Histoire

1950 - Intervention au 1er congrès mondial de psychiatrie - nous ne pouvons pas (...) cesser de la soutenir [la notion de vérité] dans sa vigueur socratique : cad oublier que la vérité est un mouvement du discours, qui peut valablement éclairer la confusion d'un passé qu'elle élève à la dignité de l'histoire, sans en épuiser l'impensable réalité. - La vérité qui fera son salut [de l'analysant], il n'est pas en votre pouvoir de la lui donner, car elle n'est nulle part, ni dans sa profondeur, ni dans quelque besace, ni devant lui, ni devant vous. Elle est, quand il la réalise, et si vous êtes là pour lui répondre quand elle arrive, vous ne pouvez la forcer en prenant la parole en sa place.

1953 - Fonction et champ de la parole… - 139 - Ce que nous apprenons au sujet à reconnaître comme son inconscient, c'est son histoire, - cad que nous l'aidons à parfaire l'historisation actuelle des faits qui ont déterminé déjà dans son existence - Mais s'ils ont eu ce rôle, c'est déjà en tant que faits d'histoire, cad en tant que reconnus dans un certain sens ou censurés dans un certain ordre. Ainsi toute fixation à un prétendu stade instinctuel est avant tout stigmate historique : page de honte qu'on oublie ou qu'on annule, ou page de gloire qui oblige. - Pour dire bref, les stades instinctuels sont déjà quand ils sont vécus, organisés en subjectivité. - subjectivité de l'enfant qui enregistre en victoires et en défaites le geste de l'éducation de ses sphincters, y jouissant de la sexualisation imaginaire de ses orifices cloacaux, faisant agression de ses expulsion sexcrémentielles, séduction de ses rétentions, et symboles de ses relâchements -

1953/54 - Les écrits techniques de Freud - 18 - Le progrès de Freud, sa découverte, est dans la façon de prendre un cas dans sa singularité . - la dimension propre de l'analyse, c'est la réintégration par le sujet de son histoire - 19 - L'histoire est le passé pour autant qu'il est historisé dans le présent - 20 - en fin de compte, ce dont il s'agit, c'est moins de se souvenir que de réécrire [reconstruire] l'histoire. - 29 - L'analyse est une expérience du particulier.

1957 - Entretien (L'Express) - Ce n'est pas d'effets instinctuels à leur puissance première que Freud traite. Ce qui est analysable l'est pour autant qu'il est déjà articulé dans ce qui fait la singularité de l'histoire du sujet. Si le sujet peut s'y reconnaître, c'est dans la mesure où la psychanalyse permet le "transfert" de cette articulation.

1957 - L'instance de la lettre dans l'inconscient - 518 - [Transfert] C'est dans une mémoire, comparable à ce qu'on dénomme de ce nom dans nos modernes machines-à-penser (fondées sur une réalisation électronique de la composition signifiante), que gît cette chaîne qui insiste à se reproduire dans le transfert, et qui est celle d'un désir MORT. / C'est la vérité de ce que ce désir a été dans son histoire, que le sujet crie par son symptôme - 519 - C'est aussi pourquoi la psychanalyse seule permet de différencier, dans la mémoire, la fonction de remémoration. Enracinée dans le signifiant, elle résout, par l'ascendant de l'histoire dans l'homme, les apories platoniciennes de la réminiscence.

1964 - L'éthique de la psychanalyse - 151- Comme dans Sade, la notion de la pulsion de mort est une sublimation créationniste, liée à cet élément structural qui fait que, dès lors que nous avons affaire à quoi que ce soit dans le monde qui se présente sous la forme de la chaîne signifiante, il y a quelque part, mais assurément hors du monde de la nature, l'au-delà de cette chaîne, l'ex-nihilo sur lequel elle se fonde et s'articule comme telle. - 252 - cela revient en fin de compte - et c'est ainsi que nous lisons l'Au-delà du principe du plaisir - à substituer à la Nature un sujet. - Je vous montre la nécessité d'un point de création ex-nihilo dont naît ce qui est historique [histoire] dans la pulsion [et qui fait que l'évolutionnisme et Freud, cela fait deux]. Au commencement était le Verbe, ce qui veut dire le signifiant.