Refoulement

1953 - Les écrits techniques de Freud - 215 - Le trauma, en tant qu'il a une action refoulante, intervient après-coup - A ce moment-là, quelque chose se détache du sujet dans le monde symbolique même qu'il est en train d'intégrer. Désormais, cela ne sera plus quelque chose du sujet. Le sujet ne le parlera plus, ne l'intégrera plus. Néanmoins, ça restera là, quelque part, parlé, si l'on peut dire, par quelque chose dont le sujet n'a pas la maîtrise. - ce qu'on appellera par la suite ses symptômes. - [C'est du même mouvement que ça refoule et que ça "réapparaît", c'est la même chose. Le trauma, à proprement parler, ce n'est pas l'événement, c'est le refoulement...]

1954/55 - Le moi dans la théorie de Freud… - 354 - Il y a quelque chose dans quoi il [l'homme] s'intègre et qui déjà règne par ses combinaisons. - C'est au milieu de cela que quelque chose de l'homme a à se faire reconnaître - [mais ce quelque chose est refoulé] - Ce qui dans une machine ne vient pas à temps tombe tout simplement et ne revendique rien. Chez l'homme, ce n'est pas la même chose, la scansion est vivante, et ce qui n'est pas venu à temps reste suspendu. C'est de cela qu'il s'agit dans le refoulement. - [ce] qui demande à être. - Le rapport fondamental de l'homme à cet ordre symbolique est très précisément celui qui fonde l'ordre symbolique lui-même - le rapport du non-être à l'être.

1955/56 - Les psychoses - 21 - Freud admet un phénomène d'exclusion pour lequel le terme de Verwerfung paraît valable, et qui se distingue de la Verneinung , laquelle se produit à une étape très ultérieure. Il peut se faire qu'un sujet refuse l'accession, à son monde symbolique, de quelque chose que pourtant il a expérimenté, et qui n'est rien d'autre en cette occasion que la menace de castration. Toute la suite du développement du sujet montre qu'il n'en veut rien savoir, Freud le dit textuellement au sens du refoulé . - Ce qui tombe sous le coup du refoulement fait retour, car le refoulement et le retour du refoulé ne sont que l'endroit et l'envers d'une même chose. - Par contre, ce qui tombe sous le coup de la Verwerfung [forclusion] a un sort tout à fait différent. - tout ce qui est refusé dans l'ordre symbolique, au sens de la Verwerfung , reparaît dans le réel. - [Cf. l'hallucination infantile de l'Homme aux loups, manifestant le refus de l'accession à la castration : se coupant le bout du doigt, il s'assoit sur un banc, incapable d'en parler même à sa nourrisse .] - 170 - A propos de la Verwerfung , Freud dit que le sujet ne voulait rien savoir de la castration, même au sens du refoulement . En effet, au sens du refoulement, on sait encore quelque chose de ce dont même on ne veut, d'une certaine façon, rien savoir, et c'est toute l'analyse de nous avoir montré qu'on le sait fort bien. - 171 - Il s'agit du rejet [forclusion] d'un signifiant primordial dans les ténèbres extérieures, signifiant qui manquera dès lors à ce niveau. - Il s'agit d'un processus primordial d'exclusion d'un dedans primitif, qui n'est pas le dedans du corps, mais celui d'un premier corps de signifiant. / C'est à l'intérieur de ce corps primordial que Freud suppose se constituer le monde de la réalité, comme déjà ponctué, déjà structuré en termes de signifiants. - La première appréhension de la réalité par le sujet [selon Freud], c'est le jugement d'existence, qui consiste à dire - Ceci n'est pas mon rêve ou mon hallucination ou ma représentation, mais un objet. / Il s'agit (...) d'une mise à l'épreuve de l'extérieur par l'intérieur, de la constitution de la réalité du sujet dans une retrouvaille de l'objet. L'objet est retrouvé dans une quête, et on ne retrouve d'ailleurs jamais le même objet. [Mais, y a-t-il forclusion avec le jugement d'inexistence (ce qui paraîtrait logique) ou d'existence (puisque poser l'existence de l'objet c'est nier, rejeter le fait qu'il s'agit d'une représentation ?] - [Quand au refoulement , il apparaît avec le jugement d'attribution : c'est ou ce n'est pas le même objet. Même remarque : il y a alors un refoulement originaire, puisque ce n'est jamais le même objet.]

1957 - Entretien (L'Express) - ce n'est pas quelque chose de vague, de confus, qui est refoulé ; ce n'est pas une sorte de besoin, de tendance, qui aurait à être articulée (et qui ne s'articulerait pas puisque refoulé), c'est un discours déjà articulé, déjà formé dans un langage. Tout est là. - [le refoulement est] inséparable d'un phénomène appelé "le retour du refoulé". - Cette notion est difficile à comprendre parce que lorsque l'on parle de "refoulement" on imagine immédiatement une pression - Or en psychanalyse le refoulement n'est pas le refoulement d'une chose, c'est le refoulement d'une vérité. Qu'est-ce qui se passe lorsque l'on veut refouler une vérité ? - elle s'exprime ailleurs, dans un autre registre, en langage chiffré, clandestin. - Et ce lieu, cet en-dehors du sujet, c'est strictement ce qu'on appelle l'ics.

1957/58 - Les formations de l'inconscient - 13/11/57 - la métaphore n'est pas une injection de sens comme si c'était possible, comme si les sens étaient quelque part, où que ce soit dans un réservoir. Le mot "attérré" n'apporte pas le sens en tant qu'il a une signification, mais en tant que signifiant, cad qu'ayant le phonème "ter", il a le même phonème qui est dans "terreur". C'est par la voie signifiante, c'est par la voie de l'équivoque, c'est par la voie de l'homophonie, cad de la chose la plus non-sens qui soit, qu'il vient engendrer cette nuance de sens - cette nuance (...) implique une certaine domination et un certain apprivoisement de la terreur. - la terreur n'y est pas complète. - la terreur est dans une demie ombre à cette occasion. - disons le mot : le signifiant est refoulé à proprement parler. Dans tous les cas, dès que s'est établi dans sa nuance actuelle l'usage du mot "atterré", le modèle, sauf recours au dictionnaire, au discours savant, n'est plus à votre disposition. A propos du mot "atterré" il est comme "terre", "terra", refoulé. C'est dans le rapport S/S', cad d'un signifiant à un signifiant, que va s'engendrer un certain rapport S/s, cad signifiant sur signifié. - [c'est avec] la réserve homonymique avec laquelle travaille, que nous le voyions ou que nous ne le voyions pas, la métaphore. - 12/02/58 - [le refoulement] ne peut se concevoir qu'en tant que lié à une chaîne signifiante articulée - c'est pour autant que le sujet ne veut pas reconnaître quelque chose qui nécessiterait (...) [la reconnaissance d'] un certain nombre de termes essentiels (...) qui sont les termes œdipiens. - Pour la perversion, c'est exactement la même chose.

1958/59 - Le désir et son interprétation - 26/11/58 - soustraction étant à ce moment là exactement le sens du terme dont il se sert pour désigner l'opération du refoulement dans sa forme pure [Freud] - 19/11/58 - ne sont jamais, ne peuvent être jamais refoulés que les éléments signifiants. - 26/11/58 - ce qu'il appelle "VORSTELLUNGS REPRESENTANZ" [représentations ics] - représentations de quoi ? Du mouvement pulsionnel [qui lui n'est ni ics ni cs, mais une donnée objective] - [l'AFFECT] [Freud] lui dénie formellement toute possibilité d'une incidence inconsciente [c'est un de ses représentants, qui éventuellement peut être refoulé, remplacé par un autre. Mais l'affect en soi est la transformation du facteur purement quantitatif de la pulsion : rien qui puisse se trouver dans l'ics.] - 01/04/59 - les nécessités sociologiques ne sont pas du tout exhaustives pour expliquer cette sorte d'interdit [ou de censure] d'où surgit chez les êtres humains la dimension de l'ics. Cela suffit si peu qu'il a fallu que Freud invente un mythe originel, pré-social ne l'oublions pas puisque c'est lui qui fonde la société, à savoir Totem et Tabou, pouvant expliquer les principes mêmes du refoulement. - 14/01/59 - Autre chose est ce qui s'articule dans [les] signifiants refoulés, et qui est toujours une demande, autre chose est le désir, pour autant que le désir est quelque chose par quoi le sujet se situe, du fait de l'existence du discours, par rapport à cette demande.

1959/60 - L'éthique de la psychanalyse - 67 - Das Ding [chose] est originellement ce que nous appellerons le hors-signifié. C'est en fonction (...) d'un rapport pathétique à lui, que le sujet conserve sa distance, et se constitue dans un monde de rapport, d'affect primaire, antérieur à tout refoulement. - [dans le cas précis du refoulement] c'est par rapport à ce das Ding originel que se fait la première orientation, le premier choix (...) le choix de la névrose

1962/63 - L'angoisse - 14/11/61 - [affect] On le retrouve déplacé, fou, inversé, métabolisé, mais il n'est pas refoulé. Ce qui est refoulé, ce sont les signifiants qui l'amareent. - 27/02/63 - la loi morale est hétéronome ; c'est pourquoi j'insiste sur ceci qu'elle provient de ce que j'appelle le réel en tant qu'il intervient (...) en élidant le sujet, en déterminant de par son intervention même ce qu'on appelle le refoulement - non pas l'effacement des traces, mais le retour du signifiant à l'état de traces, l'abolition de ce passage de la trace au signifiant qui est constitué par (...) un soulignage, un barrage, une marque de la trace. - Le réel renvoyant le sujet à la trace, abolit le sujet aussi du même coup ; car il n'y a de sujet que par le signifiant, que par ce passage au signifiant -