son engagement dans ce vrai rapport du désir. - Ce n'est pas à dire qu'en attendant ce terme il n'engage rien ; bien loin de là, il fait ses preuves. Bien plus il peut aller jusqu'à considérer ces preuves, ce qu'il fait, comme un moyen de s'acquérir des mérites. - qu'est-ce que nous voyons poindre dans cette position névrotique ? - l'appel au secours du sujet pour soutenir son désir, pour le soutenir en présence et en face du désir de l'autre - dans chaque cas il appelle à l'aide une chose qui se présente dans une position tierce par rapport à ce désir de l'autre, quelque chose où il puisse se placer pour que la relation aspirante, évanouissante de l'S barré devant le "a" soit tenable. -[ce quelque chose, c'est le symptôme ?] - 20/05/59 - [la névrose c'est quand le sujet] est porté par la question sur ce qu'il est [être] - [il se trouve alors] au bord de cette nomination défaillante - se rencontre avec le point suprême de l'effet aliénant de son implication dans le logos - 17/06/59 - si le sujet l'est, le phallus, (...) comme objet du désir de sa mère - eh bien il ne l'a pas, cad qu'il n'a pas le droit de s'en servir, et c'est bien là la valeur de la loi dite "prohibition de l'inceste", - et que, d'autre part, s'il l'a - c'est-à-dire qu'il a réalisé l'identification paternelle - eh bien ! il y a une chose certaine, c'est que, ce phallus, il ne l'est pas. - le névrosé est celui qui utilise l'alternative fondamentale ["être ou ne pas être"… le phallus] ; sous cette forme métonymique ["métonymie régressive"], en ceci que, pour lui, "ne pas l'avoir" est la forme sous laquelle il s'affirme - et de façon masquée - l'"être". - Il "n'a pas" le phallus, pour l'"être" de façon cachée, inconsciente. - c'est "un autre qui l'a" - c'est que dans sa fonction de désirant, le sujet prend un substitut. -

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse - 67 - [chose] La conduite de l'hystérique (...) a pour but de recréer un état centré par l'objet, en tant que cet objet, das Ding , est (...) le support d'une aversion. C'est en tant que l'objet premier est objet d'insatisfaction - A l'opposé (...) dans la névrose obsessionnelle, l'objet par rapport à quoi s'organise l'expérience de fond, l'expérience de plaisir, est un objet qui, littéralement, apporte trop de plaisir. - Ce que, dans ses cheminements divers et dans tous ses ruisselets, indique et signifie le comportement de l'obsessionnel, c'est qu'il se règle toujours pour éviter ce que le sujet voit assez souvent clairement comme étant le but et la fin de son désir. La motivation de cet évitement est extraordinairement radicale, puisque le principe du plaisir nous est effectivement donné pour avoir un mode de fonctionnement qui est d'éviter l'excès, le trop d'excès [donc l'obs recherche bel et bien le plaisir!] -

1960 - Subversion du sujet et dialectique du désir - 824 - En fait l'image du Père idéal est un fantasme de névrosé. Au-delà de la Mère, Autre réel de la demande dont on voudrait qu'elle calme le désir (c'est-à-dire son désir), se profile l'image d'un père qui fermerait les yeux sur les désirs. Par quoi est plus marquée encore que révélée la vraie fonction du Père qui foncièrement est d'unir (et non pas d'opposer) un désir à la Loi. - 825 - disons que le pervers s'imagine être l'Autre pour assurer sa jouissance, et que c'est ce que révèle le névrosé en s'imaginant être un pervers : lui pour s'assurer de l'Autre. - 826 - Chez le névrosé, le (- phi) se glisse sous le S barré du fantasme, favorisant l'imagination qui lui est propre, celle du moi. Car la castration imaginaire, le névrosé l'a subie au départ, c'est elle qui soutient ce moi fort, qui est le sien, si fort, peut-on dire, que son nom propre l'importune, que le névrosé est au fond un Sans-Nom. Oui, ce moi que certains analystes choisissent de renforcer encore, c'est ce sous quoi le névrosé couvre la castration qu'il nie. Mais cette castration, contre cette apparence, il y tient. Ce que le névrosé ne veut pas, ce qu'il refuse avec acharnement jusqu'à la fin de l'analyse, c'est de sacrifier sa castration à la jouissance de l'Autre, en l'y laissant servir. Et bien sûr n'a-t-il pas tort, car encore qu'il se sente au fond ce qu'il y a de plus vain à exister, un Manque-à-être ou un En-Trop, pourquoi sacrifierait-il sa différence (tout mais pas ça) à la jouissance d'un Autre qui, ne l'oublions pas, n'existe pas. Oui, mais si par hasard il existait, il en jouirait. Et c'est cela que le névrosé ne veut pas. Car il se figure que l'Autre demande sa castration.

1961/62 - L'identification - - 14/03.62 - S'il y a quelque chose à quoi l'on peut dire qu'au départ le névrosé s'est laissé prendre, c'est à ce piège ; et il essaiera de faire passer dans la demande ce qui est l'objet de son désir, d'obtenir de l'Autre, non pas la satisfaction de son besoin, pour quoi la demande est faite, mais la satisfaction de son désir (...) cad précisément ce qui ne peut se demander - de même qu'il essaiera plus paradoxalement encore de satisfaire par la conformation de son désir, à la demande de l'Autre ; et qu'il n'y a pas d'autre sens (...) à ce qui est la découverte de l'analyse et de Freud, à l'existence du Surmoi comme tel. - Ce que j'exprimerais sommairement en disant que pour son désir il lui faut la sanction d'une demande - il attend de vous que vous lui demandiez de désirer congrûment - c'est ce qui me permet de dire [cf. tore] que le cercle élidé, (...) le cercle vide, vient ici matérialiser l'objet métonymique sous toutes ces demandes. - 14/03.62 - [le névrosé] Il veut savoir ce qu'il y a de réel dans ce dont il est la passion, à savoir ce qu'il y a de réel dans l'effet du signifiant. - Ce signifiant qu'il est lui-même (...) pour rien d'autre que pour un autre signifiant. - [or] Le névrosé se livre à une curieuse retransformation de ce dont il subit l'effet. Le névrosé, somme toute, est un innocent : il veut savoir. Pour savoir il s'en va dans la direction la plus naturelle, et c'est naturellement du même coup par là qu'il est leurré. Le névrosé veut retransformer le signifiant en ce dont il est le signe. Le névrosé ne sait pas, et pour cause, que c'est en tant que sujet qu'il a fomenté ceci : l'avènement du signifiant en tant que le signifiant est l'effaçage principal de la chose, que c'est lui, le sujet qui en effaçant tous les traits de la chose fait le signifiant. Le névrosé veut effacer cet effacement, il veut faire que ça ne soit pas arrivé. C'est là le sens le plus profond du comportement sommaire et exemplaire de l'obsessionnel. Ce sur quoi il revient toujours, sans jamais bien entendu pouvoir en abolir l'effet - car chacun de ses efforts pour l'abolir ne fait que le renforcer - c'est de faire que cet avènement à la fonction de signifiant ne se soit pas produit, qu'on retrouve ce qu'il y a de réel à l'origine, à savoir de quoi tout ça est le signe. - 30/05/62 - l'objet du fantasme "a", l'objet du désir na pas d'image et (...) l'impasse du fantasme du névrosé c'est que, dans sa quête de "a", il rencontre i de "a". - l'image spéculaire est une erreur, elle n'est pas simplement une illusion, un leurre de la Gestalt captivante dont l'agressivité ait marqué l'accent, elle est foncièrement une erreur en tant que le sujet s'y mé-connaît (...), en tant que l'origine du moi et sa méconnaissance sont ici rassemblées - [si le sujet] savant, ce qui est la simple vérité, qu'il n'y a que les rapports les plus déformés d'aucune façon identifiables, entre son côté droit et son côté gauche, il ne songerait pas à s'identifier à l'image du miroir. - 30/05/62 - toute satisfaction véritable (...) fait défaut à la demande - pour que la demande soit demande, à savoir qu'elle se répète comme signifiant, il faut qu'elle soit déçue - Mais ce vide est différent de ce dont il s'agit concernant "a", l'objet du désir. - "a" ne saurait aucunement être évoqué dans ce vide cerné ici par la boucle de la demande [petits cercles du cross-cap]. Il est à situer dans ce trou que nous appellerons le rien fondamental pour le distinguer du vide de la demande, le rien où est appelé à l'avènement l'objet du désir [grand cercle]. - Le vide qui soutient la demande n'est pas le rien de l'objet qu'elle cerne comme objet du désir - Faites maintenant sur le tore, non plus cette ligne simple, mais la courbe répétée - Qu'est-ce que cela veut dire ? - la demande du sujet en tant qu'ici deux fois elle se répète, inverse ses rapports : D et "a", demande et objet au niveau de l'Autre, que la demande du sujet correspond à l'objet "a" de l'Autre, que l'objet "a" du sujet devient la demande de l'Autre. Ce rapport d'inversion est essentiellement la forme la plus radicale que nous puissions donner à ce qui se passe chez le névrosé : ce que le névrosé vise comme objet, c'est la demande l'Autre ; ce que le névrosé demande, quand il demande à saisir "a", (...) c'est "a", l'objet de l'Autre. L'accent est mis différemment selon les deux aspects de la névrose. Pour l'obsessionnel, l'accent est mis sur la demande de l'Autre, pris comme objet de son désir ; pour l'hystérique l'accent est mis sur l'objet de l'Autre, pris comme support de sa demande. - possibilité structurante radicale d'identifier sa demande avec l'objet du désir de l'Autre ou d'identifier son objet avec la demande de l'Autre ; forme proprement leurrante de l'effet du signifiant sur le sujet, encore que la sortie en soit possible, précisément lorsque (...) le sujet en tant que structuré par le signifiant peut devenir la coupure "a" elle-même. Mais c'est justement ce à quoi le fantasme du névrosé n'accède pas parce qu'il en cherche les voies et les chemins par un passage erroné. Non point que le névrosé ne sache pas fort bien distinguer, comme tout sujet digne de ce nom, i(a) de "a", (...) mais ce que le névrosé cherche (...) c'est à arriver à "a" en détruisant i(a) ou en le fixant. - "en détruisant" (...) c'est le fantasme de l'obsessionnel en tant qu'il prend la forme de fantasme sadique et qu'il ne l'est pas - [car] non seulement l'objet du fantasme sadique n'est pas détruit, mais il est littéralement résistant à toute épreuve, comme je l'ai à maintes fois souligné. - ce que l'on pourrait appeler l'impuissance du fantasme sadique chez le névrosé repose tout entière sur ceci : (...) ce qu'il vise, soit à détruire, soit à supporter - i(a) -, n'a pas de rapport pour la seule raison de la dissymétrie fondamentale d'i, le support, avec "a", qui ne la tolère pas. Ce à quoi le névrosé d'ailleurs aboutit effectivement, c'est à la destruction du désir de l'autre.

1962/63 - L'angoisse - 05/12/62 - [le fantasme, dans un sens, c'est] un vœu, et même, comme tous les vœux, aussi naïf. - je dirai que S barré désir de a, formule du fantasme, ça peut se traduire (...) que l'Autre s'évanouisse, se pâme, dirais-je, devant cet objet que je suis, déduction faite de ce que je me vois. - C'est pourquoi l'on peut dire que le sujet pervers (...) s'offre loyalement à la jouissance de l'Autre. Seulement nous n'en aurions jamais rien su, s'il n'y avait pas les névrosés pour qui le fantasme n'a absolument pas le même fonctionnement. - il se sert de ce fantasme à des fins particulières. - c'est ce qui lui sert le mieux, à lui [névrosé], à se défendre contre l'angoisse, à recouvrir l'angoisse. - cet objet "a" qu'il se fait être dans son fantasme, le névrosé, eh bien je dirai qu'il lui va à peu près comme des guêtres à un lapin. C'est bien pourquoi le névrosé de son fantasme n'en fait jamais grand'chose. - [c'est] ce qui leur sert de défense pour eux contre leur angoisse [et aussi], contre toute attente, l'appât avec lequel ils tiennent l'autre. - La réalité qu'il y a derrière cet usage de fallace de l'objet dans le fantasme du névrosé a un nom très simple : c'est la demande. Le vrai objet que cherche le névrosé, c'est une demande : il veut qu'on lui demande, il veut qu'on le supplie. La seule chose qu'il ne veut pas c'est payer le prix. - [l'oblativité:] ce qu'il faudrait lui apprendre à donner au névrosé, c'est cette chose qu'il n'imagine pas, c'est rien, c'est justement son angoisse. - Le névrosé ne donnera pas son angoisse. - toute la chaîne de l'analyse consiste en ceci qu'au moins, il en donne l'équivalent, qu'il commence par donner un peu son symptôme.