Réalité

1955/56 - Les psychoses - 55 - Quand nous parlons de névrose, nous faisons jouer un certain rôle à une fuite, à un évitement, ou un conflit avec la réalité quelque part. - 56 - [il s'agit d'] une partie de la réalité psychique .[souligne Freud] - Cette partie est oubliée, mais continue à se faire entendre - d'une façon symbolique. - A quoi il oppose la psychose, où c'est avec la réalité extérieure qu'un moment il y a eu trou, rupture - un trou, que viendra ensuite combler le monde fantastique. - 57 - [pour expliquer la pièce rapportée du fantasme psychotique] Nous avons à notre disposition le mécanisme de la projection. - [Mais qui ne convient pas vraiment] - Bien plutôt nous devons dire que ce qui est rejeté (...) revient de l'extérieur . - 59 - [Ex. Je viens de chez le charcutier [pour dire : "cochon!"]. Réponse du berger à la bergère : Truie . Or ce n'est justement pas le même message sous sa forme inversée, comme il est patent dans la parole, qui va de a à A . Ici c'est son propre message, qui va de a à a' .] - 62 - Qui est-ce qui parle ? Puisqu'il y a hallucination, c'est la réalité qui parle. [soit petit a (utre). Car ] quand l'Autre avec un grand A parle, ce n'est pas purement et simplement la réalité devant laquelle vous êtes, à avoir l'individu qui articule. L'Autre est au-delà de cette réalité. - 98 - [le principe de réalité] il exprime exactement ceci - le sujet n'a pas à trouver l'objet de son désir, il n'y est pas conduit par les canaux, les rails naturels d'une adaptation instinctuelle plus ou moins préétablie (...), il doit au contraire retrouver l'objet, dont le surgissement est fondamentalement halluciné. Bien entendu, il ne le retrouve jamais, et c'est précisément en cela que consiste le principe de réalité. - 168 - la réalité est marquée d'emblée de la néantisation symbolique. [cf. "la paix du soir"] - 169 - L'être humain n'est pas (...) simplement immergé dans un phénomène comme celui de l'alternance du jour et de la nuit. L'être humain pose le jour comme tel, et comme ça le jour vient à la présence du jour - sur un fond qui n'est pas un fond de nuit concrète, mais d'absence possible de jour, où la nuit se loge, et inversement d'ailleurs. Le jour et la nuit sont très tôt codes signifiants, et non pas des expériences. Ils sont des connotations, et le jour empirique et concret n'y vient que comme corrélatif imaginaire, à l'origine, très tôt. -

1956/57 - La relation d'objet - (1) - on parle de l'objet d'une façon implicite chaque fois qu'entre en jeu la notion de réalité - c'est un objet retrouvé. - [Mais] répétition impossible puisque précisément ça n'est pas le même objet, ça ne saurait l'être. - C'est à travers la recherche d'une satisfaction passée et dépassée que le nouvel objet est recherché et trouvé et saisi ailleurs. - [C'est ainsi que] le principe de plaisir tend à se réaliser en formation profondément irréaliste (...) [tandis que] le principe de réalité implique l'existence d'une organisation, d'une structuration autonome différente et comporte que ce qu'elle saisit peut-être justement quelque chose de fondamentalement différent de ce qui est désiré.

1957 - D'une question préliminaire à tout traitement possible de la psychose - 552 - [cf. schéma R p. 553] - Le troisième terme du ternaire imaginaire, celui où le sujet d'identifie à l'opposé avec son être de vivant, n'est rien d'autre que L'IMAGE phallique. - 552 - C'est ainsi qu'à considérer les sommets du triangle symbolique : I comme l'idéal du moi, M comme le signifiant de l'objet primordial, et P comme la position en A du Nom-du-Père, on peut saisir comment l'épinglage homologique de la signification du sujet S sous le signifiant du phallus peut retentir sur le soutien du champ de la réalité [cf. commentaire de J.-A. Miller p.905, où il parle plutôt du Réel], délimité par le quadrangle Mim I. Les deux autres sommets de celui-ci, i et m , représentant les deux termes imaginaires de la relation narcissique, soit le moi et l'image spéculaire. - On peut ainsi situer de i à M, soit en a , les extrémités des segments Si, Sa1, SA2, SAn, SM, où placer les figures de l'autre imaginaire dans les relations d'agression érotique où elles se réalisent, - de même de m à I, soit en a' , les extrémités de segments Sm, Sa'1, Sa'2, Sa'n, SI, où le moi s'identifie, depuis son Urbild spéculaire jusqu'à l'identification paternelle de l'idéal du moi. [Notes de Lacan en 1966 :] - 553 - ce que le schéma R étale, c'est un plan projectif. - la seule coupure valable sur ce schéma (soit la coupure mi , MI), indiquent assez que cette coupure isole dans le champ une bande de Mœbius. - 554 - de pouvoir y détacher ces deux éléments hétérogènes que sont (...) : le S barré de la bande ici à attendre où elle vient en effet, cad recouvrant le champ R de la réalité, et le [petit]a qui correspond aux champs J et S. -

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 05/02/58 - [cf. Schéma R] - Que se passe-t-il au niveau du stade du miroir ? - la rencontre du sujet avec quelque chose qui est proprement une réalité, et en même temps qui ne l'est pas, à savoir une image virtuelle - l'image a cette propriété (...) d'être ce signal captivant qui s'isole dans la réalité [une limite?], qui attire de la part du sujet cette capture d'une certaine libido [i(a)] - Nous assistons à (...) un double mouvement, mouvement par quoi l'expérience de la réalité a introduit sous la forme de l'image du corps, un élément illusoire et leurrant comme fondement essentiel du repérage du sujet par rapport à la réalité, et dans toute cette mesure, dans la mesure de cet espace, de cette marge (...), la possibilité dans une direction contraire pour ses premières identifications du moi, d'entrer dans un autre champ [symbolique]

1958/59 - Le désir et son interprétation - 17/06/59 - une extension progressive du monde des objets dans une dialectique contraphobique, ceci est le mécanisme même de conquête de la réalité.

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse - 37 - son [Freud] principe de plaisir est un principe d'inertie. Il s'agit essentiellement de tout ce qui résulte des effets d'une tendance foncière à la décharge, où une quantité est vouée à s'écouler. - Il part d'un système qui, de sa propre pente, va essentiellement vers le leurre et l'erreur. - Voilà ce qui fait l'exigence de tout ce système. - l'inertie qu'au niveau des symptômes lui opposent des choses dont il sent le caractère irréversible. - cette expérience est en son fond d'ordre moral. [p. 45: "je crois que l'opposition du p. de plaisir et du p. de réalité, celle du p. primaire et du p. secondaire, sont moins de l'ordre de la psychologie que de l'ordre de l'expérience proprement éthique"] - comment l'appareil supportant les processus seconds [p. de réalité] contourne les déchaînements de catastrophes qu'entraîne fatalement un temps de trop ou de trop peu, le laisser-aller à soi-même de l'appareil du plaisir. - [Finalement le principe de réalité est aussi un principe de plaisir, disons qu'il en est aussi le "principe", sa condition. Comme "principe de plaisir" le principe de réalité est satisfaction, et non plaisir : p. 52-53 : "la satisfaction ne saurait être confondue avec le principe du plaisir" - "d'une part la recherche d'une qualité archaïque, je dirai presque régressive, de plaisir indéfinissable, qui anime toute la tendance ics, et d'autre part, ce qu'il peut y avoir de réalisé et de satisfaisant au sens le plus accompli, au sens moral comme tel"] - 40 - La réalité est précaire. - L'ambiguïté profonde de cet abord exigé de l'homme vers le réel s'inscrit d'abord en termes de défense. Défense qui existe déjà avant même que ne se formulent les conditions du refoulement comme tel. - [ce sont notamment des "pensées": ] - 41 - toute pensée, de sa nature, s'exerce par des vois inconscientes. [ p. 42 schéma très important] - 58 - Ce Das Ding , [chose] je voudrais vous le montrer aujourd'hui dans la vie, et dans ce principe de réalité que Freud fait entrer en jeu au départ de sa pensée, et jusqu'à son terme. - Ce qu'il y a dans Das Ding , c'est le secret véritable. - die Not des Lebens - Quelque chose qui veut. Le besoin et non pas les besoins. La pression, l'urgence. L'état de Not , c'est l'état d'urgence de la vie. - principe de réalité, qui est donc invoqué sous la forme de son incidence de nécessité - [Mais la vie d'"un" n'est pas "la" vie dans son ensemble, elle s'y oppose plutôt, et il est bien clair que, comme tel] le principe de la réalité fonctionne en fait comme isolant le sujet de la réalité. [Ambiguïté sur le mot "réalité", ici, que lèverait l'usage du mot "réel".] - quelque chose trie, tamise, de telle sorte que la réalité n'est aperçue par l'homme (...) que sous une forme profondément choisie. L'homme a affaire à des morceaux choisis de réalité. - C'est toute la question(...) de Das Ding.

1960/61 - Le transfert - 285 - Ce dont il s'agit dans l'épreuve de réalité (...) c'est assurément de contrôler une présence réelle, mais une présence de signes. - point (...) de contrôler si nos représentations correspondent bien à un réel (...) mais de contrôler si nos représentations sont bien représentées - Il s'agit de savoir si les signes sont bien là, mais en tant que les signes (...) d'un rapport à autre chose. C'est ce que veut dire l'articulation freudienne, que la gravitation de notre ics se rapporte à un objet perdu qui n'est jamais que retrouvé, cad jamais vraiment retrouvé. L'objet n'est jamais que signifié. - L'objet véritable (...) est à l'horizon de ce autour de quoi gravitent nos fantasmes. Et c'est pourtant avec cela que nous devons faire des objets qui, eux, soient échangeables.